chapitre xxi

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Les étoiles offrirent un spectacle magnifique à Eden et Blythe, mais même leurs charmes argentés ne purent retenir les deux jeunes hommes indéfiniment.

Ils trouvèrent leur chemin à l'intérieur du refuge quelques heures plus tard, à ce moment si particulier de la nuit où tout semblait en suspens, et où les possibilités paraissaient infinies. L'univers leur tendait les bras.

À la place, ils se réfugièrent dans la chambre de Blythe, à l'abri plusieurs mètres sous terre. Un jour, ils saisiraient l'opportunité qu'on leur présentait, mais pas ce soir. Pas après avoir manqué tout perdre. Il leur fallait d'abord se rassurer, se reconstruire, se retrouver.

Et c'est ce qu'ils firent, à la seule lueur de la fenêtre virtuelle de Blythe qui projetait des ombres bleutées sur leur peau à mesure qu'ils se déshabillaient mutuellement. Il n'y avait pas de passion dans leurs gestes, aucune trace de l'empressement qui les avait envahis lors de leur première et – jusqu'à aujourd'hui – dernière nuit ensembles, rien de plus qu'un désir d'être proche de l'autre sans aucune barrière pour les séparer.

Eden était particulièrement fragile, prêt à se briser et à s'effondrer, alors Blythe le manipula avec des gants. Il le toucha délicatement entre les omoplates pour l'inciter à se mettre au lit, et la vision d'Eden allongé sur son matelas, l'expression si ouverte, incapable de dissimuler toutes les émotions qui le traversaient, donna à Blythe l'impression de détenir l'une des sept merveilles antiques. Il ne pouvait pas garder Eden enfermé pour le protéger. Alors il se décida à le vénérer.

L'autre jour, Eden avait pris les devants pour compenser les hésitations et regrets de Blythe. Ce soir, les rôles étaient inversés. Blythe s'assit sur les cuisses d'Eden, ignorant comment elles étaient fortes et muscles sous les siennes, bien plus menues, et plaqua ses bras au lit. Eden se laissa faire, si docile et accommodant. Il se pencha sur lui, leur nez s'effleurant.

— Tu es pris au piège, murmura-t-il. Je t'ai capturé.

— Ne me relâche pas, le supplia Eden.

Jamais.

Eden accueillit son baiser avec une exclamation de désespoir que Blythe avala, désireux de le remplacer par une expression de plaisir, d'affection, plutôt que de déchirement. Quand Blythe rompit le baiser, Eden rejeta la tête en arrière, dévoilant son cou. Blythe saisit l'invitation.

Ses lèvres coururent le long de sa peau, goûtant le sel de ses larmes et ce parfum si caractéristique à Eden, ce mélange de jasmin et d'adoucissant. À chaque pression de sa bouche, Eden frissonnait, allant jusqu'à se tortiller quand Blythe le torturait en mordillant quelques endroits.

Les premiers gémissements résonnèrent quand Blythe partit à la découverte du torse d'Eden. Il s'arrêta au-dessus de la ceinture de son caleçon, souhaitant ne pas dépasser de limites implicites. Cela ne l'empêcha pas d'embrasser tendrement les hanches d'Eden, là où les os tendaient sa peau si douce.

Quand Blythe remonta au niveau d'Eden, il se rendit compte que le jeune homme pleurait. Avec un murmure réconfortant, il chassa ses larmes.

— Je suis si heureux, chuchota Eden. J'ai enfin tout ce dont j'ai rêvé, je suis l'homme le plus chanceux du monde...

Blythe gloussa.

— Tu vas devoir partager ton titre avec moi, le taquina-t-il.

— Que mon titre ?

— Je prendrai tout ce que tu es prêt à me donner.

— Alors prends tout ce que j'ai, car tout t'appartient déjà.

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