Chapitre 12

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Un énorme bruit se fit entendre, des oiseaux s'envolèrent dans un bruissement d'ailes et Elias sursauta. Malgré les cloches de l'église qui avaient sonné quelques minutes plus tôt, il s'était rendormi à l'abri d'une usine désaffectée.

Pff... Impossible de s'endormir maintenant ! C'est pas possible ! Pourquoi les ennuis commencent déjà ? Ça fait à peine vingt-quatre heures que je suis arrivé !

Il bondit sur ses pieds et récupéra le morceau de pain qui lui restait de la veille. S'élançant dans les rues, il jeta des coups d'œil en arrière pour s'assurer qu'il n'était pas suivi. Mais personne ne pointait le bout de son nez, aucun bruit ne retentissait. Il était tôt, peut-être une ou deux heures du matin. La Lune brillait haut dans le ciel.

Elias se faufila dans une ruelle et se retrouva nez à nez avec une montagne de déchets. Serrant les dents et pinçant le nez, il écarta quelques sacs poubelle et s'assit sur les graviers. Rien ne se passait. Aucun policier n'arrivait l'arme au poing. Il s'était fait peur tout seul. C'était sans doute dans ses rêves ou bien un simple poids tombé près de l'usine.

Elias pesta en réalisant qu'il avait quitté son coin douillet pour se retrouver au milieu de détritus. Cependant, il ne pouvait prendre le risque d'y retourner.

Est-ce que les autres se débrouillent mieux que moi ? Si c'est le cas, je pense que leur mission est plus simple, il n'y a pas d'autres options !

Tout en soufflant dans ses mains, il échafauda un plan pour effectuer sa mission. Après avoir appris son dossier sur le bout des doigts et l'avoir ressasser toute la journée, il fallait passer à l'action.

La faim nouait ses entrailles. Le pain avalé la veille n'avait fait qu'interrompre ce besoin. Son estomac criait à présent famine sans qu'il ne puisse le satisfaire. Il observa le restant de la baguette. C'était bien peu pour tenir les trois jours que pouvait durer sa mission. Tout son argent y était passé, il ne lui restait plus un sou pour acheter un petit en-cas.

Emporté par l'envie, Ailes avala le morceau en quatrième vitesse. En quelques secondes, il ne demeurait plus qu'une maigre saveur.

Une fois le ventre un peu plus rempli, Elias s'adonna pleinement à ses réflexions. Le centre qu'il devait infiltrer se situait à plusieurs dizaines de mètres. Il avait retenu le parcours, mais la panique embrouillait ses idées. L'adrénaline des premiers instants l'avait quitté.

Le soleil perçait doucement à travers les nuages au fur et à mesure que les heures passaient. Elias qui somnolait se releva et se prépara. Il épousseta ses épaules, en soupirant.

Pourquoi j'ai choisi cette voie ? J'aurais pu être à des kilomètres de cette fichue ville. Bien au chaud, sous ma couette, entourée des Sanders. D'un autre côté, je ne peux plus reculer maintenant...

Il risqua un œil hors de l'impasse : personne en vue, mais un volet couina à sa droite et claqua contre le mur. Les rues ne tarderaient pas à s'animer. Il devait rester vigilant. Il se décontracta et marcha dans l'avenue.

Virage à droite puis à gauche, puis à droite et enfin deux fois à gauche. Je connais, c'est bon.

À chaque bruit, il se retournait, accélérant un peu plus à tous les instants. Enfin, il parvint jusqu'à une haute clôture. Elle entourait le lieu et ne possédait qu'une ouverture pour que les camions puissent pénétrer dans l'enceinte. De plus, des hommes armés patrouillaient tout autour de la grille. La base était bien protégée, trop protégée pour effectuer sa mission.

Bordel, je suis obligé de faire ça ! Il faut que je monte à ce putain de dernier étage ! Si je ne vais pas dans la tour, je n'aurais aucune chance de devenir le meilleur espion.

RésistantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant