VII

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Une semaine et deux jours, voilà le temps depuis lequel Namjoon était parti.

Une semaine et deux jours, trois messages et un appel manqué, voilà tout ce qu'il lui avait envoyé. Il fallait multiplier cette somme par trois pour obtenir, à l'inverse, le nombre de messages et d'appels que Jin avait essayé de passer.

Rentrer chaque soir dans cet appartement vide était un peu plus dur chaque jour et un peu plus déprimant, et pourtant il tentait de garder la face.

Ce n'était pas comme si ses dongsaeng le laissaient seul mais chacun avait sa vie et il ne pouvait pas se résigner à pleurer comme un gamin dans leurs bras pour qu'on s'occupe de lui.

Bien sûr que non.

Il était leur aîné et c'était son rôle et sa mission d'être les épaules qui supportaient leurs secrets. Des années auparavant, il avait choisi de prendre la responsabilité de s'occuper de ces six-là et il gardait toujours en tête qu'il devait être fort, pour eux.

L'autre chose qui lui donnait un peu de baume au cœur était les cours de cuisine en compagnie de Naeyon. Le deuxième cours avait eu lieu hier soir et Jin en était ressorti avec ce même sentiment d'apaisement.

Mais en cet instant, les effets n'étaient plus présents et il n'y pensait pas vraiment, il était bien trop concentré à travailler le plus efficacement possible.

Une petite tête se suréleva au-dessus de la paroi du box d'en face et Jihoon fit une moue adorablement mignonne avant de dire :

-Hyung, tu veux un café ?

-Non merci.

Décidément, le regarder dans les yeux après cette scène de la semaine dernière, lui faisait un étrange effet. C'était comme si tout d'un coup, l'adorable maknae s'était transformé en autre chose. Parfois Jin s'inquiétait, se demandant si le gamin était bel et bien consentant et parfois il se questionnait sur ce qui poussait un jeune homme d'une vingtaine d'années à coucher avec un vieux machin comme leur manageur en chef...

Non décidément il n'y comprenait rien.

Il se montrait ainsi plus froid avec le plus jeune et tentait d'arrondir les angles pour que ce dernier ne le prenne pas mal.

En réalité il ne savait pas trop comment se comporter.

L'open-space était dans un chaos habituel à l'approche de la soirée, chacun se dépêchait de remplir son quota avant la fin de la sainte journée et Jin sentait ses épaules et sa nuque lui faire un mal de chien.

Mais comme si quelqu'un, là-haut, avait entendu ses prières, la totalité des écrans s'éteignirent d'un coup. Les lumières aussi, plongeant le grand endroit dans la pénombre. Il y eut des cris de surprise, des injures et même des soupirs de soulagement.

On commença à se questionner, s'agacer, paniquer en attendant que l'électricité revienne. Plusieurs minutes défilèrent ainsi, inhabituelles, car après une coupure le poste électrique d'urgence prenait le relais.

Cette fois on commença à s'impatienter et chacun, portable allumé avec flash ou non, cherchait à savoir ce qui n'allait pas, si c'était tout le quartier ou seulement l'étage.

Les manageurs demandèrent que tout le monde reste calme et le manageur en chef sortit de son bureau pour téléphoner à l'équipe technique.

Jin en profita, dans la pénombre ambiante, pour fermer les yeux et se laisser aller contre le dossier de son fauteuil. Rares minutes de calme et de repos dans cette longue et affreuse journée.


Vingt minutes plus tard, on les informa que c'était une panne de secteur dû à des travaux réalisés sur la route et qu'il faudrait attendre demain matin pour que tout soit réactivé. On grogna, les manageurs se plaignirent de ne pas avoir été informés et paniquèrent à l'idée que les données stockées sur le serveur aujourd'hui puissent avoir plantées.

La RuptureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant