2. À BOUT DE SOUFFLE

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2.

À BOUT DE SOUFFLE

« On ne peut rêver que si on a les pieds sur terre. Plus les racines sont profondes, plus les branches sont porteuses. »

Boris Vian

La soirée vient tous juste de commencer et tout le monde est en tenue de civil, excepté nos supérieurs qui ont gardés leurs tenues militaires. Sans doute pour paraître amplement plus sérieux et respectable.

Moi et mes colocataires décidons de nous éclipser de l'espace de détente pour nous isoler au coin fumeur.

On s'assoit toute les trois sur un petit banc en bois glacé par la température du mois de septembre.

Quelques garçons se sont isolés entre eux et fument leurs cigarettes. On décide de commencer à allumer les nôtres et à laisser nos poumons inhaler l'épaisse fumée de tabac grisâtre.

Un officier que nous n'avions pas encore rencontré jusque-là pousse le petit portillon du coin fumeur pour y entrer accompagnée de deux sergent-chef.

- Les jeunes, voici le Major de votre régiment. L'un des sergent-chef avait pris la parole pour le présenter à nous.

Il est beaucoup plus jeune que ses deux collègues, mais il a pourtant trois grades sur eux, ce qui me porte à croire qu'il a dû commencer en tant que sous-officier et non en militaire du rang. À vue d'oeil, il doit avoir une vingtaine d'années et doit approcher des trente ans. Les cheveux châtains clair court, il laisse apparaître une barbe naissante de quelques jours sous laquelle se cache une longue cicatrice qui est difficilement visible. Son visage est fermé et il ne laisse rien transparaître. Il hoche simplement la tête, tandis que nous le saluons de la main droite.

- Major ou pas, je me le ferais bien. Chuchote Thaïs à nos oreilles.

-Tu vas calmer tes hormones. Noa lui met une claque discrète derrière la nuque.

A vrai dire, je la rejoignais complètement. Un sex-appeal émanait de lui, digne de ses hommes militaire des films américains.

-Je suis plutôt d'accord avec elle. J'esquisse un petit sourire, pendant que Noa me dévisage avec ses yeux arrondis. Quoi ? Demandais-je. Je suis sûr qu'il te ferait changer de bord.

Pendant un cours instant, sa bouche se détache de sa mâchoire et elle me fixe. Elle entrouvrit les lèvres plusieurs fois en essayant de vouloir dire quelques chose, mais Thaïs la devance.

- Tu n'as plus l'air aussi sûr de toi, tout à coup, dit-elle en riant.

- Je suis outrée par ses propos. Elle fit mine d'être choquée. C'est écris « je suis lesbienne » sur mon front ? Finit-elle en pointant celui-ci.

- Non, mais presque.

Inconsciemment, mon regard se dirige vers celui de notre Major, je n'arrive pas à bien distinguer les traits de son visage avec l'obscurité qui prenait de plus en plus le dessus sur les faibles éclairages qui étaient de mauvaise qualité.

Le couvre-feu fut rapidement arrivé et nous étions tous dans nos lits respectifs. À 23 heures pile, toutes les lumières des dortoirs s'éteignaient automatiquement.

Mardi 1 er septembre 2020

Le premier réveil fut assez compliqué pour nous trois. En vitesse, nous nous sommes préparées et avons fait notre lit correctement. Thaïs et moi avions quand même du aider Noa qui avait eu du mal avec sa couverture.

LAISSE MOI T'AIMEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant