Ibiki poussa un long soupir. Deux semaines. Deux semaines de réunions, d'interrogatoires, de rapports, d'urgence. Il avait eu envie d'hurler tout du long. Ils en étaient arrivés à décider du sort du gamin qu'en dernier lieu. Sasuke Uchiha, le dernier du clan, qui pourtant représentait les derniers espoirs de voir ce clan ressusciter un jour. Shikaku et Tsume s'étaient évidemment proposés de l'accueillir au sein de leur clan. La famille était sacrée pour eux et ils ne pouvaient concevoir qu'un gamin traumatisé reste seul livré à lui même.
Ça avait été refusé.
Refusé sous prétexte qu'aucun clan ne devait tirer profit de l'héritier au même titre qu'aucun clan n'était autorisé à s'approcher du Kyubi pour les mêmes raisons.
Tsume bouillonnait. Littéralement. C'était la deuxième fois qu'on lui refusait de protéger un gamin. Et dans une meute, on accueillait et protégeait n'importe quel chiot. Elle était hors d'elle.
Shikaku plus mesuré avait gardé ses commentaires pour lui, mais ça ne lui plaisait pas le moins du monde de voir un orphelin à nouveau livré à lui-même. Il sentait bien qu'il avait perdu du poids auprès du Hokage et que celui-ci écoutait aveuglément ses anciens coéquipiers désormais conseillés. Konoha n'évoluerait plus positivement jusqu'au changement de Kage.
Inoichi avait prudemment évoqué l'idée de lui accorder un shishou pour qu'il y est au moins une personne pour veiller sur lui et l'entraîner comme l'héritier qu'il était toujours. Le Hokage avait demandé à Kakashi Hatake, celui-ci avait refusé et c'est ainsi que la proposition avait été évincée. Il y avait beaucoup de jonins compétents en dehors des clans... Personne ne comprenait réellement ce que le Hokage cherchait à faire. Toujours est-il qu'un enfant traumatisé avait été abandonné à lui-même. Une nouvelle fois.
Ibiki avait décidé de ne pas chercher à comprendre. Pour une fois. Depuis le début, cette histoire puait le complot interne. Quoiqu'il trouverait ça se terminerait mal. Trop de personnes hautes placées étaient concernées dans l'ombre. Le massacre des Uchiha était un sujet clos.
Il n'avait plus qu'une idée en tête : voir Amaria.
Voilà des jours qu'il ne pensait qu'à cela. Elle avait dû apprendre qu'il était de retour depuis le temps. Il n'en restait qu'elle était en plein deuil. Il se devait d'être là pour elle. Il était ninja, elle avait normalement compris qu'il n'avait pas eu le choix de se consacrer entièrement à son travail.
Bon, ok. Il était légèrement anxieux de la revoir après tout ce temps.
Un peu avant de partir du travail, il envoya deux de ses invocations à sa recherche. Il n'était pas mauvais en traque, mais il n'allait tout de même pas ratisser tout le village. Ses invocations avaient le mérite d'être très discrètes.
Un peu plus tard, il la retrouva devant le mémorial dédié aux Uchiwa. Son regard parcouru les noms gravés dans la pierre, certains qu'il connaissait, d'autres inconnus, avant de se poser sur la silhouette agenouillée devant. Elle venait de déposer un bouquet de fleurs. Il nota sa tenue sombre et l'absence de mèches dans ses cheveux, plus aucune trace de bleu.
Il s'arrêta à ses côtés et resta silencieux.
L'entendre sangloter lui brisa le cœur. Il n'était pas du genre à s'épandre en sentiments. Il avait l'habitude de la mort et ne pouvait pleurer pour tous ceux qui disparaissaient trop tôt. Le silence s'étendit longtemps. Il en profita pour se recueillir silencieusement, priant la flamme de la volonté de ne jamais plus permettre telle tuerie et de protéger le futur.
— I... Ibiki... P-pourquoi ont-ils permis cela, questionna-t-elle enfin dans un murmure.
— Je ne sais pas, Amaria. Il est certainement préférable de ne pas le savoir, pour ta propre sécurité.
— Mais Konoha...
— Je sais, la coupa-t-il.
Il surveillait que personne ne les écoutait, mais il ne pouvait la laisser énoncer à voix haute quelque chose qui la mettrait inévitablement en danger.
— Je sais que c'est difficile, que garder le silence après un tel acte est... Compliqué. Mais, je ne veux pas que leur prochaine cible soit toi. Je ne veux pas avoir à te faire parler. Je ne veux pas qu'il t'arrive quoique ce soit. Et si... Si tu prononces ces mots devant les mauvaises personnes, au mauvais endroit... Ça ne leur prendra qu'un instant de te faire disparaître. Inventer un mensonge pour couvrir ta disparition ne sera qu'une formalité pour eux. Alors, s'il te plaît... Je... S'il te plaît n'évoque plus cette possibilité. Tu ne mérites pas de mourir.
Ibiki repris son souffle. Il se sentait libéré d'un poids. Amaria se mit à pleurer de plus belle. Elle savait tout ça, mais c'était si difficile. Les mots d'Ibiki la touchèrent. Savoir qu'elle comptait encore pour quelqu'un était rassurant et apaisant. Il ne la laisserait pas tomber, malgré tout ce qu'elle avait pensé ces dernières semaines.
Ibiki posa son manteau sur les épaules de la jeune femme en voyant qu'elle tremblait de froid. Ses sanglots s'étaient peu à peu apaisés et il n'était resté que le silence. Il n'arrivait pas à déterminer depuis combien de temps, il était debout près d'elle. Elle lui avait dit qu'il pouvait partir que ça irait pour elle, le tout entrecoupé de sanglots. Il était resté, n'avait rien dit de plus. Il était là pour elle, ne la laisserait pas, mais il savait d'expérience que dans le chagrin les mots faisaient bien peu de choses.
Amaria resserra les pans du manteau autour d'elle appréciant la chaleur qui s'en dégageait. Elle inspira discrètement l'odeur. Il lui avait manqué plus que ce qu'elle avait pu imaginer et ce malgré qu'elle ait presque réussi à se convaincre qu'elle n'avait pas besoin de lui.
Elle releva son visage pâle vers lui, il avait le visage tourné vers l'horizon, concentré à surveiller qu'il n'y avait aucune menace. Sentant son regard, il baissa les yeux vers elle. Ils s'observèrent sans un mot, puis Ibiki lui tendit la main. Elle s'en saisit. Il était temps de rentrer, la nuit tombait.
Elle le suivit sans un mot, même quand elle se rendit compte qu'il ne la raccompagnait pas chez elle, elle ne dit rien. Il avait toute sa confiance et elle ne voulait pas être seule.
Elle se retrouva bien vite devant une petite maison excentrée. Ibiki désactiva rapidement les deux pièges qui maintenaient la porte close. Pas besoin de clef quand on est un shinobi de talent. Il l'invita à s'installer sur l'un des deux fauteuils qui trônaient dans le salon. Il y avait peu de décoration, juste assez de meubles pour que ça ne paraisse pas vide. Pour autant ça ne semblait pas impersonnel, quelques photographies étaient disposées. Deux ou trois armes reçues en cadeau lors de missions étaient posées sur des socles. C'était petit et fonctionnel, tout ce qu'il fallait pour quelqu'un qui ne passait que ses nuits ici.
Quelques minutes plus tard, il lui servit un thé pour qu'elle se réchauffe. Il entreprit ensuite de préparer un repas. Après tout, il le lui avait promis. Il avait côtoyé suffisamment d'Akimichi pour se débrouiller en cuisine, pour rester en forme il se devait de manger équilibré et varier. Et pour cela, il ne pouvait compter que sur lui-même.
Amaria ne le quittait pas des yeux, hypnotisée de le voir s'affairer en cuisine. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il tienne sa promesse maintenant. Pour tout dire avant de le voir sortir casseroles et poêles : elle avait totalement oublié qu'il lui devait un repas. Finalement, elle se rendit compte qu'elle n'avait besoin que de cela. De passer un moment tranquille et doux auprès d'une personne qu'elle aimait.
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Douce Torture || Ibiki Morino
FanfictionIbiki avait toujours voué sa vie à son village. Petit, il avait cherché le meilleur moyen de le servir et de le protéger : quoi de plus important dans un village ninja que les informations ? Alors, il avait appris à les protéger et les obtenir. Il a...