12. L'ÉPREUVE DU KÉPI

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12.

L'ÉPREUVE DU KÉPI

« Le coeur de l'homme est comme la mer, il a ses tempêtes, il a ses marées et dans ses profondeurs il a aussi ses perles. »

Vincent Van Gogh

Lundi 2 novembre 2020

Nous sommes arrivés au camp où nous allons débuter notre marche jusqu'à la caserne où se tiendra la cérémonie de remise des képis pour les hommes et tricorne pour les femmes, pour ceux qui seront parvenus à tenir jusqu'au bout.

Il doit être environ 17 h 30 car le soleil commence à peine à se coucher. Nous n'avons aucun moyen de connaître exactement les kilomètres qui resteront au cours de la marche, ni aucune montre pouvant nous indiquer l'heure. Seuls nos supérieurs ont accès à ces informations.

Seulement trois chefs de section sont présents sans compter le major Klein. Il nous annonce chacun à tour de rôle les consignes de sécurité que je n'écoute que d'une oreille.

- Allez en avant ! Hurle le major Klein pour débuter l'épreuve.

Tous munis d'un fusil en bandoulière et en main, une carte d'état-major pour tout repère et d'un gros sac de vingt kilos, qui soit dit en passant fait la moitié de ma taille en terme de grandeur et ne parlons pas de l'épaisseur qui représente deux fois mon corps. On vient à peine de commencer et je sens déjà celui-ci me tirer en arrière. Je serai ravie si je ne finis pas avec une scoliose à l'arrivée.

Je sais que j'ai les capacités de réussir avec les trentaines de différents parcours de randonnées que j'ai pu relever au cours de ma petite existence. Néanmoins, je ne pense pas avoir dépassé les vingt kilomètres de marche pour autant, et encore moins en portant vingt kilos sur mon dos.

Mes pieds trépignaient sur le sol graveleux qui me faisait progresser vers l'avant. Les milliers de petits cailloux n'aidaient pas à l'adhérence au sol avec une aussi grosse charge sur les épaules, je luttai pour garder mon équilibre.

J'avais essayé de compter misérablement les secondes depuis notre départ, mais je m'étais arrêté au nombre 347, soit environ cinq minutes, mais je fus trop désespéré de poursuivre.

Un garçon commençait déjà à se plaindre d'avoir mal aux genoux et de ne pas vouloir continuer plus loin, ce qui avait extrêmement contrarié le major Klein.

- Arrête de te plaindre la fillette, ok ? Il se rapproche de lui. Tu sais combien de kilomètres, on vient de faire ? Seulement 2 kilomètres, alors t'arrête de te plaindre et tu te bouges le cul !

Nous marchons en rang d'une personne à la fois, à une allure plutôt dynamique et sportive, mais tellement épuisante en continue. Je dirais que notre allure varie aux alentours des 7 kilomètres heures, alors en sachant que si on reste sur cette vitesse moyenne, la durée doit équivaloir à approximativement 50 secondes sur une distance de cent mètres. Ce qui fait, que ça doit faire environ 16 minutes que nous marchons. Qui aurait dit que mes études spécialisées me serviraient au sein de l'armée à faire des calculs de distance.

On quitte le chemin de cailloux pour arpenter un chemin de terre au milieu d'une forêt où les petits arbres s'alignent les uns à côtés des autres. Ce sentier doit nous mener tout droit au camp où nous devrons installer les bivouacs et faire une pause avant de reprendre vers notre destination.

Sur le bas-côté, une rivière ruisselle et longe entre les pierres. Elle est à peine visible avec l'obscurité qui nous entoure. Le bruit du courant d'eau, mélangé au vent caressant les feuillages des arbres résonne tout autour de nous.

LAISSE MOI T'AIMEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant