Chapitre 9

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Échouer n'est pas un mot que j'aime utiliser, surtout lorsqu'il se rapporte à moi. Personne n'aime échouer ; certains le prennent juste mieux que d'autres. Je me rappelle quelle mauvaise joueuse je pouvais être quand j'étais plus jeune : je pleurais avec frustration à chaque fois que je perdais à un jeu de société ou à un match de football. Avec le temps, j'ai bien sûr grandi et suis devenue assez mature pour accepter le fait que personne n'était parfait, ce qui m'aida à mieux gérer un grand nombre de situations, mais cette fois, ce n'était pas le cas.

Suite au départ de Kate, l'entraînement se rendurcit : le matin, nous passions notre temps à apprendre à pratiquer l'usage des armes, et l'après-midi, à combattre sur le ring. Je faisais de mon mieux pour réussir, me pousser vers le haut, et pourtant, je n'y arrivais pas. Mes résultats de tirs étaient en-dessous de la moyenne, ma maîtrise des couteaux rapide mais maladroite, et bien que mes analyses stratégiques et linguistiques étaient supérieures à beaucoup, ce n'était pas assez pour rattraper les nombreuses défaites que j'encaissais sur le ring. Khan me regardait tout simplement avec pitié et déception, alors que j'étais emmenée à l'infirmerie pour la énième fois.

Et ça me mettait en colère, tout cela me donnait envie de crier sans jamais m'arrêter ! Pas parce que je me sentais comme étant un échec total, mais parce que je savais que je pouvais faire mieux. Tout ce dont j'avais besoin pour retourner sur le droit chemin était de la concentration, ce qui était malheureusement ce qui me manquait. Kate n'étant plus là, je me retrouvais comme étant la seule fille restante, et Kyle et sa bande virent alors une occasion parfaite pour me rendre la monnaie de ma pièce, après l'humiliation que je leur avais faite vivre cette nuit dans le dortoir. Ils avaient, par conséquent, choisi de transformer ma vie en enfer ! Il n'y avait pas de violence physique dans ce qu'ils faisaient, étant donné qu'ils avaient clairement vu lors des combats qu'aucun bleu, fracture ou hémorragie ne pouvait me faire abandonner. La seule chose qu'ils utilisaient donc contre moi était un bombardement constant d'insultes sexistes ou antisémites – la plupart du temps les deux – et c'était bien assez pour me convaincre que je n'avais pas d'avenir ici.

Contrairement à Kate, je n'avais pas peur d'eux, et je savais que ça ne serait jamais le cas. Je ne suis pas quelqu'un qui s'avoue vaincue, je suis quelqu'un qui se bat. Mais malheureusement, leur omniprésence mettait définitivement ma patience à rude épreuve. La plupart du temps, je parvenais à rester calme et me convaincre de ne pas leur donner un coup de poing dans la figure, sachant que ça ne leur ferait que trop plaisir de me voir ployer sous la pression. Mais ma zen attitude ne m'empêchait pas d'écouter et de garder en tête ce qu'ils disaient sur moi. Ces commentaires hantaient mon esprit nuit et jour, me rendant incapable de me reposer ou de réfléchir avec lucidité. Et qu'importe combien j'essayais de garder ma tête claire lorsque j'étais sur le ring et que j'en avais le plus besoin, tout me revenait à l'esprit. La colère et la douleur affluaient d'un seul coup et déclenchaient une rage si violente qu'elle me donnait certes une grande forte, mais me faisait surtout perdre contrôle. Je ne pouvais pas penser clairement, je ne pouvais pas regarder et analyser les choses correctement comme je savais si bien le faire, je ne pouvais rien faire ! Et c'était la raison pour laquelle j'échouais.

Une nuit, je dormais comme tout le monde, lorsque j'entendis des bruits de pas. S'ils étaient venus d'un lit en se dirigeant vers les douches, je n'y aurais pas donné beaucoup d'attention, mais ces pas étaient différents : ils venaient de l'extérieur ! J'avais toujours eu un sommeil très léger. Il ne fut donc pas compliqué pour moi d'entendre ces discrets bruits de pas et un petit son atténué allant avec – peut-être une canne.

J'ignorais de qui il s'agissait, mais j'allais définitivement l'apprendre et le faire sur mes conditions ! Je commençai à atteindre le tout petit pistolet que je gardais sous mon oreiller. Khan me l'avait donné, dans le cas où j'en aurais besoin pour me protéger des garçons. Je n'avais jamais eu l'intention de l'utiliser, sachant que ça ne ferait qu'empirer les choses, mais sa présence me procurait un certain sentiment de sécurité que je ne pouvais pas refuser. Cette fois-ci, cependant, il semblait qu'il puisse s'avérer utile. Je saisissais le manche avec une dextérité et une discrétion extrême et retirais délicatement la petite arme de mon oreiller, tout en plaçant mon index sur la détente.

Vert, comme un uniforme militaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant