10. Souriez, vous êtes filmés

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Je regarde Néo, surpris, et baisse la voix.

- Tu as trouvé ça tout seul ?

- Bien sûr. Aux échecs, il faut toujours avoir cinq coups d'avance. C'est ce que je fais.

Je l'observe de profil. Une longue mèche lui tombe devant l'œil gauche. Son œil droit, brun foncé, reflète la lumière du couloir. Il m'interroge à son tour :

- Qu'est-ce que tu fais là ?

- Oh, j'attends les autres gars du groupe. On a nettoyé le salon d'équipe, il y avait une tonne de poussière là-dedans. On était gris de la tête aux pieds. Ils sont en train de se battre pour accéder à la salle de bain.

Néo sourit.

- Et toi, tu as été assez intelligent pour leur griller la place.

- Oui.

Je souris à mon tour et m'appuie un peu plus contre le mur.

- Et toi, tu attends qui ?

- Friedrich. Il essaie d'accorder le piano de notre salle depuis des heures, je m'étonne d'ailleurs que vous ne l'ayez pas entendu hurler. Aurélien et Max sont déjà descendus, ils réservent la place.

Il désigne les escaliers du menton.

- Tu as déjà fait connaissance avec les autres ?

- Non, pas vraiment. Je n'ai pas adressé la parole à grand monde à part toi et les Trèfles. J'ai juste échangé un sourire avec Emery avant l'émission.

Des pas résonnent dans le couloir et se rapprochent de nous. Néo se redresse. Une fois la silhouette assez près, je distingue Friedrich, auquel Néo adresse un sourire avant de se tourner vers moi.

- On a prévu d'aller au Salon commun après le repas. Vous devriez vous joindre à nous, toi et tes coéquipiers. C'est toujours important de connaître ses ennemis avant de les affronter.

Je hoche la tête et leur adresse un signe de la main avant qu'ils ne s'engagent dans les escaliers. Néo a raison, ce jeu est avant tout une compétition et si je veux la remporter, je vais devoir en apprendre plus sur les joueurs qui me font face.

Cole, Peter et Lysandre me rejoignent enfin et nous descendons manger. Nous reprenons les mêmes places qu'hier et je leur expose mes pensées :

- J'ai croisé Néo en vous attendant, il a proposé qu'on se retrouve au Salon commun après le repas. Pour apprendre à connaître nos ennemis. Il ne faut pas oublier que ce jeu est d'abord une compétition, si on veut gagner on va devoir se battre.

- On ? Tu sais, Elias, il n'y aura qu'un seul gagnant.

Je regarde Peter et acquiesce.

- Je sais, mais on nous a placés par équipes pour une bonne raison. Soit on s'entraide pour mettre les autres équipes au tapis, soit on s'entre-tue directement dans le groupe. Je ne sais pas vous, mais je préfère largement la première solution.

Cole s'empresse de me suivre.

- Moi aussi !

Lysandre lui lance un regard en biais.

- Excuse-moi, Cole, mais pourquoi t'es-tu inscrit, au juste ? Je sais bien qu'il y a un joli pactole, etc. mais tu n'as pas vraiment l'air de vouloir te confronter aux autres et leur tenir tête me semble un peu au-dessus de tes capacités, si j'en crois ton altercation avec Jasper.

- Oui, j'en suis conscient. Moi, j'en suis tout à fait incapable. Ce qui n'est pas le cas de mes personnages de romans. Ce genre d'occasion n'arrive qu'une fois dans la vie, je ne pouvais pas la louper. Je ne suis pas là pour gagner, mais pour apprendre. Et puis, je crois que j'ai quand même mes chances. Je ne suis peut-être pas très costaud, mais je suis intelligent, sans vouloir me vanter. J'ai lu assez de livres pour avoir une idée de ce qui peut se passer ou non et comment.

Le Club des Handsome GuysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant