Chapitre 18

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Gray

Ça fait déjà plus de quinze minutes que je suis assis sur ce canapé avec Juvia. Elle n'a pas bougé d'un pouce, gardant le plaid contre sa poitrine tout en fixant l'écran de télévision comme si je n'étais pas là. Si je ne la connaissais pas aussi bien, je jurerais qu'elle ne m'a pas vu. En dépit du moment où nos yeux se sont croisés. Mais elle m'a bien vu, elle fait juste tout son possible pour me faire croire le contraire. Faire semblant que ma présence ne la met pas mal à l'aise.

Alors que c'est faux.

Et j'avoue que ça me fait grave chier.

Son corps est tendu, sa mâchoire tique dès que je l'observe à la dérobée et ses mains sont crispées sur le tissu en laine. Ça fait une semaine que nous avons eu cette discussion à la sortie de la Bibliothèque, et les choses entre nous n'ont pas changé. Peut être que j'en suis en partie responsable. Je n'ai pas non plus cherché à revenir vers elle comme avant, dans le couloir quand je la croisais, dans la cuisine ou même toutes les autres pièces de cet appartement que nous partageons. Parce que ça me saoulait de la voir agir comme ça, à m'éviter bêtement. Natsu m'a même demandé si quelque chose clochait avec Juvia.

Elle m'a embrassé.

Mes yeux glissent instinctivement sur ses lèvres et je la vois se les mordre. Je me détourne aussitôt et continue à regarder d'un œil distrait les images qui défilent sur l'écran. Essayant pour la centième fois cette semaine de refouler les souvenirs de Juvia allongée sous moi sur ce canapé, alors qu'elle plaque sa bouche contre la mienne. Je passe une main lasse sur mon visage. J'ai menti à Natsu. Lui jurant qu'il ne se passait absolument rien et que sa sœur était simplement dans sa période un peu casse-couilles et que j'avais autre chose à foutre que de me prendre la tête avec ça. C'était presque vrai. J'ai préféré me concentrer sur mes cours, le football et même sur ma relation avec Ultia plutôt que de courir après Juvia. Je sais qu'elle a besoin de prendre du recul sur ce qui s'est passé, et quoi qu'elle m'ait dit, elle n'a pas oublié.

Sauf que je suis dégoûté qu'elle ait, elle aussi, laissé la distance s'installer entre nous.

Parfois je la surprends à rougir lorsque nos bras se frôlent, que nous nous retrouvons tous les deux dans une pièce où qu'elle est obligée de me faire face en sortant de la salle de bain. Ça ne lui arrivait jamais avant. Jamais! Et il n'a fallu que d'un seul petit moment d'inadvertance pour que tout change entre nous.

C'était stupide, alors peut être que j'ai préféré lâcher l'affaire. Lui laisser de l'espace, pensant bêtement qu'elle allait revenir d'elle même. Comme une grande. Mais elle a pris encore plus de distance. Je ne suis pas aveugle, je sais qu'elle a passé sa semaine chez son mec pour une bonne raison. Elle cherchait par tous les moyens à s'éloigner de l'appartement. Ou plutôt, de moi.

Ça a bien fait chier Natsu d'ailleurs, qu'elle aille se réfugier chez Sting à la moindre occasion. Gajeel, lui, se contente de la soutenir comme il l'a toujours fait. C'est Juvia, il l'adore et il est bien le seul à trouver son mec sympa.

Moi ça m'a soûlé.

Je soupire et croise les bras tout en basculant ma tête sur le dossier du canapé. Je fixe le plafond une longue seconde avant de soupirer et de tirer sur le plaid emprisonné dans les mains de Juvia. Elle n'oppose aucune résistance et la couverture glisse avec une facilité déconcertante jusqu'à se retrouver sur mes genoux. Je souris comme un idiot en surprenant son regard sur moi une fraction de seconde.

-Et oui. Je suis toujours là, dis-je en ricanant.

-J'avais remarqué, Einstein!

-Elle est de retour!

D'Amour ou D'amitié Où les histoires vivent. Découvrez maintenant