La mort n'existe pas, c'est un changement de monde

131 16 28
                                    

Citation de Seattle

Chère Natalie, cher Andrew,
Je ne vous remercierai jamais assez pour votre accueil, mais aussi pour m'avoir aidé à échapper à Marcus.
Vous aviez raison, j'avais besoin de m'éloigner de lui. Depuis la naissance de Tobias, l'enfer que j'avais toujours vécu était devenu insurmontable. Le voir s'en prendre à mon unique fils, et ne rien pourvoir faire pour le protéger, au risque de me faire étrangler, ça me tuait à petit feu.
Pourquoi l'ai-je abandonné alors ? me direz vous. Parce que je suis faible tout simplement. J'étais trop lâche et égoïste pour rester après de Marcus, et pas assez forte pour me défendre en même temps que mon fils. Mais Tobias est fort, tu l'as dit toi même Natalie. Il réussira à surmonter cette épreuve, puis il parviendra à le vaincre et à lui échapper.
Cette idée de faire croire à ma mort, était je pense, la plus juste. Je ne manquerai à personne, et Tobias croira que je suis partie pour de bon. Il ne cherchera pas à me retrouver, tout comme Marcus.
J'espère que le chauffeur et le médecin garderons le secret, mais quoi qu'il arrive, personne ne me retrouvera là où je me rends. S'il vous plaît, n'essayez pas non plus de me retrouver. J'ai fait mon choix, c'est mieux pour tout le monde.
Promettez moi de garder un œil sur Tobias, pour voir s'il s'épanouit avec joie tout en affrontant les lourdes épreuves qui l'attendent. Soutenez le lors de son test d'aptitude puis de son choix, je pense qu'il en aura besoin.
Merci beaucoup mes amis pour tout ce que vous avez fait pour moi. Je vous demande une dernière chose avant de terminer cette lettre : brûlez la s'il vous plaît, et oubliez moi comme tous les autres finiront par m'oublier au cours du temps.
Peut être nos chemins se recroiseront-ils un jour ?
Evelyn.

       La jeune femme referma la porte des Prior derrière elle et marcha entre les habitations sans se retourner. Elle ne savait pas quoi faire, ni vraiment où aller. Elle avait envie de faire quelque chose d'utile, pour oublier la mort de son fils et l'abandon de Tobias. Elle devait faire quelque chose qui ferait avancer la société. Et pour améliorer la vie de tout les habitants de Chicago, quoi de mieux que de faire tomber cette société immonde ?

       Evelyn dépassa les grands immeubles délabrés, escalada les débris de béton entremêlés avec les câbles pointus et pris soin de garder à l'œil quelques groupes de sans factions. Elle les suivit à distance. Ils marchaient l'un derrière l'autre, moins misérable que ce qu'elle aurait pensé, et semblaient comploter ensemble d'un air mystérieux. Ils n'étaient plus les pauvres sans abri qui dépendaient des Altruistes. Ce n'était qu'une couverture. En réalité, ils avaient  un gigantesque entrepôt qui pouvait loger tous les sans faction de la ville.

       Evelyn arriva en vue de cet entrepôt. Les sans factions vivaient dans les endroits les plus détruits et délabrés de Chicago, néanmoins, il avaient réussi à s'en faire un habitat. La foule devint très dense, et Evelyn en profita pour se fondre dans la masse et s'infiltrer dans leur quartier général.

       Elle entra dans une immense pièce et leva les yeux pour distinguer dans la pénombre, le très haut plafond de béton au dessus de sa tête. Partout autour d'elle, les sans faction s'activaient et allaient et venaient dans tous les sens.

       Certains rangeaient les armes qu'ils avaient en leur possession sur de grandes étagères noires, tandis que d'autres soudaient du métal sur des planches et produisaient des gerbes d'étincelles oranges qui volaient dans tous les sens. Ce quartier général était une véritable usine, une ruche toujours en action.

        Evelyn suivit aveuglement un groupe sans vraiment savoir où elle allait vraiment. Personne ne semblait la remarquer, pas même ceux qui marchaient a contre sens et la bousculait sans relâche.

       Sur les côtés avaient été installées dans sortes de cases en béton où habitaient un sans faction dans chaque trouée. Certains avaient mis des barrière ou des chaînes pour ne pas tomber dans le vide, car toutes les cases étaient côte à côte et empilées les unes sur les autres; et avaient installé des néons ou des petites lampes au dessus de leurs têtes.


       Evelyn poursuivit son chemin sans cesser d'observer chaque recoin de cet entrepôt gigantesque et fascinant. Elle dépassa une dizaine de soldat armé qui tenaient leurs énormes pistolets dans les mains, en prenant soin de se faire la plus petite possible.

       Enfin, elle se rendit compte qu'elle était au milieu d'une pièce immense où la foule commençait à se faire moins dense. Elle ne savait pas où aller, ni quel groupe suivre. Déboussolée, elle se retrouva rapidement presque seule au beau milieu de cette fourmilière grouillante de sans faction armés jusqu'au dents.

       Avant même qu'elle n'ai pu prendre une décision et se cacher le plus rapidement possible, ou se fondre dans la masse une nouvelle fois, quelqu'un l'interpella :

     - Eh toi !

       Son dos fut parcouru d'un long frisson et elle se retourna lentement pour faire face à l'homme qui venait de s'adresser à elle. Il lui faisait face, les bras croisés, entouré de deux autres hommes à l'allure repoussante et aux sourcils froncés. Il avait une forte carrure et des tatouages sur ses bras musclés. Intimidée, elle fit instinctivement un minuscule pas en arrière tandis qu'il s'approchait à son tour.

      - Qu'est ce que tu fais ici ?

      - Je suis une sans faction, articula-t-elle.

        L'homme s'esclaffa et fit un pas de plus dans sa direction. Ses acolyte faisaient exactement les mêmes gestes que lui et dévisageaient l'intruse.

       - Ne te moque pas de moi, tes vêtements neufs sentent encore la lessive.

       - Je suis sans faction depuis hier seulement, se défendit-elle en espérant ne pas avoir à se justifier.

       - Ah oui ? dit alors l'homme a moitié chauve tant ses cheveux avaient été coupés courts.

        - On dirait une Altruiste, conjectura alors un autre sans faction derrière lui, de sa voix grave.

        - Mais oui c'est vrai, des vêtements gris et tristes, aucun accessoire, et une allure de pète-sec. Tu es bien une Altruiste, mais qu'est ce qu'une pauvre Altruiste comme toi viendrait faire ici ? Tu es perdue pète-sec ?

         Evelyn déglutit. Quelques sans factions qui se trouvaient autour les dévisageaient, mais à part cela, elle était seule.

       - Répond ! Qui es tu ?

       - Je...articula-t-elle avec difficulté. Je m'appelle Evelyn Johnson-Eaton.

        Cette révélation jeta tout de suite un froid parmi l'assistance.

Tobias Eaton (Origines) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant