9. Poussière, mais pas de fée

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Ma sœur était fan de la Fée Clochette. Je crois que je connais tous les films par cœur, puisqu'elle a dû les regarder chacun au moins dix fois. Mais aujourd'hui, je rêve que cette fée existe vraiment pour venir nous aider avec ce salon qui n'en est même pas un. Il faudra qu'on songe à la rebaptiser, d'ailleurs.

Hier, après que le petit homme soit revenu, nous avons entassé ce qu'il avait apporté dans un coin de la pièce avant d'aller manger. Le repas est servi tous les soirs à vingt heures tapantes. Apparemment, c'est le moment pour eux de vérifier si aucun d'entre nous n'a fui. Le réfectoire est au sous-sol, à côté de la piscine, si j'ai bien retenu ce qu'a indiqué Gérôme.

Je m'attendais à trouver des tables et des chaises éparpillées dans une salle aux tons jaunes et froids comme au lycée, mais la réalité était loin de ce que j'imaginais. La pièce s'étendait en longueur, comme interminable. J'ai tout de suite repéré les nombreuses caméras accrochées aux murs, au-dessus des dizaines d'immenses fenêtres donnant sur une plaine plongeant dans l'obscurité.

Je ne m'attendais pas à trouver une vue sur l'extérieur en descendant sous terre. Je ne devais pas être le seul à avoir l'air sceptique, parce qu'un gros homme au sourire bienveillant, qui se présenta comme étant le cuisinier, nous invita à nous asseoir par groupes de chambres et nous expliqua cette spécificité dérangeante :

La Demeure est en fait construite au sommet d'une dune. Du côté de l'entrée, le terrain est plus plat que de ce côté-ci, ce qui crée cet étrange effet. C'est d'ailleurs de ce côté-là que se trouvent les terrains de sport et autres activités. Il nous expliqua que c'est parce que la rivière derrière nous peut déborder à tout moment et que la vallée est bien plus facile à inonder qu'un terrain en pareille inclinaison.

Notre curiosité rassasiée, il nous présenta le menu de ce soir et s'éclipsa. Je jetais un coup d'œil à Cole, assis à ma droite, et lançais un sourire à Peter et Lysandre en face de nous.

Une suite de serveurs s'avança, posant les assiettes une à une sous nos yeux. Un vrai service de château ! Je ne m'attendais pas du tout à ça en arrivant. Il ne manquait plus que les élégants costumes et les monocles pour parfaire le tableau.

Pendant le repas, nous avons continué à parler de la décoration de la pièce et je me suis écroulé sur mon lit en arrivant dans ma chambre. J'ai dû m'endormir rapidement car quand Lysandre m'a réveillé en sursaut ce matin, j'avais encore mes habits de la veille. Il m'a obligé à me changer avant qu'on aille petit-déjeuner.

Le repas du matin est servi de sept à neuf heures, mais Lysandre a jugé qu'il valait mieux qu'on se lève tôt et qu'on mange tous ensemble. « Il faut parfaire notre plan pour la journée en déjeunant, c'est le seul moment où personne ne nous entend parce que nos voix sont couvertes par les autres sons et les bruits de mastication. »

— Parce qu'on nous entend en plus ! m'étais-je écrié.

Apparemment, oui. J'avais, à priori, loupé cette information. Chacun de nos gestes et chacune de nos paroles étaient donc épiés par des centaines de personnes en même temps. Génial. J'aurais peut-être dû lire le Contrat plus attentivement.

Nous avons donc convenu de terminer, ou au moins continuer, le nettoyage et la décoration du salon aujourd'hui à grand renfort de rires et de sourires pour montrer notre bonne entente et nos passions aux spectateurs. Je dois avouer que mes camarades m'ont surpris par leur sens des affaires. Je n'avais clairement pas vu les choses sous cet angle.

C'est donc pour ça que je me retrouve en ce moment même à astiquer les vitres avec Cole en essayant de ne pas mourir étouffé par la saleté, tandis que Peter et Lysandre s'occupent de dépoussiérer les murs.

Le Club des Handsome GuysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant