22. REMORDS

19 4 0
                                    


22.

REMORDS

« Chaque parole a une conséquence. Chaque silence aussi. »

Jean-Paul Sartre

Vendredi 25 décembre 2020

Depuis que je lui ai posé la question, à laquelle il n'a pas répondu, il est devenu froid et distant.

J'en déduis que l'hypothèse que ce soit le nom de ses nièces est complètement fausse. Il n'aurait aucun intérêt à dissimuler leurs noms.

Je suis assise sur le canapé du salon et j'attends qu'il finisse de se préparer pour que nous allions diner chez ses parents. Il m'avait brièvement expliqué que leur maison était à l'arrière de la sienne et qu'on pouvait s'y rendre par un simple portillon en bois dans le jardin, afin de ne pas faire un grand détour. C'est donc pour ça que je ne l'avais pas vue arriver par le grand portail électrique.

Des sentiments de remords et de culpabilité ne cesse de me tracasser. J'avais laissé ma mère seule gérer son ex-mari, la maîtresse et son drogué de fils. L'histoire était peut-être partie beaucoup plus loin après mon départ. J'ai été tellement égoïste, elle avait besoin de moi plus que jamais. Je devrais peut-être rentrer. Ma présence ici est beaucoup trop insolite et étrange. Le fait de dîner chez ses parents alors que nous ne sommes même pas un couple et le pire, c'est que j'allais passer le jour de Noël auprès de sa famille et non auprès de la mienne, alors que rien ne nous lie.

Une main chaude se pose sur mon épaule, provoquant de légers spasmes à ma peau et en faisant hérisser mes poils. Je me crispe et me dégage de sa prise.

- Je devrais peut-être rentrer chez moi.

J'évite son regard et me focalise sur mes pieds vernis qui triturer et agripper le tapis, tendu par l'attente de sa réaction.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Quelque chose ne va pas ?

- Bien sûr que quelque chose ne pas. Je me lève en prenant une grande inspiration. Je devrais être avec ma famille à l'heure qu'il est, et non avec la tienne. On ne se connaît même pas. Nous ne sommes rien l'un pour l'autre.

L'appréhension était beaucoup trop pesante, j'ai dû vider mon sac hâtivement et avec frustration. Comme si le fait de l'avoir dit avec un élan de rapidité allait changer quoi que ce soit.

- Tu veux que je te ramène chez toi ? Il arque un de ses sourcils.

- Oui, dis-je gênée.

- Ce n'est qu'un jour parmi tant d'autre, tu sais. Mais si tu as des problèmes, je peux comprendre.

Le problème n'est pas seulement ma famille, mais aussi la relation que nous entretenons sans pouvoir poser de terme précis dessus, ce qui me perturbe énormément.



Il se gare sur un morceau de trottoir à quelques mètres de l'entrée de la maison de ma mère. Le vieux portique portail en métal noir est ouvert comme à son habitude, vue que celui-ci est cassé depuis quelques années et le réparer reviendrais encore plus cher que de le changer, alors il fait office de simple décoration.

- Excuse-moi encore une fois auprès de tes parents. Depuis hier soir, je te fais rater un repas avec eux.

- Ne t'inquiète pas, j'en aurais bien d'autre. Il tapote ses doigts sur son volant en fixant la route.

LAISSE MOI T'AIMEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant