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LE MOIS DE NOVEMBRE S'ÉTAIT ÉCOULÉ terriblement vite, selon Naomi. Les fêtes de fin d'année approchaient désormais, et une ambiance hivernale commençait timidement à s'installer sur la ville de Tokyo. Malgré les gelées du matin, et le brouillard omniprésent qui obstruait quelque peu la vue des quelques passants se résolvant à sortir dehors, quelques illuminations de fêtes venaient éclairer chaleureusement ce paysage peu accueillant. Sorties un peu plus tôt par les amoureux de Noël, elles permettaient également aux gens de voir un peu mieux à travers cet amas de vapeur froide ambiant.
En un seul mois, s'étaient déroulées tant de choses dans la vie de Naomi. Enfin, « tant de choses » selon elle. En plus d'avoir créé une forte amitié avec Baji, celui-ci l'avait présentée à un de ses amis du collège, Matsuno Chifuyu. Et étrangement, la violacée n'eut guère de mal à communiquer avec lui, ni à l'apprécier. Il fallait dire que ce garçon avec les cheveux décolorés en blond et ses yeux d'un bleu azur particulièrement apaisant était extrêmement gentil, et savait s'y faire pour mettre à l'aise les gens. Le contraire même de Keisuke qui lui, pouvait vraiment faire peur, si Watanabe devait donner son avis.
Ce jour là, en ce samedi brumeux de mi-décembre, l'adolescente avait décidé de se rendre dans le salon de piercing et tatouages le plus proche afin de se percer les oreilles, sans même avoir demandé l'accord de sa mère. Mais elle en avait envie depuis longtemps et puis, si cela ne lui plaisait pas, les trous finiraient par se reboucher un jour. Elle avait donc demandé conseil à Chifuyu, et ce dernier lui avait finalement proposé de se rendre chez le même perceur chez qui il était allé quelques années plus tôt, assurant que là-bas ils étaient de « vrais pros dans le domaine ».
— T'es toujours sûre de ton coup?, demanda le faux blond une fois que les deux s'étaient installés dans la petite boutique. — Bien sûr!, approuva Naomi dans un petit sourire. J'ai toujours trouvé les gens qui portent des boucles d'oreilles super cools, je veux trop me lancer! — Ça veut dire que je suis cool aussi, techniquement?, en déduit Chifuyu. — Heu...
Watanabe grimaça, et finit par ignorer la question, faisant mine de ne pas avoir entendu les dires du garçon – celui-ci d'ailleurs en fut offusqué. Elle chercha les quelques employés du regard, et admira un instant les tatoueurs créant avec habileté de belles peintures, en se servant pour toile les bras, jambes ou encore dos dénudés de leurs clients.
— Et toi, t'es sûr que tout va bien se passer?, demanda-t-elle. Je ne suis pas très rassurée je t'avoue... — T'inquiète, celle qui s'occupe des piercings connaît très bien son boulot, elle gère, vraiment!, tentait de persuader Chifuyu avec le sourire le plus tendre qui soit. — Miss Watanabe?, fit au même moment une voix légèrement éraillée un peu plus loin dans le salon. C'est à vous.
