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— BAJI, JE TE JURE QU'ON A L'AIR DES PLUS gros imbéciles sur Terre, là..., soupira Watanabe. — Mais non!, nia celui-ci. Et puis de toute façon, tu dis ça mais t'es bien contente que je te protège de la pluie. — Peut-être, mais marcher comme des dindes c'était pas dans le lot de base.
Depuis une dizaine de minutes, les deux adolescents traversaient les rues, longeaient les habitations et commerces, en direction du quartier résidentiel où ils logeaient. Tel une poule couvant ses œufs, Keisuke empêchait la pluie de tremper Naomi plus qu'elle ne l'était déjà, alors que le mauvais temps finissait par se calmer peu à peu. Seulement, les nuages grisonnants ne promettaient pas qu'il n'y aurait une troisième averse, et étaient même plutôt menaçants à vrai dire.
— Tu veux qu'on s'arrête, sinon?, suggéra Baji. Il y a une petite crêperie pas très loin d'ici où on peut s'installer, on peut aller manger un truc le temps qu'il s'arrête de pleuvoir. — Bonne idée, et puis tu pourras me payer le dessert que tu me dois, ajouta Naomi sur un air moqueur. — Ah ouais, quand il s'agit de ne pas payer tu te souviens de tout, hein. — Je me souviens de tout mieux que toi. Surtout quand il s'agit de travailler, j'ai tort?
Baji sembla rouspéter un peu, mais il ne répliqua pas, ce qui fit sourire l'adolescente à la chevelure prune. Ensemble, ils bifurquèrent à droite, et entrèrent dans un petit quartier commercial où déjà étaient visibles quelques terrasses, dont la plupart des chaises et tables avaient été décalées pour éviter de se retrouver détériorées par la pluie. La boutique qui intéressait le grand noiraud n'était plus très loin; à vrai dire, il s'agissait du premier commerce qu'ils virent. Keisuke, qui avait posé sa veste sur la tête de Naomi, jeta d'abord un coup d'œil à travers la vitre pour voir si elle n'était pas vide, puis poussa la porte en verre; un joli tintement se fit alors entendre dès leur entrée. La plus jeune prit le temps d'admirer un instant la jolie décoration du café, dont la couleur primante était un brun cacao, ainsi que quelques touches de rose ci et là. Les quelques tables dressées étaient parées de nappes à couleur unique rouge, décorées grâce à des napperons de coton faits au crochet, et entourées par des bancs tapissés d'un joli velours couleur chocolat.
Finalement, une serveuse s'approcha des deux collégiens, tout sourire. Elle portait un vieux modèle de robe lui arrivant jusqu'au genoux, également de couleur brune – probablement dans le but de rester dans l'esthétique du petit commerce –, et rendue plus fraîche grâce à une once de tissu blanc, ainsi qu'un tablier de la même couleur. De la même couleur également trônait sur sa tête un couvre-chef en froufrous, retenant une partie de sa longue chevelure rousse et bouclée en arrière. Des lunettes rondes et épaisses reposaient sur son nez en trompette, et mettaient en valeur de jolies iris mordorées.
