Tobias Eaton (Origines)

Ceux qui souffrent de l'abandon se comprennent

Citation de Mary-Anna Roy

Evelyn ouvrit péniblement les paupières. La lumière d'un néon au dessus de sa tête lui grilla la rétine et elle fut obligée de fermer les yeux à nouveau. Des voix indistinctes lui parvenaient à travers ses oreilles bourdonnantes. Elle tourna la tête sur le côté. Cet effort provoqua en elle une vague intense de douleur et elle se tordit en gémissant dans le lit sur lequel elle était allongée.

Ce mouvement attira les autres personnes qui se trouvaient dans la pièce. Un homme se pencha au dessus d'elle et éclaira ses pupilles avec une petite lampe. Elle battit des paupières et l'homme s'éloigna. Elle avait si mal, jamais une telle douleur ne s'était propagée aussi longtemps dans chaque parcelle de son corps faible.

Le médecin à la blouse grise s'approcha de la grande silouhette de Marcus pour annoncer :

- Elle a fait une violente chute, et j'espère que cela n'aura pas d'impact sur la santé de votre enfant. Je vous recommande vivement de rester au lit, sans faire d'efforts, et ceci jusqu'à votre accouchement.

Evelyn hocha lentement la tête et le médecin quitta la pièce. Restée seule avec Marcus dans leur chambre, elle lui jeta un regard avec ses yeux tombant de fatigue. Il fit de même et ils restèrent un moment ainsi. Qu'allait-il lui faire cette fois ci ? Maintenant qu'elle était complètement à sa merci, son corps faible étant entièrement paralysé par la douleur. Cependant, il ne fit rien. Il se contenta de détourner le regard et de sortir sans bruit de la pièce.

Les jours et les semaines suivantes furent des plus pénibles pour Evelyn. Elle restait au lit aussi bien le jour que la nuit, Tobias lui apportait ses repas, et chaque fois qu'elle essayait de mettre un pied par terre, elle le regrettait automatiquement. Son fils restait néanmoins très souvent auprès d'elle à lui parler de tout et de rien, et il aimait parfois s'adresser au ventre rebondi de sa mère qui se soulevait au rythme de sa respiration saccadée.

- C'est ma petite sœur ou mon petit frère ? demanda-t-il un jour.

- Tu verras bien, répondit Evelyn en souriant.

"Ou alors tu ne le sauras jamais", poursuivit-elle sans pour autant le dire à voix haute.

Alors que son accouchement approchait, elle reçu la visite des Prior qui avaient laissé leurs enfants dormir chez eux. Natalie s'assit sur le rebord du lit et remonta les couvertures de la jeune femme jusqu'à ses épaules. Avec un mouchoir humide, elle essuya lentement les gouttes de sueur qui parlaient sur ses tempes et Andrew se posta derrière elle.

- Comment tu te sens ? demanda Natalie avec douceur.

- Mieux, maintenant que vous êtes venus.

- Comment es tu tombée ?

- Marcus m'a poussé.

- Tu l'as provoqué ? questionna alors Andrew sans aucune gêne, les bras croisés.

Evelyn hésita, puis hocha fébrilement la tête. Les Prior soupirèrent.

- Alors tu l'as fait exprès ?

Les yeux de la jeune femme se remplirent de larmes et elle hocha de nouveau la tête en sentant l'émotion lui bloquer la gorge :