15. RÉVÉLATION

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15.

RÉVÉLATION

« J'aime beaucoup les mots. Il y en a qui font mal, mais il y en a qui soignent, parfois ce sont les mêmes, ça dépend comment on s'en sert. C'est un peu comme quand le poison sert à faire des médicaments. »

Sandra Lasbastie

Lundi 16 novembre 2020

La douchette de cuisine entre les mains, j'arrose les plats crasseux comportant des petits morceaux de nourriture accrochés. Par la suite, je range les vaisselles dans un lave vaisselle énorme, en triant les verres, les tasses, les assiettes, les couverts et les plateaux. Je l'actionne en respectant le dosage prescrit en détergents. Après le lavage, je répète l'action du rangement en fonction du type de contenants, dans la sécheuse.

- Dépêche-toi un peu, on ne vas pas y passer la soirée ! La chef de cuisine s'approche de moi avec les deux mains sur les hanches.

- C'est ma première fois, soyez un peu indulgente avec moi, s'il vous plaît.

- T'as jamais fait la vaisselle chez toi dans ton royaume de petite princesse ? Elle grogne et repart vaquer à ses occupations.

Je ne connaissais cette femme que depuis quelques heures, mais elle commençait déjà à me contrarier fortement avec ses hauts airs et sa façon de prendre de haut les personnes sous sa directive. Vivement que je finisse cette semaine de travaux au plus vite.

Après le séchage, je finis de tout ranger dans le meuble destiné aux vaisselles. Je me dépêche de signer la feuille de présence ainsi que de spécifier l'heure de sortie pour le contrôle des horaires.



Je pousse la porte de la chambre, après être passé au coin fumeur, pour constater que personne n'y est. Noa doit certainement encore être en train de nettoyer les salles de classe, mais Thaïs n'est pas ici. Je vérifie l'heure, qui m'indique 22 h 06.

Ordinairement, Thaïs était toujours là, allongée sur son lit, soit en train de réviser ou de dormir profondément en ne négligeant pas de faire sortir de sa gorge et de ses narines un bruit sonore et régulier, qui est désagréable à entendre.

Je prends la décision de partir vérifier si les filles sont présentes dans la chambre de Camille.

Je cogne quelques coups répétés sur la porte, avant d'accéder à la pièce à l'entente du mot : « Entrer. ». Les personnes recherchées ne sont pas ici. La seule personne présente est la locataire des lieux et elle n'a pas l'air très heureuse de me voir. Des gros morceaux de coton imbibés de sang séché sont insérés à l'intérieur de ses narines.

- Tu vas mieux ? Je viens m'asseoir près d'elle sur son lit.

- Oui, qu'est-ce que tu veux ?

Elle évite froidement mon regard en portant toute son attention sur l'écran de son téléphone.

- Je cherchais les filles, par hasard, tu ne saurais pas où elles sont ?

- J'ai l'air d'avoir un capteur de corps humains à ma disposition ?

Ma mine s'attriste et mon regard s'éteint en devenant morose. J'aimerais être aussi impassible et imperturbable qu'elle. Réussir à ne pas dévoiler mes émotions aux yeux de tous. Pouvoir cacher ma peine, mes larmes, mes chagrins et ma fureur. Elle ne laisse rien transparaître et elle ne trahit aucun de ses sentiments.

LAISSE MOI T'AIMEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant