Chapitre 3

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Je découvris que Billy et Jacob n'étaient pas difficiles à vivre. J'avais une très grande liberté, on ne me disait rien si je sortais en pleine nuit pour aller me balader sur la plage. En fait, la seule règle était de ne pas me rendre en forêt toute seule. Aujourd'hui, c'était la rentrée, et aussi mon premier jour dans mon nouveau lycée. J'étais un peu anxieuse qu'on vienne m'emmerder. Ce matin-là, je me douchais en quatrième vitesse, et me fit une tresse africaine. Ma tenue était simple, un jean noir troué aux genoux, et un haut blanc légèrement transparent qui descendait jusqu'à mes fesses. Je pris quand même ma veste en cuir. Mon sac était fait, et Jacob m'attendait près de sa moto.

- C'est bon, la princesse est prête ? se moqua-t-il.

- Yep.

Je montai sur sa bécane et enfilai le casque. Je m'accrochais à sa taille, tandis que nous roulions dans la ville. A mesure que nous nous rapprochions du lycée, je pouvais sentir le regard des autres sur moi. Et oui, personne ne savait pour moi, j'étais la nouvelle qui n'était pas sortie de la Push depuis son arrivée. Il ne se gara pas mais s'arrêta, et je descendis aussitôt. Voilà maintenant le moment de découvrir mon visage. Je mis le casque sur la tête de mon cousin et serrait la sangle un petit peu trop.

- Arhg, t'es chiante, grogna-t-il en desserrant un peu, afin de respirer.

- Mais je suis une princesse, je fais ce que je veux, répliquai-je. Tu me récupères ce soir ?

- Si je m'en rappelle, l'énerva-t-il le sourire aux lèvres.

- Va te faire, ris-je.

Je lui tournai le dos et me dirigeai vers le secrétariat, pour recevoir emploi du temps et tout le tralala. Mon plan à la main, je tentai de me repérer dans ces locaux inconnus, en ignorant du mieux que je pus les regards sur moi. Je devais prendre sur moi pour ne pas m'énerver et causer une bagarre. J'arrivais enfin en cours, me présentai rapidement et m'assit dans un coin, près de la fenêtre. Je n'étais pas très assidue, et mon attention fut accaparée par un groupe sur le parking. Ils étaient pâles comme la mort, et n'avaient pas l'air de rentrer dans les bâtiments. Ils séchaient peut-être. Je les trouvais un peu atypiques, comme s'ils faisaient partie d'une autre époque. Ou alors, c'était mon imagination de dessinatrice expérimentée qui me faisait voir des choses. Soudain inspirée, je sortis mon calepin et les observai. Tout en les regardant, je commençai un croquis rapide, pour mettre en forme le tableau. J'adorais dessiner des personnes, même des animaux. Les paysages, je trouvais ça peu intéressant.

Ils durent se sentir observés, parce que d'un coup, ils se tournèrent vers moi. Je n'étais pas la seule à la fenêtre, et pour ma défense, ils étaient la seule chose qui me gardait éveillée, vu que le parking était désert. Néanmoins, j'eus la décence de détourner le regard, et de faire semblant de me concentrer sur le passionnant cours du professeur d'histoire. Toute la matinée, je gribouillais dans mon calepin, sans parler à personne. J'étais du genre solitaire, et ça m'allait très bien. Lors de la pause, un problème se posa. Manger seule ne m'embêtait pas, mais je ne pouvais pas privatiser une table à moi toute seule, et hors de question de m'incruster dans un groupe. J'étais légèrement indécise, plantée au milieu de la cafétéria, et scrutant la foule.

Je finis par trouver une place libre au fond. C'était des adolescents en seconde, qui ne me posèrent pas plus de questions et me laissèrent dans mon coin. Je mis mes écouteurs pour ne plus entendre leurs rires. J'étais plongé dans mon monde, et ne remarquai absolument pas le groupe de tout à l'heure venir s'installer à la table en face de moi. Cette fois, ils étaient accompagnés d'une jeune fille brune, qui paraissait ridiculement fragile à côté d'eux. Je vis qu'ils étaient tous penchés en avant, comme s'ils se faisaient d'énormes confidences. On claqua des doigts devant mes yeux, et je revins sur Terre.

- Tu vas manger ton dessert ? me demanda un garçon d'environ quinze ans je dirais.

- Prends-le.

Je le lui donnai et repoussai mon assiette. Moi qui avais d'habitude un appétit d'ogre, je n'avais rien mangé. C'était probablement parce que mes règles arrivaient bientôt. Je m'en fichais un peu en fait. Vu que je n'avais plus rien à faire, je me levai et me dirigeai vers la sortie après avoir débarrassé mon plateau. La fin de journée fut un calvaire. Le prof de maths voulut me parler après le cours, par rapport à mon inattention. Je le laissai parler. Sur le parking, il y avait du monde, et je n'arrivais pas à me repérer. Où était Jacob ? A moins qu'il ait vraiment oublié de venir me chercher. Ce n'était pas un problème, je pouvais rentrer à pied. Je me mis en marche, quand on me bouscula fortement. Ce n'était pas intentionnel, heureusement d'ailleurs, sinon je me serais énervée. Mais je perdis l'équilibre, et manquai de tomber par terre. Mais quelqu'un eut le réflexe de me rattraper, et de me redresser.

- Merci, dis-je en jetant un coup d'œil à mon sauveur.

C'était un blond aux yeux noisette avec des reflets dorés. Il faisait partie du groupe des « hommes-pâles ». D'ailleurs, ses amis l'attendaient près d'une Volvo scintillante. Ils nous regardaient avec intérêt, et cela me mettait mal à l'aise. J'avais l'impression d'être une souris face à un prédateur, et je n'aimais pas ça du tout. Je fronçai les sourcils, et comme je n'avais rien d'autre à dire, je tournai les talons.

- Eh princesse ! entendis-je hurler.

Je souris et pris le casque des mains de mon cousin. Je regardai une dernière fois en direction des « hommes-pâles », et frissonnai en me rendant compte qu'ils ne me lâchaient pas des yeux. C'était flippant à ce niveau-là. Jacob suivit mon regard et sa mâchoire se contracta. Visiblement, il ne les aimait pas beaucoup. Je renonçai à lui poser des questions, ça ne me regardait pas. Je montai derrière lui et m'accrochais à sa taille. Il démarra et sortit rapidement de ce foutu parking, direction la réserve !

I'm the hybrideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant