VIII | Garçonnet

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Le jeune garçon courait le plus vite possible. Puis, ses petites jambes ne le portant plus, il se laissa tomber sur une souche, à l'orée de la forêt. Il resta là environ dix minutes, puis, levant les yeux, il vit la créature s'approcher. Il se leva donc, se retourna et s'enfonça dans la forêt. Les ronces lui griffaient les mollets, les orties lui brûlaient les pieds, les fougères lui bloquaient le passage, les arbres tordus l'effrayaient... Épuisé, il s'arrêta de nouveau, dans une clairière. 

Prenant soudain conscience de sa solitude et de la nuit qui s'immisçait entre les feuillages des arbres immenses, le petit se mit à trembler de peur. Lorsqu'il vit les branches d'un buisson bouger, il prit son courage à deux mains et demanda :

« Il y a quelqu'un ? » 

Seul le silence lui répondit. Il s'approcha du buisson et reposa la question, rien. Il s'avança encore et répéta la même phrase, toujours rien. Il écarta les branches... et ne vit rien.

Jusqu'au moment où quelque chose lui piqua la cuisse.

« Aïe ! » cria-t-il avant de sursauter violemment en voyant l'auteur de cette douleur

« Excusez-moi mon cher, je ne voulais pas vous effrayer. Dit la créature.

- Vous faites parti du camp du roi Caspian ? 

- Absolument ! Je suis même le capitaine des souris ! 

- Oh ! Alors capitaine, pouvez-vous m'emmener auprès de lui ?

- Bien sur ! Mais... pourquoi êtes-vous tous seul dans ces bois, le soir ? 

- C'est... parce que... une horrible bête me poursuivait... et... Maman... » le petit se mit à sangloter en prononçant ce dernier mot.

« Allons, allons, ne pleurez pas, venez. » 

Et Ripitchip (car c'était bien lui) se retourna et commença à avancer résolument dans une direction qui ne paraissait suivre aucun chemin. Bien qu'extrêmement fatigué, le garçonnet le suivi vaillamment.

                                                              ***

Le roi s'assit à côté de la jeune fille. Elle le dévisagea, cherchant ce qu'il venait faire là. Il lui expliqua alors : 

« Je suis venu vous demander si vous étiez heureuse ici.

- Je m'y sens en tout cas beaucoup mieux que là-bas... » répondit-elle évasivement en recentrant son attention sur le camp. 

« Vous souhaiteriez retourner chez Kwaad ? 

- Oh non ! Jamais ! Je... non... surtout pas... » 

Elle baissa la tête, ramena ses genoux contre elle et posa son menton dessus. Le roi lui posa alors une main réconfortante sur l'épaule.

« Si vous voulez parlez, je suis là.

- C'est très gentil votre majesté.

- Par contre, pouvez-vous arrêter de m'appeler comme cela ? 

- Comment ? Par « votre majesté » ? 

- Oui, appelez moi Edmund, je n'ai que 15 ans vous savez... enfin, j'en ai déjà eu 25, mais c'était il y a un bout de temps ici...

- Alors si je fais cela, pouvez-vous cesser de me vouvoyer ? J'ai l'impression que vous parlez a plusieurs personnes et c'est très déconcertant.

- Très bien ! Accepta le roi en souriant.

- Mais, attendez, vous n'avez que 15 ans ? Et votre frère et vos sœurs, quels âges ont-ils ?

- Peter à 17 ans et demi, Susan 16 et demi aussi et Lucy 13. Et v... toi ? Quel âge as-tu ?

Narnia - La bataille de l'auroreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant