Chapitre 8

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C'était si passionnant. J'avais tant d'images de cette légende en tête, qu'elles me bercèrent, et que je finis par m'endormir. Je fis de merveilleux rêves, et quand je me réveillai le lendemain matin, c'était parce qu'une main me caressait doucement la joue. J'allais ouvrir les yeux quand j'entendis des voix qui parlaient, probablement les garçons déjà debout.

- Tu t'es imprégné d'elle. C'est merveilleux.

- C'est dangereux surtout. Il est impulsif, alors avec eux dans le coin, il va nous piquer une grosse crise.

- On s'en occupera en temps et en heure.

Bon, je n'avais strictement rien compris. Je grognai pour les prévenir que j'étais réveillée, afin qu'ils fassent attention à ce qu'ils disaient. Je n'avais pas envie de me retrouver à écouter une conversation de mec sur le sexe ou que sais-je.

- Alors Princesse, on fait la grasse mat, ricana Jacob.

- Hmm, t'emmerde, répondis-je en me collant un peu plus à mon coussin.

- Debouuuut Nananis, me sauta dessus Jared.

Je le fusillai du regard et me redressai. J'étais en maillot de bain, encore, et la couverture glissa sur mes genoux. Je me mis sur mes deux pieds en hurlant que si je l'attrapai, je lui faisais manger ce qui faisait de lui un homme. Jared partit au quart de tour, en se moquant de moi. Il allait beaucoup trop vite pour moi, et pourtant, j'avais de l'endurance. Je finis par abandonner, et repris mon souffle. J'avais des choses de prévu dans la journée, aussi je dis au revoir aux gars en leur promettant de revenir. Je passais me changer et prendre une douche, puis je pris mon skate et me rendis en ville.

J'étais assise dans un café, et je travaillais un peu mes maths, quand une brune vint s'asseoir en face de moi. Je la reconnaissais, c'était la Cullen la plus fragile. Elle ne me paraissait pas dangereuse, donc je me détendis. Elle entama la discussion avec moi, et eut la délicatesse de ne pas me parler de ses potes. Je l'aimais bien, elle état agréable. Elle vit mon skate et me dit qu'elle ne savait pas en faire, parce qu'elle était trop maladroite. Je lui proposai de lui apprendre, et que je la tiendrai. Elle accepta avec joie. Visiblement, à rester avec les Cullen, elle s'était enfermé dans une bulle et ne voyait pas grand monde. Personnellement, je trouvais ça dommage, mais ce n'était pas mon choix. Pour ne pas qu'elle se blesse, on se rendit en bord de forêt. Je lui montrais une première fois, et quand elle essaya de faire pareil mais qu'elle se cassa la figure, je compris ce qu'elle voulait dire par maladroite.

Je l'aidais du mieux que je pouvais, mais souvent, nous tombions par terre. A chaque fois, je faisais attention à ce qu'elle tombe sur moi, pour amortir un peu. Je ne voulais pas qu'elle se blesse, surtout si après les Cullen venaient m'embrouiller avec ça. On riait bien, et elle commençait à comprendre le truc, quand j'entendis un énorme craquement derrière nous. Je me retournai et hurlai de peur. Un puma nous faisait face. Comment était-il arrivé là ? Aucune putain d'idée. Je remarquai qu'on s'était vachement éloigné de la ville, et que personne ne nous entendrait crier à l'aide. Je pris Bella par la main et la tirai à ma suite dans la forêt. Il fallait qu'on fuie le plus vite possible.

Mon cerveau tournait à cent à l'heure, je devais trouver une solution. Le puma devait être aveugle, parce qu'il avait du mal à nous suivre. Je me tournai vers Bella, et lui arrachai son t-shirt, la laissant en soutien-gorge. Ce n'était pas le plus important, entre mourir et me retrouver à poil, je préférais encore la deuxième option. J'enlevai aussi mon haut, et les jetai au loin.

- Cours !

Elle m'écouta, et ma ruse fonctionna. Le puma était bel et bien aveugle, et nous suivait à l'odeur. Il fut désorienté un instant, car nos odeurs partaient dans deux sens. Je m'arrêtais et enlevais rapidement mon pantalon. Bella fit de même, et encore une fois, on laissa nos affaires au loin et on partit dans le sens opposé. J'aperçus un arbre aux branches basses, et je me dépêchai d'y faire grimper la brune. J'escaladai avec plus d'aisance qu'elle, et en faisant attention à ce qu'elle ne tombe pas dans le vide. Nous montâmes aussi haut que possible, et on ne bougea plus. Je retins ma respiration quand la bête passa juste en dessous de notre arbre. Elle tourna autour un instant, avant de renifler en l'air. Mon dieu, elle ne devait pas grimper, où nous étions fichues.

- Atchoum !

Bella posa une main sur sa bouche, horrifiée. Elle n'était pas la seule. Je vis le puma monter une branche après l'autre. J'avais peur, nous n'avions pas d'armes, pas de réseaux, et aucune porte de sortie. Les larmes menaçaient de couler. Le puma arriva à notre niveau, et dans le désespoir, je lui donnai un coup de pied sur le museau. Bella pleurait à mes côtés, et elle hurlait, mais ça n'aidait pas. Pas du tout. Sauf que je n'étais qu'une adolescente de dix-sept ans. Le puma me griffa toute la jambe avec sa patte, et sous l'emprise de la douleur lancinante qui s'étendait rapidement, je hurlais. Comme un animal.

Ce cri inhumain que j'avais produit, c'était comme quelque chose qui se débloquait. Ma vue devint bizarre, je voyais chaque détail, chaque petite feuille de cette forêt. Après, ce fut le tour de mes cinq sens : j'entendais tout, de la pulsation du sang de Bella jusqu'aux pas des fourmis ; je sentais chaque petite odeur, même celles que je ne connaissais pas. J'étais pétrifiée, paniquée, et Bella ne m'aidait pas. J'avais l'impression qu'elle me hurlait dans les oreilles. Je n'avais plus de force, et le puma allait nous dévorer. Moi aussi je pleurais.

A ma grande surprise, de l'aide arriva. Je savais juste que le puma se désintéressait de nous, et je m'évanouis à cause de la douleur insupportable. Je repris conscience ce qui me sembla être quelques heures plus tard. J'étais dans un endroit inconnu, et je me mis à paniquer. Je me redressai en faisant la grimace, toute contusionnée. En tout cas, la maison était très belle et très propre. A croire que personne ne vivait ici. Je marchai dans un couloir, et arrivai près d'un escalier. Je descendis en entendant des voix en bas. J'étais encore trop épuisée pour comprendre ce qu'il se disait, mais à mon avis, c'était une dispute. J'entrai dans un immense salon avec une grande baie vitrée. Il y avait du monde.

Je tombai des nues en apercevant les Cullen, au complet. Même le docteur était là. Ils s'arrêtèrent tous de parler pour me regarder, comme si j'étais un miracle. Je m'étais simplement servie de ma débrouillardise pour fuir un animal sauvage, pas de quoi en faire tout un plat. Je restai immobile, indécise. Bella semblait en parfaite santé, sans aucune égratignure. Je n'avais alors aucune raison de rester dans cette maison de fous, et me dirigeai en courant vers ce que je pensais être la porte d'entrée. Et je me figeai à nouveau. Dehors, six loups grognaient. Je blêmis, terrifiée. Je ne savais pas ce qui était le pire entre les Cullen et ces loups. Comment se faisait-il qu'il y ait autant de bêtes sauvage dans une forêt en bordure de ville ?

A ma vue, ils s'approchèrent rapidement. Je ne cherchais plus à comprendre, et leur fermai la porte à la gueule. Je tremblais, je ne comprenais rien, et j'avais très mal à la tête. Je me reculai contre le mur, aussi loin que possible des loups et des Cullen. Je pliai mes genoux contre ma poitrine, et pleurai. Je pleurai parce que j'avais failli mourir, parce que je me sentais terriblement en danger, parce que ma jambe n'avait aucune cicatrice de ma blessure. J'étais en état de choc, je n'entendais pas ce que le docteur me disait. Soudain, la porte fut enfoncée, et un loup me sauta presque dessus. Je hurlai, me débattis du mieux que je pus. Je ne sais pas comment, mais je réussis à briser une patte de la bête, qui s'éloigna en couinant.

A cet instant, cela ne me choqua pas. J'avais cassé les os d'un animal deux fois plus grand et plus gros que moi, d'un simple mouvement. D'ailleurs, le reste de ses copains ne semblaient pas très contents. Le loup argenté se releva et leur grogna dessus. Il s'approcha en boitillant vers moi, et cette fois, je me laissai faire. Je fermai les yeux et attendis qu'il me morde, m'arrache la tête ou m'éventre. Mais il n'en fit rien, et sa gueule se frotta à mon cou. Je ne pouvais pas bouger, je continuais de trembler et ma respiration était irrégulière. Sans parler des larmes qui dévalaient mes joues.

Je finis par me calmer petit à petit, du moins assez pour reprendre mes esprits. Un calme apaisant m'envahit, me permettant d'arrêter de sangloter comme une enfant. Je restai assise au sol, le loup collé à moi ; J'avais peur, très peur qu'il ne change d'avis et me dévore. Le silence revint dans la pièce. Je voulais comprendre ce qu'il se passait, ce qu'il m'arrivait. Des loups domestiques, des... autres trucs bizarres... Je soufflais un bon coup et lentement, sans faire de gestes brusques, je me déplaçai. Je fis bien attention à mettre la table entre moi et tout le monde. Mes mains étaient crispées sur une chaise, mes jointures blanches.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demandai-je d'une voix livide.

I'm the hybrideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant