Les feuilles mortes avaient fait place à la neige. Elias observait par sa petite fenêtre les rues de Londres. Manquant de glisser à chaque pas, les passants marchaient vite, toujours plus pressés les uns que les autres. Des flocons recouvraient toits, fenêtres et couvre-chefs.
Devant ce paysage immaculé, un sourire se dessina sur le visage d'Elias. Il aimait ce blanc qui parsemait de taches claires la ville, les bottes qui laissaient des empreintes dans la neige et les trottoirs devenant de plus en plus boueux. Son regard dévia vers des enfants qui jouaient dans le parc au bout de la rue. Ils façonnaient un bonhomme de neige possédant une carotte en guise de nez. Insouciants, ils riaient aux éclats tout en se poursuivant une boule dans chaque main. La guerre était invisible à leurs yeux.
Leurs mères les surveillaient debout dans une queue devant l'épicerie, soucieuses, mais rajeunies par ces petits bouts d'hommes qui s'égayaient.
Au fil des mois, les files d'attente ne rétrécissaient pas, les produits les plus primitifs devenaient introuvables. Dans cette atmosphère, les habitants du monde entier se préparaient à fêter le deuxième Noël de la guerre.
Peu de cadeaux, un tout petit festin, pas de grandes réjouissances... Pourtant, les visages brilleraient d'une lueur nouvelle et les Anglais garderaient leur éternel optimisme.
Elias soupira puis s'assit sur son lit. Cela faisait des semaines qu'il était entré dans la Résistance et il avait toujours soif de missions importantes. John avait tort ; il n'avait fait que distribuer des tracts ou de la nourriture. Jamais, il ne pourrait faire ses preuves ainsi. À chaque fois qu'il éparpillait des papiers dans la ville, il serrait poings et dents.
Les nouvelles provenant de la France étaient de plus en plus mauvaises, la situation se dégradait, alors Elias voulait agir. Il avait longuement cherché un réseau qui lui conviendrait et le Special Operations Executive s'était présenté à lui. Créé par Winston Churchill, il s'agissait de la solution idéale.
Elias allait enfin pouvoir devenir espion et même s'il avait dû batailler pour convaincre son ami, Louis avait accepté de le suivre. Tous deux avaient réussi avec succès leur test d'aptitude ; il ne restait plus qu'à rencontrer leurs futurs coéquipiers.
Revêtu d'un épais manteau pour affronter l'hiver, il salua Clara, qui s'affairait dans la cuisine, puis franchit le pas de la porte et le froid mordant lui fouetta la joue. Il resserra un peu plus sa cape et entama sa marche. S'orientant tant bien que mal, il arriva dans une ruelle à peine éclairée. Des poubelles s'entassaient au fond de l'impasse et Elias grommela en sautillant sur place pour se réchauffer :
— Pourquoi il doit toujours être en retard ? C'est pas possible !
Néanmoins, son ami ne tarda point. Ses cheveux bruns étaient recouverts de neige fondue, il était tellement courbé qu'on aurait dit un vieillard au visage enfantin.
— Désolé, j'ai glissé en voulant arriver trop vite...
La colère d'Elias le quitta et il sourit. La maladresse de son ami le faisait toujours rire, mais il n'ajouta aucun commentaire pour ne pas le vexer. Ensemble, ils marchèrent pendant plusieurs minutes en direction de Baker Street. Le sens d'orientation de Louis amena le duo à bon port.
Ils toquèrent à la porte d'entrée ; trois coups longs suivis de deux brefs. Le judas se dégagea et Elias murmura :
— Je m'appelle Ailes et je suis accompagné de Evraikos, nous avons rendez-vous avec...
Il consulta du regard Louis en cherchant dans sa mémoire le nom du dirigeant.
— Avec Frank Nelson, murmura son ami.
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Résistant
Tarihi Kurgu18 juin 1940. Pendant des semaines, la voix du général de Gaulle résonne dans le cœur d'Elias. Un soir de septembre, prenant son courage à deux mains, il intègre la Résistance mais très vite, distribuer quelques tracts dans les rues de Londres ne lu...