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UNE DIZAINE DE JOURS ÉTAIENT PASSÉS ET, depuis cedésastreux dimanche, Keisuke et Naomi ne s'étaient adressés la parole. Au collège, ils s'ignoraient royalement, faisant chacun mine d'être bien trop concentrés pour venir vers l'autre – et ce, même lorsque le professeur n'était entré dans la salle de classe où ils étudiaient. Ils ne mangeaient plus ensemble et, lorsque les cours se terminaient, ne daignaient faire le chemin du retour l'un avec l'autre. Naomi n'était même pas venue lui donner des leçons le dimanche, décrétant être subitement tombée malade à sa mère pour éviter de le confronter. Et la première personne qui était agacé par cette embrouille des plus ennuyeuses, c'était bien Chifuyu.
Il avait beau ne pas être dans leur classe, le faux-blond réussissait tout de même à se faire inclure dans l'histoire sans même le chercher. Il se faisait attirer à gauche et à droite pour des raisons pour le moins futiles, chacun des deux ne cherchant ainsi qu'à embêter l'autre en l'empêchant de discuter avec le jeune garçon. Ce dernier, pour échapper à de telles sollicitations, finissait même par les éviter ou tentait quelques fois de rabibocher les deux adolescents: mais c'était chose plus facile à dire qu'à faire. Jamais il n'avait croisé deux personnes aussi têtues.
Cette fois-ci, Matsuno passait le repas de midi avec Naomi, qui avait à l'origine prévu de rester dans sa salle de classe pour manger le contenu de son bentô. Mais son ami l'avait forcé à sortir de la salle de classe afin qu'elle prenne un bol d'air frais qui, il l'espérait, lui remettrait les idées en places. Assis sur l'un des bancs installés sur le toit du collège où bon nombre d'étudiants se retrouvaient, ils restaient silencieux, alors que la plus jeune des deux se délectait à savourer les délicieux onigiris que sa mère lui avait préparé. Le riz blanc et consistant s'alliait parfaitement à la farce de thon qui avait mariné dans une sauce soja sucrée. Une feuille d'algue séchée enrobait timidement la boulette en forme triangulaire, propageant un arrière-goût salé sur le riz. Elle semblait se régaler de ce mélange, et son ami à la chevelure décolorée se demandait ce que ces onigiris avaient de spécial pour la satisfaire autant.
— Tu m'en passes un?, demanda Chifuyu en désignant de l'index la boîte de métal contenant le bentô de son amie. — T'as quoi à me proposer, en échange?, répliqua la violacée dans une moue réprobatrice. — Tu peux déjà être contente que je sois présent avec toi et m'en récompenser. — T'es fou toi, t'es venu de toi-même me forcer à manger avec toi, t'auras rien du tout.
Afin d'accentuer ses paroles, la jeune fille acheva sa boulette de riz en l'enfournant. Les joues gonflées à cause de la nourriture qu'elle peinait à mâcher, elle offrit cependant un regard persiffleur à Chifuyu, qui en réponse la bouscula gentiment.
— Tu fais quoi après les cours sinon?, demanda-t-il avant de prendre une bouchée de ses ramens encore bien chauds. — GnjhMpf– — Parle pas la bouche pleine, t'es dégueulasse!
