Tobias Eaton (Origines)

La vengeance trop faible attire un second crime

Citation de Jean Racine

Zeke déboula dans le dortoir vide comme une bombe et son regard se porta automatiquement sur Quatre :

- Georges ! Il... Il est...

- Mort je sais, articula le jeune homme.

Il s'était assez lamenté après avoir quitté Tori, il ne voulait pas encore supporter la peine de Zeke.

- Je l'ai vu, c'est Éric qui l'a tué.

Zeke écarquilla les yeux :

- Quoi, tu es sûr ?

- Oui c'était bien lui, il l'a froidement assassiné après avoir découvert qu'il était Divergent.

Zeke s'effondra sur le premier lit, la main plongée dans ses cheveux.

- Merde...

Il y eut un long silence. Tobias ferma les yeux, prit une grande inspiration, et les larmes disparurent. Son tout premier ami venait d'être balancé au fond d'une fosse, et il n'avait rien pu faire. Remplit de rage, il donna un coup poing dans la première colonne qui croisa son chemin, et la peinture s'effrita sous ses doigts crispés.

- Il faut qu'on le dise à Tori. Elle n'était pas là pendant que les leaders faisaient l'éloge de Georges même s'ils l'ont toujours méprisé de son vivant. Quand je pense qu'Eric aussi était là... Quel salaud.

- Elle sait déjà, coupa Quatre.

Zeke tourna brusquement la tête vers lui :

- Comment a-t-elle réagi ?

- Mal.

- Quatre, elle est plus qu'en danger.

L'intéressé fronça les sourcils et croisa le regard froid de son ami :

- Elle pourrait être soupçonnée et jugée complice d'avoir caché un Divergent à la société et aux forces de l'ordre. Éric va sûrement lui faire passer un interrogatoire forcé.

Quatre se leva d'un bond, craignant tout à coup que la jeune tatoueuse ne fasse une bêtise.

- Elle lui tiendra tête, et elle se rendra coupable toute seule, la connaissant. Il faut qu'on la surveille.

- Ou alors qu'on dissuade Éric de l'interroger.

Zeke regardait son ami avec un air mystérieux et lui fit signe de le suivre à l'extérieur du dortoir :

- Comment ?

- J'ai un plan.

***

Des pas furtifs résonnaient dans l'enceinte silencieuse des Audacieux. Tori progressait, la gorge nouée, en direction du crime. Elle voulait le voir une dernière fois, le serrer dans ses bras une dernière fois, et faire payer à son bourreau. Deux silhouettes la suivaient de loin, tapies dans l'ombre des étroits corridors, mais elle ne s'en souciait pas.

La barrière du gouffre apparut au débouché du tunnel. Tremblante, elle ralentit sa marche peu assurée. Elle devait faire vite, sinon le corps serait déplacé et elle ne pourrait pas lui dire Adieu. Lorsqu'elle arriva face au lieu de son meurtre, il n'y avait plus personne, pas même un drap recouvrant son corps démembré.

Anéantie, elle s'effondra contre la barrière de métal, retenant quelques sanglots. Mais ses larmes avaient déjà eu bien le temps de couler. Quatre et Zeke la regardaient au loin, désolés, craignant que leur plan échoue. Cependant, une autre personne jaillit de l'ombre et s'avança près de la silhouette recroquevillée de Tori.