The Blood Hourglass

Chapitre 15

Sammaël

L'escalier en colimaçon était imprégné d'humidité et je ne m'en rendis compte qu'après avoir glissé. La magie ancestrale du manoir devenait plus puissante à mesure que j'avançais. Elle glissait sur ma peau et tentait de la percer. Elle s'entrelaçait à mes vaisseaux sanguins et éveillait quelque chose d'étrange au fond de moi.

Je ne me sentais bien qu'auprès de cette magie, elle m'attirait mais comblait le vide qui occupait mon âme. Mes ongles grattèrent contre la pierre. Mes dents grincèrent les unes contre les autres alors que l'odeur acre de la moisissure atteignait mes narines. L'air glacial s'infiltrait sous mes vêtements, mais je ne lâchai pas le mur des doigts. Les ténèbres m'avaient enveloppé, je ne voyais rien et je voulais pas prendre le risque de glisser à nouveau. Un souffle léger sifflait comme un serpent.

Je sentis la magie s'intensifier davantage lorsque mes mains rencontrèrent un panneau de bois. Mes doigts tremblotèrent sous l'assaut d'énergie et je dus prendre un instant pour calmer le sang qui bouillonnait dans mes artères. J'expirai fortement avant de chercher une poignée. Une écharde se planta dans la pulpe de mon doigt et rompit l'épiderme. Une perle de sang salit le bois.
La porte s'ouvrit d'elle-même. J'écarquillai les yeux alors que ma fréquence cardiaque augmentait.

Ma bouche était étonnement sèche et je redoutais de franchir cette porte qui débouchait sur d'épaisses ténèbres. Les contractions de mon coeur me firent mal et ma poitrine se sera davantage lorsqu'un sifflement franchit la porte. Je déglutis avant d'avancer et de franchir le chambranle restant. Je sentis la magie glisser sur ma peau et m'accueillir. Un sourire s'esquissa sur mes lèvres alors que le vide dans ma poitrine se comblait. Une odeur sucrée se dégageait de la pièce, mais à part une obscurité totale, je vis rien.

Pourtant, lorsque j'avançai, une lumière blanchâtre apparut alors qu'une dalle de pierre disparaissait sous mes pieds. Cet éclair illumina une pièce circulaire. Les dalles s'enroulaient autour d'une plateforme. Certaines pierres étaient incrustées de fils d'argent et d'or qui finissaient par rejoindre la plaque centrale. D'étranges rainures incrustaient le marbre et formaient un symbole que je ne parvenais pas à identifier. L'atmosphère me parut s'alourdir alors que la magie se mettait à crépiter. Les vaisseaux de ma peau s'étaient douloureusement contractés et la panique se dilua dans les capillaires sanguins lorsque je remarquai que le sang formait d'étranges symboles sur l'épiderme. Je ne compris qu'après quelques secondes, lorsque les veinules dessinèrent des plumes, qu'il s'agissait d'un oiseau.

Je déglutis, refoulant l'angoisse qui opprimait ma poitrine. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Pourquoi mon corps décidait-il de réagir à la magie de cette pièce ? Je sentais bien que quelque chose clochait, mais je ne parvenais pas à l'identifier. La pulpe de mes doigts effleurèrent l'oiseau et je me demandai bien s'il avait une signification. La peau me parut étrangement chaude, douloureuse et légèrement enflée. J'appuyais sur le symbole et retirai bien vite mes doigts lorsque un crissement se fit entendre.

De la poussière tomba du haut plafond et le sol, tout comme les murs, se mit à vibrer. Je vacillai alors que la plaque centrale en marbre se mettait à briller. Les rainures se remplir d'une couleur rougeâtre et je finis par distinguer le symbole qu'elle formait. Un pentacle, le signe des maudits.
La lumière brilla plus fort et les tremblements s'intensifièrent. Des pointes argentées percèrent du sol et une clepsydre finement ciselée se dessina. Maintenue sur un socle en or, des montants en argent entouraient le verre translucide. Du sang gouttait dans le fin goulot et remplissait la partie basse du sablier.

Mon rêve, ou plutôt mon cauchemar, resurgit instantanément. Tout y était similaire, même le sang qui remplaçait le sable. Mes mains se mirent à trembloter alors que je comprenais ma prémonition. Le sol cessa de vibrer, figeant le tableau.