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LES TINTEMENTS DES AIGUILLES DE LA GRANDE horloge agaçaient particulièrement Naomi. Installée dans le salon des Baji, totalement seule, elle regardait la plus grande des aiguilles se déplacer à une vitesse si faible que la jeune fille en perdait patience. Pourquoi le temps était-il si long quand elle s'ennuyait? Et surtout, où était ce Keisuke, supposé être rentré depuis une vingtaine de minutes pour son premier cours avec elle?
Sa mère s'était absentée, faisant purement confiance à la violacée pour la laisser seule le temps que son fils ne rentre chez lui. Mais s'il ne venait pas, Naomi ne savait pas comment elle ferait pour refermer la porte de l'appartement, puisqu'elle n'avait pas les clés. Et la mère de l'adolescent avait clairement expliqué qu'à part la sienne et celle de Keisuke, il n'y avait pas de doublons. Watanabe se retrouvait donc coincée dans le logement, grattant furieusement sur les quelques copies qu'elle avait amené.
Finalement, au bout d'encore cinq minutes d'attentes, le cliquetis de la porte se fit entendre. Naomi attendit que celle-ci s'ouvre entièrement, pour se pencher en arrière et voir si enfin, Baji était là. Mais ce qu'elle vit étonna plus la jeune fille qu'autre chose; l'homme qui était entré ne ressemblait pas du tout à ce qu'elle avait vu en cours. De longs cheveux rebelles relâchés, un regard presque farouche et surtout un visage très fermé, voilà les principaux détails que la violacée remarquait et qui la troublait quelque peu. Ce n'était certainement pas le binoclard abruti qui se dressait devant elle, mais un homme aussi effrayant qu'intriguant.
— Hmm?, fit-il une fois qu'il remarqua la présence de Naomi. Qu'est-ce que tu fous là, toi? — Heu?, répliqua la jeune fille. C'est à moi de poser cette question. T'es dans une propriété privée, mon pote. — Qu'est-ce que tu me racontes? C'est chez moi, ici.
Si Naomi s'était tue, ne sachant que dire, le noiraud lui semblait analyser son interlocutrice du regard. Au bout de quelques secondes, un sourire plutôt fourbe s'esquissa sur ses lèvres, tandis qu'il s'avança un peu plus dans la pièce.
— Eh, attends, t'es la voisine d'en face?, demanda-t-il. Naomi, si je me souviens bien. — Oui c'est ça. Attends... On se connaît? — Ouais, tu m'as aidé en maths la semaine dernière.
Watanabe haussa les sourcils, alors que ses lèvres s'éloignaient l'une de l'autre. Elle comprit qui il était instantanément, mais n'arrivait pas à enregistrer cette information tant elle lui semblait fausse. Baji Keisuke, l'idiot fini aux lunettes carrées, et cet homme s'apparentant à un genre de voyou étaient en fait la même personne? Difficile à croire pour l'adolescente à la chevelure pourpre.
— Désolée, je ne t'avais pas reconnue. — T'inquiète, c'est pareil pour moi, sourit Baji. Je m'attendais pas à voir quelqu'un d'autre que ma mère en fait. — Pourtant, t'es censé savoir que je te fais cours aujourd'hui, non?
