Vert, comme un uniforme militaire

Chapitre 10

J-755

Au bout de deux semaines d'entraînement dirigé par le général Shaw, je m'étais vraiment surpassée. Je passais plusieurs heures, chaque nuit, à m'exercer, pendant que les autres dormaient probablement à poings fermés. J'aiguisais mes réflexes et mes techniques de combat telles des lames, et n'allais pas dormir tant que mes objectifs du jour n'avaient pas été atteints.

Je ne pratiquais non seulement l'usage des armes à feu et des poignards, mais aussi celui d'outils moins orthodoxes tels que l'épée, le bâton, le katana, les nunchakus, un arc et des flèches, l'arbalète, la masse et même une hache ; tout ce qui pouvait m'aider à me défendre... même si je savais maintenant que je pouvais simplement compter sur mon corps pour cela. Je lisais également beaucoup de livres, provenant de la longue liste que Shaw m'avait procurée et qui documentaient méticuleusement les armes, les arts martiaux, les langues, coutumes et cultures étrangères, tout ce qui pouvait m'aider sur le terrain, si j'étais choisie. Chaque minute qui passait était synonyme d'amélioration, et je pouvais le sentir !

Au cours des combats sur le ring, j'étais dorénavant capable d'esquiver habilement la plupart des coups ennemis et de prendre sur moi ceux que je ne pouvais pas. La nature ou la force de l'attaque encaissée n'importait pas : je me relevais toujours avec la même détermination et me battais jusqu'à ce que mon adversaire soit à terre. Trois groupes équilibrés avaient été formés avec les neuf personnes restantes, ce qui signifiait que pour l'instant j'affrontais les mêmes personnes. Et une fois que j'eus correctement analysé leurs profils et stratégies respectives, il ne me fallut que peu de temps avant de les neutraliser, comme la plupart avait fait avec moi, quelques semaines auparavant.

Dans tous les cas, tout le monde avait remarqué mon progrès. Les garçons qui ne faisaient pas partie de la bande de Kyle et qui étaient de nature relativement avenante me félicitaient et me demandaient parfois quelques conseils, ce que je ne pouvais pas refuser, tandis que les autres me fixaient avec jalousie et amertume du fond de la salle. Même Khan me souriait à la fin de la journée, ce qui était assez pour exprimer la fierté qu'il ressentait pour moi.

Le programme que Shaw me faisait suivre allait au-delà du physique : il m'apprenait également à canaliser mes forces et contrôler mes émotions. Il me fallut un peu de temps pour me rendre compte de son importance, mais une fois que ce fut le cas, je ne l'oubliai jamais.

Ce jour-là, la bande de Kyle avait frappé fort. C'était un vendredi, seul jour de la semaine où l'on servait du poisson pour le déjeuner, ce que j'appréciais beaucoup. Conscients cela, ils avaient donc décider de se ruer sur le poisson, ne me laissant qu'avec les saucisses d'hier avec une petite surprise. Premièrement, elles étaient faites de porc – je ne pouvais donc pas les manger – et deuxièmement, elles avaient été placées dans la forme d'une étoile de David. De véritables connards !

J'étais revenue de la cuisine et avais fixé d'un regard noir ces pauvres idiots, pendant quelques secondes, avant de venir me rasseoir et découvrir que mon assiette avait été changée avec une autre : elle était maintenant remplie de poisson. Aucun des garçons de ma table ne voulut me dire de qui il s'agissait, mais je dois avouer que ce geste m'avait profondément touchée.

Cet acte bienveillant n'avait cependant pas fait partir ma colère, parce que j'étais énervée. Si énervée que, cette nuit-là, lorsque je frappais le sac cylindrique qui pendait devant moi, je le frappai avec tant de force que l'enveloppe de plastique rouge lâcha, se déchira et laissa une grande poignée de sable tomber par terre. Je m'arrêtai et fixai, à la fois surprise et stupéfiée, ce que je venais de faire. Je me tournais ensuite vers Shaw qui se tenait dans un coin de la pièce :

« Vous avez vu ça ? demandai-je, très excitée.

- En effet, marmonna-t-il, peu impressionné.