𝐓𝐡𝐫𝐞𝐞

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Le trajet fut long et pénible, en particulier pour tous ceux qui devaient supporter Thomas et son impatience. Le garçon venait vérifier la durée restante du trajet toutes les deux minutes, au plus grand désespoir de Jorge. Les survivants ayant choisi le Refuge en partie pour son éloignement de Denver, le trajet n'était pas des plus rapides.

Thomas ne cessait de faire les cent pas à travers le berg, incapable de rester assis. Ils n'étaient plus très loin de Denver, mais cette information rendait le garçon encore plus impatient. Il énervait tous les passagers, bien sûr, mais ils essayaient tous de faire un effort et de se montrer compatissants. Jusqu'à ce que la tentation de l'arrêter en l'étranglant soit trop forte pour Gally.

-Bon, ça suffit. Tu nous épuises à tourner en rond, comme ça !

-Il a raison, souffla calmement Frypan. User le sol ne va pas nos faire arriver plus vite.

-Alors qu'est-ce que je suis censé faire ? Je ne peux juste pas rester assis sans rien faire.

-Et bien commence par trouver un plan ! s'écria Jorge depuis le compartiment du pilote. Vince a accepté de vous laisser partir si tôt juste parce que tu lui as promis que tu trouverais un plan pendant le trajet.

Thomas regarda le sol. À vrai dire, il cherchait un plan depuis le début du voyage. Seulement, aucun d'entre eux n'était pas dangereux, voire suicidaire.

-Tu n'as pas de plan, c'est ça ? soupira Gally.

-Si ! Mais...

-Tu n'as pas de plan qui n'est pas suicidaire.

-Tu pourrais chercher toi aussi ! Je ne vais pas trouver tout seul. On ne sait même pas à quoi ressemblent véritablement leurs locaux, s'ils sont dans un hôpital de fortune, ou même leur localisation !

-Pour ce qui est de leur localisation, intervint Jorge, je pense les avoir repérés. On arrive.

Thomas se redressa d'un bond, vite suivi par Minho. Ils se collèrent aux fenêtres du berg en tentant d'apercevoir un quelconque quartier général, mais tout ce qu'ils trouvèrent furent les murs en béton armé désormais emblématiques de la dernière ville.

-Rien en dehors des murs, signala Brenda. Ils se sont reconstruits à l'intérieur.

-Je croyais que tout avait brûlé, fit remarquer Minho.

-Tout comme on croyait que Newt et l'homme-rat étaient morts.

Thomas, lui, n'écoutait la discussion qu'à demi-mots. Ses yeux ne lâchaient pas la vue imprenable de Denver, là où se trouvait Newt. Il était si proche de lui, si proche de son but... Son cœur battait un peu plus vite à chaque seconde qui s'écoulait, chaque mètre que le berg grignotait de la distance avec les buildings détruits le faisait se sentir un peu plus vivant. Et soudain, quelque chose dans le paysage retint son attention. Collé aux murs Ouest de la ville, presque entièrement caché par des tours et des débris, un grand bâtiment semblable à un bunker. Il était récent, Thomas en était sûr. Et ce dont il était encore plus sûr, c'était que le WICKED s'y trouvait. L'inscription en lettres capitales "WICKED : World In Catastrophe, Killzone Experimental Department" sur les façades blanches de l'endroit le lui prouvait.

-J'ai trouvé, souffla-t-il simplement, toujours incapable de détacher son regard de la vue.

Les minutes qui suivirent furent d'une lenteur absolue pour Thomas. Jorge n'arrivait pas à trouver un endroit pour poser le berg, la hâte de revoir Newt lui faisait mal au ventre, et surtout, il avait peur. Il avait très peur de l'état dans lequel il allait retrouver Newt, s'il allait vraiment le retrouver.

Finalement, Jorge posa le berg près des portes de la ville, suffisamment proche du bunker de façon à ce qu'ils puissent fuir en vitesse si nécessaire. Quand la porte du véhicule s'ouvrit, Thomas sentit une main se poser sur son épaule.

-Donc on n'a toujours pas de plan, c'est ça ? fit Jorge.

Thomas hocha la tête tristement.

-Vous n'y allez pas tous, déclara alors le pilote. Seulement deux ou trois.

Ils se mirent d'accord rapidement : Thomas, Minho et Gally iraient, Brenda, Frypan et Jorge resteraient en retrait et n'interviendraient que s'ils recevaient le signal. Signal qui s'apparentait à une fusée de détresse trouvée au fond d'une caisse d'un berg et dont Thomas doutait sincèrement de l'efficacité.

-On prend des armes, déclara Minho en s'emparant de plusieurs lanceurs et pistolets.

Il avait cet air déterminé qu'il arborait autrefois, dans le labyrinthe, avant de franchir les murs. Ce constat fit frissonner Thomas.

-On n'attaque pas. Sinon, on aura aucune chance de récupérer Newt, fit Thomas. Par contre, on se tient prêts à se défendre au cas où les choses déraperaient.

-J'espère sérieusement pour toi qu'on ne va pas mourir, sinon, tu risques de le regretter. Je t'ai pas suivi dans ce merdier pour rien, grogna Gally.

-T'inquiètes.

Thomas s'efforçait de se montrer convaincant, mais lui-même doutait fortement de ses propos. Rapidement, ils se mirent en route vers le bunker, prêts à parer une quelconque attaque. Pourtant, rien ne se passa. Ils arrivèrent jusqu'à l'entrée du bâtiment sans qu'aucun signe de danger ne se manifeste, et quand la grande porte blindée s'ouvrit, Thomas fut le premier à y entrer.

-C'est trop calme, souffla Minho derrière lui.

Ils entrèrent dans une pièce plongée dans le noir total, toujours sur le qui-vive. Et alors que Gally allait dire quelque chose, la lumière s'alluma d'un coup, dévoilant une vision d'horreur.

Quatre gardes plantés devant eux, arme à la main. L'homme-rat derrière avec son sourire sadique, puis derrière, bloqué entre deux pointes de fusils, Newt.

𝐀𝐟𝐭𝐞𝐫 𝐭𝐡𝐞 𝐞𝐧𝐝 [𝐍𝐞𝐰𝐭𝐦𝐚𝐬]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant