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WATANABE N'AVAIT AUCUNE IDÉE DE QUELLE RÉACTION elle devait avoir, alors que le visage qu'elle espérait revoir depuis si longtemps se trouvait enfin devant elle. Elle sentait son cœur s'emballer dans sa poitrine, ses battements cardiaques s'accélérer sans raison et frapper brutalement contre sa cage thoracique. Baji ne semblait pas accorder la moindre importance à ce qui se passait dans la classe, et pourtant Naomi ne pouvait s'empêcher de ressentir une joie immense mêlée à une certaine incompréhension. Car si elle était heureuse de savoir qu'il serait finalement dans sa classe, l'adolescente ne comprenait toujours pas ce qu'il faisait ici.
L'année scolaire avait commencé depuis trois mois maintenant, alors à quel moment est-ce que le faire intégrer une autre classe – ce qui risquerait de lui faire mélanger les méthodes des différents professeurs – allait l'aider à progresser? L'idée lui paraissait si absurde que Naomi ne savait quoi en penser. Il y avait anguille sous roche, selon elle.
— Hum, et bien..., fit le professeur de mathématiques en s'éclaircissant la gorge, quel est ton nom, mon garçon? — Baji Keisuke, répondit le noiraud. — Et bien Baji, tu peux aller t'asseoir au fond, il reste une place. — Même pas en rêve. — ... Pardon?
Plutôt surpris par le refus catégorique du collégien, l'homme esquissa un sourire troublé. Le proviseur décida alors de s'interposer entre eux, et chercher à dissuader le nouvel élève.
— Allons, Baji, ne fais pas de manières– — Je veux être à côté de Naomi, déclara Keisuke, coupant ainsi le directeur. J'irai nulle part ailleurs.
En à peine quelques secondes, tous les regards étaient dirigés vers Naomi. Celle-ci, ne sachant où se mettre, baissa involontairement les yeux en direction de son cahier et fit mine de gribouiller quelques mots. Elle sentait ses joues chauffer suite au profond malaise qui venait resserrer son cœur. Elle savait que ses camarades s'étaient tournés vers elle afin de la juger sans dire le moindre mot. Elle savait ce qu'ils pensaient tous désormais: ils devaient sûrement se demander comment est-ce qu'il la connaissait, qu'est-ce qu'il s'était passé pour qu'il veuille tant être à côté d'elle, qu'est-ce qu'il était arrivé pour que Naomi baisse sa garde et apprécie quelqu'un – car celle-ci avait très bien fait comprendre en début d'année qu'elle ne voulait être amie avec personne. Et si elle en avait eu le courage, la violacée aurait clamé haut et fort qu'ils aillent tous se faire foutre, eux et leur curiosité mal placée.
Au final, les deux adultes se concertèrent ensemble, probablement afin de trouver une solution à ce problème auquel ils ne s'attendaient pas. Le proviseur fut le premier à se retourner et sourit en direction d'un jeune garçon, un brunet qui occupait la place à côté de Watanabe.
