S'il ne vivait pas dans un refuge isolé de toute civilisation, Blythe aurait pu faire carrière dans la divination.
— Je peux savoir ce que vous faites là tous les deux ? demanda Porter.
Comme promis, le livreur avait accepté d'accompagner Blythe jusqu'au lac afin d'y récupérer les enregistrements des capteurs et divers instruments installés par Joy. La plupart des données circulaient par un réseau Internet fermé, mais le Plan-Miroir avait la mauvaise habitude de perturber les communications. D'où les enregistrements physiques, qui ne risquaient pas de disparaître comme par magie.
Les deux amis étaient sur le point de partir, vêtus de chaussures confortables, d'un imperméable au cas où le ciel clair se montre instable, et d'un sac à dos contenant de l'eau, des en-cas et de nouveaux disques de données. Mais leur départ était retardé.
— Je vais devenir fou si je reste enfermé dans le refuge, lança Isaac, les mains dans les poches.
L'adolescent fixait Porter avec un large sourire qui se voulait innocent, mais qui ne parvenait pas à dissimuler l'éclat victorieux de son regard. À ses côtés, Poppy soupira.
— Joy a accepté qu'il sorte à condition que quelqu'un l'accompagne. Donc me voilà.
Blythe se tourna vers Porter en haussant les sourcils, comme pour proclamer je te l'avais dit !, mais le livreur l'interrompit d'une main.
— Ne commence pas, je t'en supplie. OK, tu avais raison. J'aurais dû m'en douter. Blythe, ça te va ?
Blythe était un peu le leader pour toutes les sorties qui concernaient le lac. C'était lui qui s'y rendait le plus souvent, généralement seul, et il connaissait le chemin par cœur.
— Je ne vois pas de raison de dire non. Les capteurs disent que le Plan-Miroir est calme en ce moment, et la journée s'annonce belle.
— Parfait ! On y va ?
Isaac n'attendit pas de réponse avant de se mettre en route. Porter jura avant de se précipiter à sa suite.
— J'espère qu'on ne vous dérange pas, fit Poppy.
Elle glissa son bras dans le coude de Blythe. Ils marchaient plus lentement, laissant Isaac dépenser son trop-plein d'énergie et épuiser Porter.
— Non, pourquoi serait-ce le cas ?
— Peut-être que tu voulais passer un peu de temps en tête à tête avec Porter. Avoir un pique-nique romantique sur les rives du lac, profiter de vos retrouvailles avant qu'il ne reparte.
Blythe gloussa.
— Ce n'est pas comme ça, avec Porter. On ne fait pas ce genre de choses.
— Ah, mais tu ne voudrais pas ?
— Pas vraiment. Ce n'est pas ce que nous cherchons tous les deux. Ce que l'on a, même si ça paraît n'être pas grand-chose, nous suffit amplement.
Poppy ne répondit rien pendant un moment, avant de lui faire un clin d'œil.
— Le sexe doit être phénoménal, déclara-t-elle avec un petit soupir envieux.
— Tu n'as pas idée...
Porter et Isaac se retournèrent quand ils entendirent Blythe et Poppy éclater de rire, avant de comprendre qu'il n'y avait aucun danger et de reprendre leurs bêtises.
— Je suis heureuse pour toi, déclara Poppy une fois l'hilarité passée. Tu mérites de te détendre, et Porter aussi. Vous vous faites du bien.
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SERENDIPITY
Ciencia FicciónÀ ce moment précis, alors qu'ils étaient entrelacés, Blythe était persuadé que l'éternité leur tendait les bras. Cela lui apparaissait comme une évidence : Eden et lui étaient liés. Là où l'un allait, l'autre suivait, avec peut-être un temps de reta...