La confidence

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28... 29... 30... 31... 32...

Il y avait 32 tuiles au plafond de mon dortoir. Je les avais comptées à plusieurs reprises tentant de m'endormir, sans succès.

Je soupirai en me tournant sur le côté, faisant face à mon armoire. Je pouvais voir les quelques photos que j'avais amenées du Manoir pour décorer ma chambre.

Sur l'une des photographies, on pouvait me voir en compagnie de Drago. Nous devions avoir sept ans à l'époque et nous venions d'avoir de nouveaux balais pour Noël.

Sur une deuxième photo, j'étais à la gare de King's Cross, Narcissa m'enlaçait dans ses bras et elle essuyait une larme dans le coin de son œil.

La dernière image avait été prise dans la salle commune l'an dernier. J'étais sur le canapé, un livre à la main, et Drago dormait paisiblement sur mes cuisses.

Ma lèvre inférieure se mit à trembloter sous l'émotion. Je n'aurais plus jamais une relation adéquate avec Drago. Nous avions dû nous séparer sous les ordres de son père et nous étions en train de créer une relation de haine entre nous, au lieu de redevenir simplement ami.

Je frottai mes yeux de mes poings avant de me tourner de l'autre côté, incapable de regarder plus longtemps les images qui me rappelaient mon passé.

Drago ne m'avait pas adressé la moindre attention depuis que je lui avais fait croire que j'avais couché avec George. Pas un regard, pas une insulte dans mon dos, rien. Et ça me blessait encore plus, comme s'il avait tiré un trait sur moi.

J'avais perdu mon confident, mon meilleur ami. Et j'envenimais la situation par jalousie, parce qu'il avait embrassé cette Parkinson.

Je me levai et fis pendre mes jambes au bord du lit, hésitant à me lever. Je me glissai finalement hors du lit, enfilai mes pantoufles et plaçai une couverture sur mes épaules avant de sortir de mon dortoir.

Je m'installai devant le feu qui crépitait faiblement et jetai un coup d'œil vers la porte du dortoir de Drago. Si près et si loin en même temps.

Je regardai les flammes danser dans le foyer, laissant mes yeux se fermer de temps à autre. J'étais sur le point de m'assoupir lorsque j'entendis un craquement derrière moi. Je lâchai un cri de surprise en me tournant vers la source du bruit. Drago venait de sortir de son dortoir et avait fait craquer une des marches de l'escalier.

« Désolé. Je ne voulais pas te faire peur », murmura-t-il en s'installant sur le même canapé que moi, mais à une bonne distance.

Je le fixai un instant avant de détourner mon regard vers le feu. Je pris ma baguette et fis léviter une bûche afin d'alimenter les flammes. Le salon s'éclaira pratiquement complètement et je pus voir les yeux rougis de Drago.

« Pas capable de dormir toi non plus? » lui demandai-je, essayant de détendre l'atmosphère.

Il secoua la tête: « tu sais bien que j'ai toujours de la difficulté à dormir quand tu n'es pas là. »

Il avait répondu tellement faiblement que je me demandais si mon imagination ne me jouait pas des tours. Je me tournai vers lui, entourant mes jambes de mes bras.

« J'ai menti », chuchotai-je à mon tour.

« Ça n'a plus d'importance », répliqua-t-il, la voix chevrotante, mais il haussa les épaules, comme s'il essayait de se convaincre lui-même.

« On peut quand même être ami, non? » me risquai-je à demander.

Il me jaugea avant de m'offrir un sourire sincère.

« Tu sais, il est la seule personne qui ne m'insulte pas en permanence ou qui ne me craint pas. À part toi, bien entendu. Ça me fait du bien », confiai-je à Drago. « Avec lui, je suis seulement Leila. Pas la fille de Voldemort. Pas une ignoble Serpentard. Pas une pauvre fille qui n'a pas de sentiments. Juste Leila. »

Je passai ma main sur ma joue pour sécher la larme qui s'était enfuie de mon œil.

« J'aurais aimé mieux que tes parents puissent changer mon nom de famille aussi. Je suis certaine que ça l'aurait été différent si j'avais été une Malefoy et non une Jedusor. Les autres n'auraient pas eu ce comportement envers moi », continuai-je, voyant que Drago gardait le silence.

« Peut-être bien. Mais s'ils ne voient pas qui tu es réellement et qu'ils s'arrêtent à un stupide nom, c'est qu'ils ne méritent pas d'apprendre à te connaître. »

« Drago... »

J'avais les larmes aux yeux. Il me manquait à un tel point...

« Viens ici », dit-il en m'ouvrant ses bras et malgré notre interdiction, je m'y blottis précipitamment.

« Je ne sais pas si je vais être capable de passer à autre chose, Drago. »

« On n'a pas le choix, Leila », susurra-t-il, et je sentis une larme s'écraser sur le dessus de ma tête. « Tu me fais une promesse? »

« Laquelle? » demandai-je en levant le visage vers lui.

« Que tu vas arrêter de voler mes pommes ! »

« Jamais », dis-je en riant, le faisant rire à son tour.

Il étira ses jambes sur le canapé, entourant ma taille de son bras alors que je déposai la couverture sur nos deux corps. Il enfouit son nez dans mon cou et je savais que ce serait la dernière nuit que nous passerions ensemble. J'avais l'impression que nous avions besoin de ce moment pour dire adieu à notre relation amoureuse.

Cette fois, je n'eus absolument aucune difficulté à m'endormir.

L'héritièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant