chapitre viii

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Le reste de la soirée passa en un éclair. Joy força Félix et Eden à terminer leur dîner et interdit à Porter et Blythe de quitter la table sans avoir mangé quelque chose. Personne ne protesta ; les aventures de la journée avaient affamé tout le monde.

— Je n'arrive pas à croire que Poppy et moi sommes en infériorité numérique, maugréa Joy en voyant la montagne de vaisselle à laver. Vous, les garçons, êtes des dangers pour l'hygiène.

— Je peux aider ! proposa Félix. J'aime faire le ménage.

Joy le fixa d'un air dubitatif.

— C'est la vérité, assura Eden. Il est un peu maniaque sur les bords. Rien ne l'amuse autant que de plier du linge ou dépoussiérer de vieilles étagères.

— Heureusement que l'un d'entre nous trouve un minimum de plaisir à s'occuper de ce genre de tâches, car si on devait compter sur toi on serait bien dans le pétrin, répliqua Félix.

Blythe étouffa un ricanement et Eden le fusilla du regard.

Porter profita du raffut que faisaient Joy et Félix en cuisine pour se faufiler hors de table. Cela n'échappa pas à Blythe, qui l'imita et le rattrapa dans la cage d'escalier menant aux chambres au sous-sol.

— Tu t'enfuis déjà ? lança Blythe.

Porter lui adressa un sourire sincère, mais fatigué. Il se frotta les yeux et laissa retomber sa main avec un soupir.

— C'était tellement évident ?

— Un peu. On sentait que tu n'avais pas envie de rester à table. Mais merci de l'avoir fait. Je me sentais mieux avec toi à mes côtés.

— Tout pour toi, tu le sais bien. Maintenant que cette situation est réglée, je vais aller voir comment vont Poppy et Isaac.

— Tu ne pars pas tout de suite, hein ?

— Non, mais je ne tarderai pas.

— Tu pourrais rester. Pas indéfiniment, précisa Blythe. Juste le temps que tout rentre dans l'ordre.

Blythe était presque prêt à supplier Porter de ne pas l'abandonner, et le livreur le savait. Son expression s'adoucit et il ne put s'empêcher de caresser sa joue. Blythe ferma les yeux et se laissa aller contre sa paume.

— Tu es entre de bonnes mains, répondit Porter. Et puis, je suis curieux à propos de cet étrange Bunker. Je vais essayer de fouiller un peu à New-Hope, de trouver des pistes ou des informations.

— Sois prudent, le supplia Blythe. Ne te mets pas en danger. J'ai un mauvais pressentiment.

— Moi aussi. Mais promis. Je resterai en contact.

— C'est tout ce que je peux te demander, se moqua Blythe.

Porter secoua la tête.

— Tu me ferais presque regretter d'être aussi gentil avec toi.

— Ceci est un mensonge. Tout le monde sait que tu es en réalité une personne attentionnée.

Porter ne discuta pas, car c'était la vérité. Il se détourna, descendit une marche, hésita, puis se tourna vers Blythe. Ses yeux sombres posaient une question que ses lèvres n'osaient pas formuler, et Blythe prit l'initiative de l'embrasser.

C'était un baiser doux et bref, qui se transforma en un deuxième, puis un troisième.

— Merci, chuchota Porter quand ils se séparèrent. Je me suis retenu jusqu'à présent parce qu'avec Eden de retour, je ne savais pas où me mettre.

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