Chapitre 17

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— Tu vas vraiment abandonner maintenant ?

Elias avait posé la question le regard sombre, il était déçu par l'attitude de son ami qui le regardait, les yeux remplis de larmes. Sa voix n'avait pas tremblé quand il avait annoncé la terrible nouvelle. Désormais, Louis était pétrifié, il ne savait que répondre.

— Tu es borné, obstiné, égoïste... Ce sont tant de termes qui te qualifient et pourtant je continue à te suivre, mais cette fois-ci, je ne peux plus. Tu ne comprends donc pas ? murmura-t-il.

Ailes demeura stupéfait, il ne s'attendait pas à autant de calme dans la voix de l'ouvrier. Ses paroles avaient presque été couvertes par le vacarme de la cantine.

— Après tout ce chemin parcouru, tu arrêtes à cause de ça ?

Ce fut la goutte de trop, Louis se leva, les poings serrés. Une veine saillant sur la tempe, il s'éloigna à grands pas et Elias hésita une seconde avant de le rejoindre.

— Laisse-moi, dégage ! vociféra son ami d'une voix sourde.

— Non, je veux comprendre, protesta Elias.

— Hé bien, que veux-tu comprendre ? Ma mère est morte et la seule chose que tu trouves à me dire c'est que je vais abandonner ma mission ? Tu te fiches de moi ? J'en ai marre de toujours suivre tes plans foireux à la noix !

L'espion arrêta son débit de paroles et se laissa glisser le long d'un tronc d'arbre.

— Oui. Je vais arrêter, j'ai envie de rester auprès de mon père... chuchota Louis, accablé.

— Et les juifs de France ? Et ton peuple qui souffre dans l'ombre ? ordonna Elias les sourcils froncés.

— Pourquoi veux-tu que je te suive ? Tu peux faire cette mission tout seul, n'est-ce pas ? Alors pourquoi as-tu besoin de moi ? Hé bien... La vérité est que tu es un lâche, un con qui a trop peur pour entreprendre des choses. Tu as besoin d'un appui et c'est moi. Si je ne suis pas là, tu paniques. Pour une fois, je ne vais pas me conformer à ce que tu dis. Mais, vas-y ! Pars en France puisque tu le rêves tant, mais par pitié, laisse-moi tranquille !

Ailes demeura silencieux, il ne comprenait pas la haine dans la voix de son ami. Jamais il ne l'avait entendu prononcer de telles paroles. Il lui adressa un regard noir, incapable de formuler une phrase puis, en se relevant, il détourna les talons. Louis resta adossé à l'écorce.

— Je n'ai jamais voulu intégrer la Résistance, marmonna-t-il, mais ses paroles se perdirent dans le vent.

Elias ne retourna pas à l'usine, il n'y retournerait pas non plus le lendemain, ni plus aucun jour de sa vie.

Tout en marchant, il espérait que la mission pourrait tout de même avoir lieu malgré l'absence de son ami, même s'il savait qu'il y aurait un vide terrible dans son être.

Elias parcourait les rues de Londres pour la dernière fois, il devait dire adieu à cette ville qui l'avait si bien accueilli.

En approchant de sa demeure, Ailes redoutait plus que tout la confrontation avec Clara. Il avait l'obligation de lui révéler toute la vérité, tous les éléments qu'il lui cachait depuis des mois. Elle lui en voudrait forcément, mais partir avec ce secret lui fendrait le cœur.

Elias poussa la porte de la maison et respira à plein poumons l'odeur de pain qui se dégageait des fours. Tous les bruits et les fumets lui manqueraient, toutes ses habitudes disparaîtraient.

Les larmes lui vinrent, il les refoula. Il ne devait pas craquer. Devant le monde, il était obligé de rester stoïque. Toujours. À tout moment. À chaque instant.

— Tu es rentré drôlement tôt ! s'exclama Clara depuis le premier étage. Que fais-tu ?

Au-delà de son appartenance à la Résistance, Elias ne l'avait pas encore prévenu de son départ, elle allait être dévastée.

— Oui, j'avais quelque chose à faire...

— Ah d'accord ! Tu auras le temps pour aller faire la queue alors ! Les tickets sont dans la cuisine ! déclara la jeune fille avec un grand sourire.

Elle remonta les marches, une porte claqua puis le calme revint. Les tickets... Voilà une chose qui n'allait pas lui manquer, mais il était persuadé de les retrouver en France.

Malheureusement...

Après avoir fait la queue pendant des heures, Elias entendit l'église sonner huit coups ; les rues se désemplirent et les Sanders se retrouvèrent autour de la table familiale. Elias s'assit les mains moites et la gorge nouée. Il s'apprêta à ouvrir la bouche pour tout avouer, mais Clara le devança :

— Et si on allait se balader à la fin de la semaine ? On part une heure pour profiter de la fin de l'été ! Malgré la guerre, on peut bien se permettre une promenade !

Ailes demeura mal à l'aise. À la fin de la semaine, il serait parti, déjà installé à Metz.

— J'aurai beaucoup de travail, je ne sais pas si c'est une bonne idée, murmura John.

Sans le savoir, ce dernier venait de sauver Elias qui lui en sut gré. Il prit alors son courage à deux mains. L'heure était venue.

— Je pars demain, Clara. Je m'envole vers la France.

Son amie ne comprit pas, elle resta interdite, tendue comme sur des ressors.

— Je me suis engagé dans la Résistance il y a quelques mois. Je me suis entraîné, c'est pour ça que je me suis absenté. J'ai beaucoup appris et on m'a confié une mission d'espionnage. C'est mon rêve donc je n'ai pas hésité avant d'accepter.

— Pas hésité ? Tu m'as menti ? Depuis des semaines, tu me dis que tu n'es pas un résistant ! Papa ! Comment peux-tu accepter cela ?

Le silence de John en dit long sur ses pensées et Clara comprit immédiatement. Elle les fixa, des larmes roulaient sur son visage. Elias se sentait mal, blessé au fond de lui.

— Donc tu m'abandonnes ? On ne te verra plus ? questionna la jeune fille la voix brisée.

— Oui, déclara-t-il avec aplomb. Demain, à la première heure, je serai parachuté au-dessus de Metz.

— Pourquoi ne me le dis-tu que maintenant ? N'as-tu pas pensé que ce serait difficile à supporter ?

— Si, mais...

— Donc tu as fait exprès ? s'écria Clara.

Son poing frappa la table et elle se leva, le visage rougi.

— Tu n'es qu'un gros lâche, cracha-t-elle, le regard noir.

C'était la deuxième fois de la journée qu'il entendait cette remarque, Elias n'en pouvait plus et le sang lui monta à la tête.

— Mais, laisse-moi, bordel ! Je fais ce que je veux de ma vie. Je n'ai pas de compte à te rendre.

Furieux, il donna un coup dans sa chaise puis monta se réfugier dans son grenier. Son cœur était blessé, il souffrait à cause de Clara.

Il lui en voulait autant qu'il en voulait à Louis.

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Hello <3

La tension monte 😦 !!

Avez-vous aimé ce chapitre ? J'espère que oui !

Bientôt, départ pour la France et j'espère que vous serez de la partie !

Bonne journée

Plume

RésistantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant