4 : Danarès

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J'ouvris deux grands yeux ronds, n'en revenant pas : ce rire là n'avait pu sortir de ma bouche. C'était tout simplement impossible !

Je regardai le corps inanimé de la pauvre femme en bas de l'escalier et me retins de vomir.

Je respirai un grand coup puis fit marcher mon cerveau : j'avais tué cette femme certes mais je n'avais pas pu laisser de traces sur son corps puisque seules mes chaussures l'avait touché ! Je devais donc descendre par l'autre escalier comme si de rien n'était, sans rien dire à personne.

Sans rien dire à personne.

Je rêvais sûrement, je n'étais pas en train de chercher comment échapper à la police pour meurtre. Les larmes me montèrent aux yeux lorsque je me rendis compte que j'avais tué deux personnes en 48h.

Deux personnes innocentes, et pourtant elles étaient mortes par ma faute.

Je marchai, toujours en boitant plus que jamais jusqu'à l'escalier opposé en tentant de paraître naturelle et j'entendis une sirène se rapprocher du bâtiment.

Tout le monde se précipita dehors pour essayer d'obtenir quelques informations et je décidai de les imiter pour ne pas attirer l'attention. Je pris donc mon air le plus affolé et me fondis dans la foule. Une question me tritura tout de même l'esprit : comment la police avait-elle pu être alertée si rapidement ? Je n'avais vu personne dans l'escalier pourtant... Bizarre...

Mon regard s'arrêta alors sur deux grands yeux jaunes et refusa de les quitter. Des yeux magnifiques, hypnotisants même. Je n'en avais jamais vu de tels.

"Arrête Sam, arrête ce n'est pas le moment, reste concentrée. Regarde devant toi ... Arête bordel !" pensai-je avec violence.

Et ce qui devait arriver arriva : quelqu'un me marcha sur le pied.

Ma vision s'obscurcit et j'eus si mal que je ne pus crier. La dernière chose que je vis fut les yeux jaunes s'équarciller d'inquiétude.

Et je fermai les yeux.

Cependant je ne laissai pas l'évanouissement faire son apparition. Je restai donc plantée comme une idiote, les yeux fermés, luttant pour les ouvrir sans y parvenir.

Lorsque j'y parvins enfin, l'endroit était désert et il faisait nuit. J'avais sûrement dû m'évanouir finalement. Bon, maintenant il fallait se décider.

Je regardai l'hôpital du coin de l'œil et réfléchis intensément. Revenir là bas ou m'enfuir ? Le plus raisonnable était d'y retourner, certes, d'autant plus que l'état de ma cheville empirait à vue d'œil, mais dans un même temps, je n'allais pas tarder à être repérée car je n'avais pas pu commettre le meurtre parfait. Bien qu'il soit parfaitement accidentel ...

J'allais retourner vers l'hôpital lorsqu'une voix m'interpella.
"- Tu as l'air de cacher quelque chose je me trompe ?"

Je me tournai dans la direction de la voix et je remarquai les yeux jaunes si troublants, toujours fixés sur moi. Leur propriétaire avait l'air d'avoir le même âge que moi, à peu près. Mais surtout, il était d'une beauté époustouflante.
- Qui êtes-vous ?
- Quelqu'un qui te veux du bien. Tu peux me tutoyer.
- C'est quoi ton nom ? insistai-je
- Danarès. répondit-il d'une voix ennuyée.
- Moi c'est Samantha. Appelle moi Sam.
- Oui, oui je sais qui tu es. Ma soeur te connait. Enfin elle te connaissait.

Ma respiration se coupa et je baissai immédiatement les yeux.
- Ana. C'est le nom de ma sœur. Elle a été retrouvée morte dans une cabine des toilettes. dit-il d'une voix calme.

Je tentai de prendre l'air le plus triste possible et le regardai dans les yeux.
- Pauvre fille ... J'espère qu'ils retrouveront la personne qui lui a fait ça !

Il fronça les sourcils.
- Ils ont pas dit que c'était un meurtre ... Enfin je crois qu'ils ont pas trouvé d'empreintes pour l'instant.
- Ah, je disais ça comme ça ... mentis-je en me demandant ce qui n'allait pas chez moi.

Il me fit un large sourire et repris :
- Donc Sam, tu as bientôt 16 ans si je me trompe pas.
- Ouais c'est ça.

Ses yeux se posèrent sur ma cheville.
- Et c'est normal ça ? dit-il en la désignant.
- Un accident. Je m'en remettrai ça va.
- Écoute je vais pas te mentir dès que je t'ai vu dans la foule j'ai senti qu'il y avait un truc qui clochait.

Alors j'avais raté ma mission, pourtant si simple ! Se fondre dans la masse ! Il avait remarqué ... S'il avait remarqué d'autres gens avaient du le remarquer aussi et la police ne tarderait pas à me retrouver.
- Je sais pas ce que t'as fait mais à la limite ça m'intéresse pas. J'ai une planque si jamais t'as besoin, un endroit sûr parce que j'ai l'impression que tu te sens traquée.

Au point où j'en étais pourquoi pas ?
- Je vais pas minauder parce que c'est pas mon genre. J'ai besoin d'un endroit où aller alors si tu me proposes je dis oui."

Il ne répondit pas mais me sourit, d'un sourire tel que le mien ne tarda pas à s'afficher sur mon visage ...

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