Tobias Eaton (Origines)

Il y a de fausses vérités et de vrais mensonges

Proverbe Tsigane

Un poids lui pesait sur le cœur, alors Tori se mit à marcher. Son cerveau ne commandait plus ses jambes, elle courrait presque. Elle repensait au visage ravit de George. Elle aimerait tant revoir ce sourire indéfiniment, sans avoir peur qu'on ne lui enlève son petit frère à chaque instant.

Il allait devoir se méfier d'Éric, et du Sincère qui lui avait fait passer le test. Tout allait se jouer sur un coup de chance, et de l'entraînement, pour ne pas qu'il se fasse démasquer.

Elle ralentit l'allure, essoufflée. La tatoueuse s'était aventurée loin de la Ruche et de la civilisation. L'atmosphère était pensante. Aucun bruit, pas même un chant d'oiseau, ne venait perturber le silence des vieux quartiers.

Elle se sentait épiée. Éric la faisait-elle suivre même en dehors du quartier général des Audacieux ? Les battements de son cœur s'intensifièrent, et vinrent s'ajouter à la pression qu'elle ressentait depuis le matin même.

Elle tourna vivement la tête sur sa droite. Personne. Elle redouta presque le moment où elle dû tourner la tête sur la gauche.

Le visage d'un homme apparut devant elle. Il avait des vêtements cousus avec des tissus de toutes les couleurs appartenant à chacune des factions. L'autre à côté de lui avait des cheveux très courts sur son crâne, un regard clair et des vêtements noirs.

Elle eut à peine le temps de crier qu'une main se posait sur sa bouche. En tant qu'Audacieuse, elle savait se défendre. Le sans faction coloré reçut un coup de coude dans l'estomac et relâcha la pression sur sa mâchoire. Celui au regard azur tenta de lui saisir le bras mais il finit le nez en sang.

Elle décida de se mettre à courir au lieu d'appeler des renforts, car personne ne l'entendrait ici. À peine eut-elle mis un pied devant l'autre que sa cheville fut emprisonnée, et elle s'écroula face contre terre. Edgar lui saisit ses longs cheveux noirs pour la relever et ce fut le tour de Tori de lui envoyer son pied dans le tibias.

Il se mordit la lèvre inférieure, étouffant un cri de douleur et lâcha ses cheveux. L'autre sans faction riposta et passa son bras autour de la gorge de Tori qui tentait une nouvelle fois de fuir. Il appuya le creu de son coude contre son cou et releva sa main pour bloquer sa tête et l'empêcher de se débattre.

Tori étouffait, elle tenta d'utiliser ses poings pour se défendre mais Edgar lui ôta toute force en lui envoyant son pied dans les côtes. La jeune femme abandonna tout espoir de frapper son agresseur et saisit le bras qui l'étranglait à deux mains, espérant le faire lâcher.

Ce fut peine perdue et les dernières force qui lui restait s'évanouirent tandis que ses yeux roulaient dans leurs orbites.

***

Elle s'éveilla peu de temps après. Les côtés douloureuses, elle balaya la pièce où elle se trouvait du regard. C'était un espace clos, sans fenêtre aux odeurs de renfermé, avec une grande table en son centre, des tableaux, des cartes, des plans... Un endroit parfait pour comploter.

De son côté, elle réalisa qu'elle était ligotée à une chaise. Ses bras étaient écrasés contre les accoudoirs et ses jambes contre les pieds avant de la chaise, et entourés de cordes solides.

Elle tenta de faire un geste, sans succès. La lumière dans la pièce était faible, et une femme et un homme sortirent de l'ombre, venant du fond de la pièce, vers Tori.

La vision de leurs visages lui causa un choc. L'un était celui qui l'avait agressé dans la rue et l'autre n'était nulle autre qu'Evelyn Eaton, morte depuis dix ans.