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— ALLEZ NAO', SOUPIRA CHIFUYU, DÉSESPÉRÉ PAR LES bouderies de son amie. Tu vas pas continuer à faire la gueule? Ça fait trois jours, là.
Mais celle-ci ne broncha pas, déclinant la tête sur le côté droit afin de souligner un peu plus son mécontentement. Le faux-blond, qui avait décidé de faire le chemin de la sortie d'école avec elle, haussa un sourcil. Depuis qu'elle avait appris qu'il faisait partie du Toman lui aussi, Naomi était vexée, non pas parce que lui et Baji avaient caché leur activité de racaille, mais parce qu'elle n'aurait jamais pensé que Chifuyu ferait partie d'un des gangs les plus connus de Tokyo. Il fallait avouer qu'avec sa gueule d'ange et son sourire des plus bénins, il n'avait pas le profil d'un bandit, selon la violacée. Autant dire qu'elle était tombée des nues en l'apprenant; même avec son gros cerveau, elle n'arrivait pas à tout deviner.
— C'est plus drôle, Naomi, poursuivit le faux-blond dans un soupir fatigué. C'est pour ça qu'on voulait pas te le dire, tu réagis trop mal quand quelque chose te plaît pas. — J'ai jamais dit que ça me plaisait pas, rétorqua la jeune fille. Je m'en fiche totalement. — Mais tu boudes quand même.
Naomi secoua faiblement la tête, puis remonta les bretelles de son sac à dos sur ses épaules. Elle s'arrêta à un passage piéton que des voitures écrasaient en roulant à une vitesse peu modérée, signalant que la voie n'était pas libre pour les deux adolescents.
— T'as même réussi à fatiguer Baji, ajouta Chifuyu. Enfin... Il est facilement saoulé, mais là– — De quoi? Comment ça?
Watanabe avait aussitôt tourné la tête vers son camarade quand elle avait entendu le nom de « Baji ».
— Il est fâché contre moi?, demanda-t-elle alors que ses sourcils s'arquaient. — Bah, un peu, il a préparé une journée spécialement pour toi, et t'as fini par le laisser seul et pourquoi? Parce que tu apprends que je fais partie d'un gang. T'aurais pas oublié de le remercier, entre-temps?
Une fine moue vint déformer les lippes de l'adolescente. Elle comprenait mieux pourquoi Chifuyu insistait à faire le chemin avec elle; il voulait la persuader de présenter ses excuses – ainsi que des remerciements – à son ami. Et même si son immense fierté lui criait de tenter de retourner la situation en sa faveur, son cœur se resserrait à l'idée de voir son ami le plus proche être en colère contre elle. Un petit soupir franchit la lignée de ses lèvres, alors que Naomi leva la tête, ses prunelles roses scrutant le ciel sans nuages qui s'offrait à eux.
— D'accord, j'irai le voir, faiblit-elle. — ... Attends, c'est tout? T'as cédé si facilement?, fit Chifuyu, tandis que ses paupières se plissaient sous la méfiance. — Bah... Oui. Pourquoi? — Je sais pas, t'es Naomi, Madame J'ai-la-plus-grosse-fierté-du-Japon. C'est super bizarre... — D'accord, plus jamais je reconnaîtrai mes torts, trancha Naomi tout en pinçant ses lèvres, affichant une légère grimace. — Mais non!
