D'Amour ou D'amitié

Epilogue

Juvia

-Allez donne moi ça!

Natsu récupère le carton que j'ai dans les bras et pousse la porte à l'aide de son pied. J'entre dans l'appartement et me laisse submerger par une brusque bouffée de chaleur.

C'est chez moi.

Le sourire aux lèvres, je fixe mon frère qui déambule dans le salon pour aller déposer dans un coin ce qu'il tient dans les mains .

-Tu as l'intention de t'installer pour dix ans, Lockser?

Mon cœur rate un battement et je me tourne vers la voix rauque dans mon dos. Adossé contre le chambranle d'une porte, Gray m'observe de la tête aux pieds avec ce regard qui me donne littéralement envie de fondre.

-Au moins dix ans. Oui, fais-je, la voix cassée.

Pas par le stress. Pas par la tristesse. Non, par une joie incommensurable. Un truc qui déferle dans mes veines alors que je le vois me détailler avec un sourire fier et doux.

-Bon, vous pouvez attendre que je parte avant de vous envoyer en l'air tous les deux?

Je sursaute et me tourne vers Natsu qui grimace, il fait signe qu'il est sur le point de vomir et j'explose de rire, le faisant lever les yeux au ciel.

-Mon Dieu, je vais être tranquille à Stella, loin de tout cet amour dégoûtant.

-Tu vas te faire chier sans nous, vanne Gray. Sans ta petite sœur casse couilles et tes meilleurs potes!

-Tu peux ajouter casse couilles pour vous aussi, enchaîné-je en lui faisant un doigt d'honneur.

Il se marre.

-Tu pars à quelle heure?

-Mon avion décolle ce soir. Le temps de vous aider à vous installer, je file récupérer ma valise chez les parents d'ici une petite heure et ensuite je passe prendre Lucy.

Ma poitrine se serre. Parce que je sais que mon frère s'en va chez les «Dragons» de Altair, où il a signé un contrat avec l'équipe NFL et que je ne vais plus le voir aussi souvent que je le voudrais. Fini la colocation, fini les années à se chamailler chez les parents, à nous prendre la tête parce qu'il se comporte comme si j'avais encore 12 ans alors que nous n'avons qu'un an d'écart. Fini les enguelades, les câlins et les moments complices. Il part vivre au royaume de Stella, là où le ciel brille plus que nulle part ailleurs, et je suis ravie pour lui. D'autant qu'il ne sera pas seul. Sa petite amie, Lucy, où devrais-je plutôt dire, sa fiancée, étant donné qu'elle a accepté sa demande la semaine dernière, l'accompagne . Elle qui étudie l'astronomie ne pouvait pas rêver meilleure opportunité. Mais même si je sais que tout ira bien pour eux, je ne peux m'empêcher d'avoir le cœur lourd et je ravale un sanglot en sentant une main qui se pose en bas de mes reins.

-On viendra te voir, dit mon petit ami à mes côtés. Je pensais prendre une semaine de vacances pour venir t'encourager cet hiver.

-Quand vous voulez!

Mon frère lève un pouce et je souris. Le «vous» traverse ma poitrine et me réchauffe le cœur. Parce qu'il en aura fallu des mois pour qu'il s'autorise à le dire. Pour qu'il nous considère comme un couple. Pour qu'il nous accepte tout court. Et le voir là, debout en plein milieu du salon, les mains dans les poches, alors que c'est chez nous, ça me serre la poitrine.

De joie.

Une immense joie.

-Surtout, vous battez pas pour venir m'aider, hein!