Et si on s'aimait ?

Chapitre Trente Huit.

Point de vue Chloé.

- J'espère que tu ne le regretteras pas.

- C'est mieux ainsi, je le sens au fond de moi, me révèle Kate.

Jason et Kate se séparent contre toute attente, je savais qu'ils traversaient une grosse crise, et qu'ils mettraient du temps à s'en remettre, mais de là à mettre un terme à leur histoire de façon aussi brutale, je suis comme qui dirait sur le cul. Ils se sont malheureusement mis d'accord pour ne pas garder le bébé, et je me contente d'être à ses côtés en ce triste jour. Elle m'a avoué qu'elle n'en voulait pas, qu'elle ne l'avait jamais aimé, pas même une seule seconde, mais je ne la crois pas du tout. C'est une femme en colère, et j'espère qu'elle fait le bon choix parce qu'elle ne pourra pas le faire revenir.

-Je vais aller vivre chez ma sœur. Mais ne t'en fais pas, on pourra se voir souvent.

- Je m'en suis doutais, soupirais-je tristement.

- Jason a encore son frère, c'est à moi de partir. C'est fou ce que la vie est imprévisible.

- Un peu trop même.

- Merci d'attendre avec moi, dit-elle en prenant ma main dans la sienne. Tu es un ange.

- C'est normal, tu sais qu'il est encore temps de faire marche arrière, ma belle.

- Je n'en veux pas Chloé, ma décision est prise. On ne se remettra plus jamais ensemble avec Jason, il a des sentiments pour cette fille. Il a mis du temps à se l'avouer, mais il a finit par l'admettre devant moi. Je ne me sens pas prête à assumer toutes ces responsabilités et élever un enfant sans un homme. Je ne me sens absolument pas prête. Je me sens horriblement mal de procéder ainsi, mais c'est beaucoup trop pour moi.

Je n'ai aucune idée de ce que j'aurais fait à sa place, mais elle seule peut savoir ce qui est bon pour elle. Cette situation est épuisante, j'ai hâte que tout se remette en place, mais ce n'est qu'une illusion. Kate ne vivra plus à la maison avec moi, tout va changer encore une fois. La vie ne sera plus comme avant, et quelque chose me dit que ce n'est que le début.

Ellipse de quelques heures.

Kate a fait ses bagages cet après-midi, et elle est partie à l'hôtel. Sa soeur va venir la chercher demain pour l'emmener loin d'ici, loin de nous, loin de moi, et loin de tous nos souvenirs. Elle n'a pas versé une seule larme en sortant de l'hôpital, c'était pesant comme ambiance, elle n'a pas dit un seul mot durant tout le trajet et je ne sais pas comment l'interpréter. Kate est une vraie boule d'énergie, une femme pleine de vie qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, la voir ainsi m'a un peu retourné l'estomac. Je lui ai bien sûr préciser de me téléphoner tous les jours sans exception, et de me prévenir en cas de besoin. Quant à Jason, il est resté dans sa chambre toute la journée parce que soyons sincères, toute cette histoire doit sûrement le tourmenter.
Chamboulée, je ne peux pas trouver le sommeil avec tous ces évènements, et pourtant Tom est près de moi. Je crois bien que c'est la première fois que cela arrive en dix ans, c'est plutôt inquiètant. Je fixe le plafond blanc depuis au moins une heure, la fatigue est bien présente, mais mes paupières ne se ferment absolument pas. La faible lumière de la lampe de chevet s'allume dans la chambre, ce qui me fait sursauter, et mon regard se pose de suite sur mon copain qui a la tête tourné vers moi.

- Ça ne va pas ? dit-il en prenant appui sur son bras.

- Si, je pense trop, c'est tout.

- Tu sais, cela arrive tous les jours ce genre de choses, essaie de ne pas trop te prendre la tête.

- Je sais, soufflais-je en lui caressant la joue.

- Ils vont aller mieux tous les deux, et puis si un jour ils doivent se retrouver, ils se retrouveront. Ils sont assez grands bébé, ils ont pris une décision et nous devons la respecter.

Je me redresse pour pouvoir poser mes lèvres sur les siennes, c'est la seule chose dont j'ai besoin. Il a toujours su me calmer, me remonter le moral et me réconforter par de simples mots, et surtout par sa présence. Il a raison sur toute la ligne, mais je suis si surprise par cette séparation que je ne pense pas m'en remettre immédiatement. Je me fais du souci pour ma meilleure amie, j'espère de tout coeur qu'elle ne regrettera pas ses choix.

- Je t'aime.

- Si tu savais à quel point ces mots me font de l'effet lorsque tu me les dis princesse.

- Tu es surtout dingue, riais-je de sa bêtise.

- Dingue de toi, oui.

Vous pouvez le croire ou non, mais il me fait encore rougir après tout ce temps, mes joues viennent de prendre une petite teinte rosée, je le sens parfaitement, et je peux le confirmer lorsque je vois son air moqueur. Je ne me lasse pas de son visage, peu importe l'émotion qui le traverse. Comment peut-on devenir aussi dépendant d'une personne ?

- Je t'en fais aussi à ce que je vois.

Je me blottis contre lui, et cache mon visage rouge tomate dans son cou pour lui éviter une crise de rire.

- Et si nous faisions un petit jeu mon coeur ? On doit se dire des choses inavouables, me propose-t-il.

- Oui, pourquoi pas ! Commence.

Il me serre un peu plus fort dans ses bras en riant légèrement parce qu'il sait très bien que je le laisse toujours commencer, et c'est une chose qui n'a jamais changé depuis toutes ces années.

- D'accord, figure-toi que j'étais fou de toi au collège.

- Figure-toi que moi aussi ! lui avouais-je en m'esclaffant de toutes mes forces.

- Sérieusement ? Je ne me suis rendu compte de rien.

Je prends une de ses mains afin d'entrelacer nos doigts, j'ai sans cesse besoin de son contact. Nous sommes fous de l'un de l'autre depuis si longtemps, c'est à peine croyable de se l'imaginer. Je ne me serais jamais douté de ses sentiments à ce moment-là. Pour moi, il était hors d'atteinte.

- Allez, un autre secret ! le pressais-je, impatiente d'en apprendre davantage.

- J'ai fait ma première fois à treize ans.

- Tu m'avais dit quinze ans lorsque je te l'ai demandé ! Mon dieu, c'est vraiment jeune.

- Oui, et je le regrette. À toi maintenant, dit-il en déposant un baiser sur mon front.

Je réfléchis quelques secondes avant de reprendre la parole. Je n'ai rien d'extraordinaire à lui avouer, il sait déjà tout de ma vie dans les moindres détails. Il me connait en long et en large, ainsi que toutes les parties de mon existence. C'est difficile de trouver autre chose à lui confier.

- Même si je couche avec toi, j'en rêve quand même.

- Je réalise tes fantasmes quand tu veux, me sussure-t-il en palpant mes fesses.

- Tais-toi ! Dis-moi un autre secret.

- J'en ai un de très inavouable.

Son ton est devenu réellement sérieux et implacable, je relève la tête pour le regarder dans les yeux. Sa main vient aussitôt rencontrer ma joue pour la caresser, et son toucher est infiniment doux. J'aime lorsque nous nous regardons sans dire quoi que ce soit, mais cela veut dire que Tom ne joue plus désormais, il a envi de me faire part d'un secret, et il me fait comprendre à sa manière que c'est important.

- C'est quoi ?

- Je viens d'en prendre conscience récemment.

Sa main ne quitte pas mon visage, et il ne cesse aucunement de me fixer avec un regard profond que je ne lui connaissais pas jusqu'à maintenant, et sans prévenir, dans un murmure à peine audible, il me chuchote enfin son incroyable secret.

- J'aurais aimé que ce soit toi qui sois enceinte.