XLVII

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Lee Junho frissonna en passant les portes vitrées automatiques de l'hôtel du MontFleuri situé à Paris. Le temps était maussade, gris en ce mois de novembre et il frissonna en se frottant les mains pour tenter de les réchauffer.

Bien qu'il supposa aisément qu'il faisait encore plus froid sur Seoul, l'humidité de la capitale française avait de quoi geler son corps et lui faire sentir cruellement la différence de météo d'un pays à l'autre. Le manageur enfonça les touches de l'ascenseur pour atteindre le troisième niveau, tout en consultant son téléphone avant que, de manière automatique, une fois le palier atteint, se diriger vers une des chambres.

Le nez sur son écran, il déverrouilla la porte avec sa carte magnétique et ouvrit le battant en lançant :

-Kim, j'espère que tes valises sont prêtes sinon tu as vingt minutes et pas une seconde de plus avant qu'on ne file à l'aéroport.

En l'absence de réponse, le manageur releva la tête de son écran et du mail incompréhensible qu'il venait de recevoir à propos d'un changement d'horaire pour un des shootings prévus sur Macao courant décembre. Les rideaux de la pièce n'avaient pas été tirés, et la luminosité grise et fade de la ville rentrait par les grandes fenêtres qui donnaient sur un petit balcon de fer forgé. Dehors, si on tournait la tête vers la droite, on se retrouvait presque nez à nez avec l'arc de triomphe. Sous une couette blanche mais froissée se trouvait la silhouette dégingandée de Kim Taehyung, le nez dans les oreillers.

-Kim, le somma le plus âgé des deux, debout.

Le reste de la chambre était un carnage de vêtements éparpillés, de couleurs et de matières différentes déposées de ci et de là. Le canapé non loin du lit, qui marquait la démarcation entre un salon et la partie nuit avait finalement servi de dressing.

-Kim, on a un avion à prendre, répéta Lee en verrouillant son téléphone.

Il se promit de ne pas s'agacer. Pas cette fois. Voilà plusieurs mois qu'il travaillait avec le mannequin et ils avaient, l'un comme l'autre, commencé à s'y faire. Bien qu'il y ait eu plusieurs conflits, ces quatre dernières semaines dont deux sur la capitale française, Kim Taehyung avait été remarquable de professionnalisme et ne s'était pas plaint des horaires, ni des journées difficiles. Il avait même tout fait pour que, malgré la fatigue, tout s'enchaîne et être certain d'être revenu mi-novembre pour la Corée du sud. Néanmoins, il avait encore dû trainer hier soir pour boire des verres avec d'autres mannequins rencontrés à la maison de couture Celine.

Un grognement intervint et Lee ramassa le téléphone abandonné sur le tapis gris, un Android dernier cri de chez Samsung avec une coque rouge et or. Heureusement l'appareil n'avait pas reçu de choc et tandis qu'il le déplaçait, pour le reposer sur la table de chevet, l'écran s'illumina et le nombre de notifications Instagram fit froncer les sourcils du brun.

Il faudrait bientôt qu'il lui demande ce qu'il fallait en faire. Son nombre d'abonnés ne cessait d'augmenter depuis quelques semaines mais entre être utilisateur de cette application ou influenceur, il fallait se décider. Le travail autour de la gestion et de la communication en dépendrait.

Un nouveau grognement retentit sous la couette et la silhouette eut du mal à se relever. Un air habituellement dur sur son visage maussade, les sourcils froncés, Lee ne parvint qu'à soupirer.

-Tu déjeuneras sur le trajet, l'avertit-t-il, j'ai déjà réservé le taxi.

Le manque de réaction, voire même d'insultes, car un Kim Taehyung non réveillé était possiblement de mauvaise humeur, l'alerta. Le mannequin se réveilla péniblement, les yeux bouffis, le teint pâle et gris et le manageur se sentit alerté par ce détail.

La RuptureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant