6. L'AVERTISSEMENT

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6.

L'AVERTISSEMENT

« On ne guérit jamais de ce qui nous manque, on s'adapte, on se raconte d'autres vérités. On vit avec nous mêmes, avec la nostalgie de la vie »

Margaret Mazzantini

Lundi 7 septembre

Un pouce à bouche comme une enfant de deux ans. Je me mordille nerveusement l'ongle tout en me remémorant la scène de l'infirmerie qui c'était déroulé il y a trois jours.

Je ne sais pas si c'était moi qui me faisais des idées, ou si mon major avait subitement changé de comportement avec moi pour me dévorer des yeux.

Je ne suis vraiment pas du genre à me faire des films sur des hommes que je trouve fabuleusement beau. Mais quand je ressens qu'un regard est plein de sous-entendus, je ne me voile pas la face. Qu'est-ce qu'il pourrait bien me trouver ? Je n'ai rien d'atypique ou de spécial sans vouloir me dénigrer.

Après tout, il faut de tout pour faire un monde et on est forcément l'idéal de quelqu'un. Là, je me perds dans mes propos... Je ne suis pas du tout en train de dire que je suis son idéal, loin de là.

Lou était rentré chez elle durant ce week-end de deux jours et était revenue en pleine forme. Peut-être même plus extravertie, ce qui nous avait surprises moi et les filles qui n'avions pas eu l'habitude de la voir comme ça. Ces jours de repos lui avaient administré une langue et c'était devenu un vrai moulin à paroles. On avait l'impression que ce n'était pas la même personne et que quelqu'un avais pris possession d'elle.

Les instructeurs nous avaient enfin annoncé les groupes qu'ils avaient formés en fonction de nos capacités.

Par manque d'aubaine, je n'avais eu aucune des filles dans mon groupe. Camille et Noa s'étaient retrouvées dans les premières du classement et dans le premier groupe. Moi dans le troisième. Je m'étais donné à fond et mon ego prenant le dessus, je trouvais ça injuste et je m'attendais à être au moins dans le second groupe, mais peu importe. Quant à Thaïs et Lou, elles étaient toute les deux ensembles dans le quatrième et dernier groupe.

J'allais donc me retrouver seule pendant les entraînements sportifs jusqu'aux prochaines épreuves officielles qui allaient se dérouler dans exactement huit semaines.

Le seul point positif à cela, est que je n'aurais personne pour me déconcentrer et je ne relâcherais pas mes efforts. Le seul moyen est de persévérer et de me dépasser.

Une matinée intense de cours qui, s'est déroulé en un manque de rapidité consternant. Avec un silence pesant ne faisant qu'alourdir mon envie de rester improductive et de dormir. Bien-entendu, je ne l'ai pas fait remarquer même si ce fut une rude épreuve. Fini par une après-midi de course d'endurance et de renforcement musculaire.



Assise les fesses posées sur l'herbe fraîche et tondue, je laisse le vent caresser le duvet de mon visage. On sentait la fin d'automne approcher pour laisser place bientôt à un début d'hiver.

Des bavardages féminin que je ne connaissait que trop bien se rapprochèrent de moi.

Je me redresse pour examiner les deux commères Thaïs et Lou qui se donne à coeur joie de papoter et jacasser sur les instructeurs lourds auxquels on avait si gentiment eu droit.

- Les filles, c'est vous qui me faites une mauvaise blague ?

Noa s'avance vers nous tenant dans l'une de ses mains une bouteille de thé au matcha asiatique rempli de poppings à l'intérieur. Un petit rectangle de papier jaune est collé sur le contenant avec une écriture illisible à la distance d'où je suis.

LAISSE MOI T'AIMEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant