Chapitre 8 : Divenire

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10 août 1989

Hôpital de Tokyo

On y était enfin. Aujourd'hui débutait la première session du jeune Kakyoin de renforcement musculaire afin d'apprendre à remarcher. Il fallait croire qu'il était impatient, attendant dans la salle d'attente du grand bâtiment qui appartenait au centre de rééducation, dans l'hôpital. Qui plus est, plus tôt dans la matinée, il eut une séance avec son neuropsychologue et tout s'était merveilleusement bien passé. Il faisait d'énormes progrès en matière de réhabilitation, au point d'en étonner la section scientifique qui ne tardait pas à l'appeler le « Prodige ». Tout le monde le disait, c'était bien la première fois qu'un patient s'en remettait aussi vite. Intérieurement, et il ne l'exprima pas, le roux était plutôt content de voir qu'il arrivait à revirer les diagnostics mauvais. Il montrait ainsi à tout le monde sa combativité, sa force, et qu'ils étaient obligés d'admettre qu'il en avait dans le coffre !

Son moral s'était donc remis, devenant plus souriant et courtois avec tout le monde qu'il ne l'était lorsque ça n'allait pas. Ses parents lui avaient même demandé ce qui s'était passé, mais le roux ne leur répondit pas, préférant taire cet évènement à jamais. Il n'aimait vraiment pas paraitre mal ou faible devant les autres.

Deux infirmières étaient donc entrées dans sa chambre et l'avaient mis sur un fauteuil roulant -non sans la provocation de douleurs vives dans le dos-. Il prit sa série de médicaments, ayant pour but de diminuer les douleurs, supprimer les effets que provoquaient les antidouleurs et autres trucs dont il avait oublié. Avec ça, elles en profitaient pour débrancher certaines machines et les ranger. Dorénavant, il n'aura plus qu'une machine lui distribuant de la morphine, mais à dose plus faible, un électrocardiogramme, et quelques autres petites machines sans trop d'importance. Fini le respirateur artificiel au niveau de son nez, des perfusions de sang et glucose ! Il allait aussi pouvoir remanger doucement mais enfin normalement.

Lorsqu'il mit le nez dehors pour la première fois depuis son coma, la lumière du jour l'éblouissait. Bizarre, pensait-il, car les semaines précédentes, l'éclat solaire ne lui faisait rien, quand bien même les rayons UV passaient à travers la fenêtre. Ça ne changeait rien, non ? C'était du pareil au même, que ça soit dehors ou dedans ! Mais là, c'en était dérangeant. Il avait vraiment mal aux yeux et ne pouvait s'empêcher de les fermer. Il essaya tout de même de se concentrer sur autre chose, la sensation du vent sur sa peau par exemple. C'était si agréable, et donc il décida de focaliser son esprit dessus, oubliant et cachant le reste aux infirmières. Ce n'était sans doute rien.
Tandis que les soignantes rallaient à propos du parcours, Kakyoin ne s'en plaignait pas. Ils étaient obligés de traverser la cour intérieure de l'hôpital, où plein de patients s'y promenaient, pour se rendre sur leur lieu de destination. Donc pour la première fois depuis des mois, il put également croiser d'autres patients et visiteurs, qui prenaient de leur bon temps en cette chaleur d'été. Il était important d'admettre pour lui que de ressentir la chaleur écrasante et humide du Japon était quelque peu réjouissant, même si cela signifiait être avec des inconnus, ce qu'il n'appréciait guère.
Il espérait que maintenant, il pourra plus souvent sortir, prendre l'air. En plus, il avait souvent froid à force de rester allongé alors qu'il faisait chaud !

Il éprouva de la joie lorsqu'il repensait à quelque chose : c'était le déroulé de cette séance. Si elle se passait bien, il allait pouvoir changer de chambre, intégrant exclusivement le centre de rééducation, même s'il sera suivi par la même équipe médicale. Mais au moins, avec les automates en moins, il aura une chambre plus grande pour y mettre une télé, celle de M. Joestar donnée plus tôt avait fini par être récupérée, prenant trop de place. Il espérait faire venir celle de sa chambre, dans sa maison, afin qu'il puisse jouer aux jeux vidéo et suivre les combats de sumo. Il en avait déjà raté deux, et il ne puit en rater davantage.

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