Chapitre 3 : Winter Wind

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Etonnamment, le trajet fut particulièrement silencieux et un peu angoissant pour le jeune homme. Il était habitué à cause de son voyage à avoir du bruit, à être constamment sur ses gardes si jamais un stand ennemi les attaquait, à entendre Polnareff se plaindre encore sur quelque chose, les sarcasmes de Kakyoin concernant le manieur de Silver Chariot, les conseils d'Abdul et la voix braillarde de son grand-père qui plaisantait sur leur ami français. Tandis qu'il marchait, il n'y avait rien de tout ça. Surtout, il se surprenait à se retourner plusieurs fois pour voir si quelqu'un ne le suivait pas.

« Mais c'est Jojo ! JOJO ! Criait une des filles de sa classe. »

Et merde.

Voilà les chieuses de services. Ces putes n'ont pas trouvé quelqu'un à leur goût en son absence ?! Il savait qu'il allait les recroiser mais il avait un mince espoir qu'elles se soient entichées pour un autre mec, ou au moins lassées de lui. Mais non. Et pour preuve, elles arrivaient en grand nombre -ah tiens, il y avait quelques mecs aussi. Nouveau ça-, glissant de la hauteur où elles étaient et se rassemblaient toutes autour de lui, les rares hommes aussi.

« T'étais passé où, Jojo ?! On était ultra inquiètes pour toi ! S'exclama la fille 10. Ouais, il les appelait par des numéros, il ne connaissait pas leur prénoms ni leur noms et s'en fichait pas mal.

- Me dis pas que tu es retourné en prison ? Surenchérit fille n°5.

- Dégagez, ne répondit Jotaro que sur un ton froid et continuant son chemin. Au passage, intentionnellement ou pas, il avait bousculé une des filles (la n°1). Alors qu'il s'éloignait de l'attroupement, les dix filles rassemblées avait criée après que l'une d'entre elle, celle qui l'avait bousculé écria un « Il m'a touché ! ». »

Finalement, il se disait que marcher dans le calme n'était pas une si mauvaise idée. Il reprit son chemin vers l'école, et lorsqu'il franchit les escaliers, cela lui rappela sa première rencontre avec Kakyoin. Le jour où tout avait commencé. En y repensant, sans la germe de chair de DIO, son ami était une tout autre personne. Il était passé d'un être froid, calculateur, manipulateur, vil, à un étudiant introverti, mais qui n'a pas sa langue dans sa poche, poli, courtois, intelligent, fier, honnête et loyal. Il était également gentil, attentionné, patient et attentif aux personnes qui l'entouraient. Oui, Jotaro ne lui connaissait que des qualités. Il appréciait tout l'être qu'était devenu leur ami.

Finalement, il franchit les portes de l'école. Avec tout ce qui s'était passé durant leur périple, sa dernière venue au lycée lui semblait si lointain.

Aussitôt rentré que la cloche sonna et les premiers cours commencèrent. La plupart du temps, et même s'il voulait à tout prix se concentrer, il le passa à regarder au-delà de la fenêtre. Bizarrement, ses oreilles ne captaient plus la voix du professeur de mathématiques, mais produisirent des sons comme des pas sur le sable, des discussions à la fois proches et lointaines. Son corps devint chaud, comme s'il était sous un soleil du désert. Il eut soif comme s'il commençait à se déshydrater. Ses jambes lui firent mal comme s'il avait marché pendant des heures.

La sonnerie de la pause de midi ayant sonnée, le japonais rassemblait ses affaires et quitta l'établissement. Finalement, il n'était pas prêt. Était-ce présomptueux de sa part d'être aller aussi tôt en cours ? Peut-être. Il a dû légèrement se surestimer. Mais au lieu de revenir chez lui aussi tôt, il passa plus de deux heures dans un parc, assis sur un banc, à regarder un point fixe. A cette heure-ci, il n'y avait pas grand monde : les étudiants préparaient leur examens d'entrée dans les écoles supérieures, les parents travaillaient et les enfants mangeaient chez eux ou dans un établissement. Heureusement pour lui, il avait besoin de s'éloigner du contact de la population. Finalement, il avait besoin de cette angoisse ressentie ce matin. Il avait peut-être aussi envie de ressentir une certaine... adrénaline qu'il a perdue en revenant ici ? Leur quotidien, pendant ces 50 jours, était bercé par une marche interminable, un combat contre un stand d'ennemi, un rapide déjeuner ou diner et un coucher dans plus ou moins les règles de l'art. Maintenant qu'il était retourné dans quotidien normal, ne devrait-il pas en profiter ?

Moonlight SonataOù les histoires vivent. Découvrez maintenant