Jin avait les bras trop chargés. Un sac lourd et rempli à ras bord de produits alimentaires dans chaque main, un autre entre les bras et il tentait, en même temps, de répondre à un message sur son téléphone tout en ouvrant la porte de son appartement.
Il sembla être, pendant plusieurs minutes, le roi d'une contorsion impossible et bancale mais il devait répondre à ce message, quitte à renverser le contenu de ses courses dans le couloir. Les priorités n'attendaient pas, notamment une discussion avec Namjoon, commencée il y a quelques jours, qui ne semblait jamais se terminer.
Toutes les heures, à chaque pause, à chaque moment de la journée, l'un et l'autre se contactaient, pour tout, pour rien. Jin lui avait envoyé quelques minutes plus tôt les photos de ses courses, promettant du janchi guksu (nda : nouilles aux légumes sauce soja) avec du porc. Titiller l'appétit de Namjoon était très amusant mais son cœur s'était emballé quand il lui avait écrit :
« Est-ce une invitation à dîner, hyung ou tu fais juste ça pour me torturer ? »
En utilisant un coin de mur et l'encadrement de sa porte, les hanses des deux sacs lui mangeant la chair des poignets et le dernier contenant coincé dans ses bras à deux doigts de se renverser, Jin parvint à taper sur son clavier : « Les deux. »
Une fois le message envoyé, il franchit le seuil de son appartement, retirant péniblement ses chaussures. Les muscles bandés et la respiration un peu irrégulière, il se jeta presque contre sa table alors que l'entièreté de ses sacs se renversaient de manière chaotique sur la surface. Un paquet de chips au vinaigre dégringola sur une chaise, une boite de kimchi manqua de voltiger et s'éclater au sol mais arrêta sa course au bord de la table, les carottes et la salade eurent moins de chance.
Pourtant le jeune manageur ne se préoccupa pas des aliments abandonnés et maltraités car son téléphone sonna et la réponse de Namjoon apparut subitement :
« Tu es démoniaque, hyung. J'en conclus que tu me tortures juste. Figure-toi que ça marche, je suis à deux doigts de jeter mes copies et les corrections des dossiers de mes étudiants pour te rejoindre ».
« Le janchi guksu a un sacré pouvoir sur toi tout de même. Ou serait-ce autre chose ? »
« Je sais ce que tu veux m'entendre dire mais je le dirai pas, à ton tour d'être torturé ».
Il avait ajouté un petit smiley innocent et Jin se mordit la lèvre, cherchant désespérément quoi répondre pour continuer de jouer le jeu de cet échange. De manière vague, le nez à son écran, il entreprit de ranger les aliments.
Il opta pour :
« Certes je l'ai cherché, mais l'invitation tient si tu le souhaites. À moins que le pouvoir du janchi guksu faiblisse ? »
La réponse ne tarda pas comme si son interlocuteur était devant son écran attendant, lui aussi, que leur échange continue.
« Ce ne serait pas sage... »
Le cœur de Jin se mit à battre très rapidement et ses joues se colorèrent doucement. Il hésita puis, les doigts tremblants écrivit :
« On n'est pas obligés d'être sages après tout ».
Il reposa l'appareil sur un coin de meuble, soudain avec l'impression d'avoir lâché une bombe mais la réponse ne vint pas, pas rapidement en tout cas et l'attente fut insupportable.
Était-il allé trop loin ?
Certes ils avaient convenu d'attendre, de se sentir prêts quand chacun serait au clair avec ses pensées et son cœur mais chaque jour était une nouveauté et depuis qu'ils avaient commencé à parler, ça avait créé un nouveau jeu de séduction. Adieu les regards pleins de sous-entendus, maintenant que chacun était occupé professionnellement parlant, c'était plutôt, bonjour les messages à double sens.
VOUS LISEZ
La Rupture
FanfictionKim Seokjin avait tout ce qu'il voulait dans la vie, des amis fidèles, l'amour de sa vie et un travail stable. Mais les apparences étant souvent trompeuses, derrière son petit monde trop parfait se cachait les aléas de la routine, les secrets, les n...