10. RENCARD PRESQUE ANNULÉ

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10.

RENCARD PRESQUE ANNULÉ

« Le bonheur qu'on attend gâche parfois celui qu'on vit. »

Eric E. Smith

Vendredi 16 octobre 2020

J'accède à l'application mobile « Caisse d'Épargne » dessiné d'un logo symbolisant un écureuil blanc sur un fond rouge. J'ai appris il y a quelques années de cela que cet écureuil répond au nom de Didy et qu'il est la mascotte officielle des Caisse d'Épargne. Encore plus étonnant, avant lui, il y avait eu des fourmis, des abeilles, et même des ruches. Son nom et son histoire remontent à peu près aux années 50 si je ne me trompe pas. Le directeur adjoint du bureau central des Caisses D' Épargne avait organisé un concours de comptes et nouvelles ouvert à tous ceux qui revenait des camps allemand, tout comme lui. Le premier prix fut attribué à un certain William Bate pour le compte « Didy et Racassot ». L'histoire raconte qu'un soldat prisonnier avait fait d'un petit écureuil son animal de compagnie. C'est beaucoup plus mignon qu'un rat en tout cas, sans vouloir offenser leurs détenteurs. Mais un jour d'hiver en absence de ravitaillement, les autres prisonniers se mirent en tête d'attraper l'écureuil pour le manger. En s'attaquant au chêne dans lequel le rongeur s'était réfugié, ils y découvrent les noisettes, les fruits et les amandes que la petite bête avait mis de côté pendant des mois. Les prisonniers ont donc eut de quoi survivre pendant quelques jours jusqu'à ce que le ravitaillement arrive. Tout ça pour en conclure que l'écureuil eut la vie sauve grâce à son sens de l'épargne. Magnifique petite histoire, n'est-ce pas ? Et son épargne à l'air d'être beaucoup plus appétissant que sa chair d'écureuil.

Pour en revenir à la situation présente, je me retrouve sur l'application et me mets à taper le code confidentiel pour accéder à mon compte. Une petite fenêtre de chargement s'ouvre avec écrit : « Un instant, s'il vous plaît ». Je regarde le montant restant de mon compte qui équivaut à 2 467, 95 €. Je clique sur « virement » et indique un montant de 1 500 € en ajoutant ma mère en tant que bénéficiaire. Je lui envoie un montant aussi important parce qu'elle a du mal à finir ses fins de mois depuis, encore une fois, le divorce avec mon père. Quand mes grands-parents furent décédés, ils lui ont légué la maison. Nous nous y sommes installés et j'y ai vécu la majorité de mon enfance. Elle a racheté les parts qui revenaient à mon père au divorce. Depuis 11 ans, maintenant, elle ne sait jamais décider à vendre cette maison qui était tout ce qui lui restait de ses parents et de cher à ses yeux matériellement parlants. Les charges du domaine sont tellement élevées qu'elle arrive à peine à les payer. Ayant reçu ma première paye de 1 450 euros nets par mois, je me devais de l'aider. Je sais bien qu'un jour ou l'autre, elle devra se décider à vendre, mais je ne peux pas laisser quelqu'un d'autre qu'elle-même lui arracher la dernière branche à laquelle elle se rattache en cette période difficile. Je n'ai rien à payer en étant ici, nourris et logé, alors pour tout ce qu'elle a fais pour moi en tant que mère, je me sens redevable de l'aider.

Je vérifie l'état actuel de mon compte pour savoir si le virement a bien été effectué et c'est le cas. Il me reste désormais 967, 95 €.

Vrrrrrrr... Vrrrrrrr... Vrrrrr... Vrrrrrr...

Mon téléphone se met à vibrer plusieurs fois entre mes mains, et ne m'y attendant pas, je sursaute de surprise. C'est un appel entrant de « The Bodyguard ». Il doit m'appeler pour prévoir notre « rendez-vous » de demain.

Je décroche en prenant une voix mielleuse : « Allô ».

- Au vin ! Fit la voix rauque et sexy au bout du fil. Non, excuse-moi, c'était une blague nulle. Dit-il en se grattant la gorge.

LAISSE MOI T'AIMEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant