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LES JOURS QUI SUIVIRENT CETTE HEURE DE SOUTIEN ne furent pas aussi désagréables que l'aurait pensé Naomi. Elle qui était persuadée qu'elle éviterait au plus Baji pour éviter une quelconque tentative d'approche de sa part, avait finalement cédé quand celui-ci, accompagné de ses fidèles lunettes, était venu chaque matin lui dire bonjour et entamer une petite conversation avec elle. Et au final, discuter le matin était plus plaisant qu'elle ne le croyait. Watanabe comprenait désormais pourquoi, avant les heures de cours, les adolescents se voyaient et discutaient entre eux. Même si la conversation n'avait pas de réel sens, c'était un moment qui faisait chaud au cœur, et qui donnait l'impression que l'interlocuteur faisait attention à l'autre. Et en cette fin de semaine, l'état d'esprit de Naomi demeurait jovial. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas sentie ainsi.
Une fois avoir hissé son sac à dos sur ses épaules puis replacé correctement les sangles, la jeune fille accéléra le pas en direction de l'adolescent à la chevelure sombre, qui était parti un peu plus rapidement qu'elle. En à peine quelques minutes, elle le rattrapa à un carrefour, où Baji attendait que la voie soit libre pour traverser le passage piéton. Quand il remarqua qu'une silhouette s'était arrêtée à côté de lui, le plus grand dirigea son regard noisette vers l'adolescente à la chevelure violette.
— Je peux faire le chemin du retour avec toi?, demanda celle-ci, brisant ainsi le silence. — Ah ça y est, t'arrêtes de faire la fière? — Je ne faisais pas la fière, je te connaissais pas assez pour vouloir rentrer avec toi, rectifia Naomi. Je te connais un peu plus, maintenant, et discuter avec toi ne me met plus mal à l'aise. — Vas-y, trouve-toi des excuses, taquina Keisuke dans un sourire franc. — C'est pas des excuses!
Alors que l'adolescente croisa les bras sur sa poitrine, Baji éclata de rire, puis, remarquant que la voie était libre, reprit sa marche. Naomi le suivit de près, puisqu'ils habitaient de toute manière dans le même quartier – et plus précisément la même rue. Elle releva le menton vers son camarade, puis d'un mouvement prompt, leva la main avant de s'emparer de ses lunettes.
— Eh, tu fous quoi là?, avait demandé Baji, étonné par ce geste. — T'es trop moche avec, il fallait bien que quelqu'un te les retire, sourit Naomi. — Je vais te frapper. — T'oserais pas frapper une pauvre femme sans défense quand même?!
Un léger soupir d'exaspération quitta les lèvres du noiraud, tandis que son sourire s'agrandit et dévoila ses canines tranchantes. À côté de lui, Watanabe avait décidé d'essayer les fameuses lunettes, et avait passé les branches derrière ses petites oreilles. Elle cligna plusieurs fois des yeux, ne s'habituant guère à la force de convergence des verres.
