Chapitre 1

61 9 6
                                    

        «Qu'est ce que je fous là ? », se demande Julietta. 

Elle grimace et serre ses sabots contre les froids barreaux de sa cellule de prison. « Une vache en prison, pense-t-elle avec un demi sourire, si c'est pas comique ça ! ». Elle a été capturée hier soir puis emmenée au pénitencier de ''Bab el Arbi'', au fin fond du désert maghrébin. « Tout ça pour un petit diamant...», se dit-elle. En effet, Julietta est accusée d'avoir chouré à la famille la puissante du pays, les Souarad, un diamant d'une valeur de cinq cents millions d'euros et aux pouvoirs mystérieux. La police est venue perquisitionner son box à la ferme de Maout el bakara, a trouvé le ''diamant'', puis a emmené la vache. « Mais comment ont-ils su que c'est moi la voleuse ? Y aurait-il eu des fuites ? », s'interroge la prisonnière. Elle a cependant une petite idée sur la question.

Julietta est une Cowgster, un gang de vaches voleuses de la mafia à pis Sicilienne, s'enrichissant grâce aux pots de vin versés par les nouvelles venues et aux cambriolages. Julietta est la grande patronne du gang. C'est pour finir le mois en beauté qu'elle a décidé de voler le diamant des Souarad, qui est censé changer leur vie. Mais suite à une fausse manœuvre, elle se retrouve en taule. Enfin, pas pour longtemps.

Elle jette un coup d'œil aux alentours, le garde est parti pour sa pause midi. Julietta en profite pour sortir la pioche qu'elle a réussi à dissimuler dans sa cellule. Elle enlève son serre-tête avec des oreilles de Shrek et l'accroche sur son pis pour éviter que ses mamelles ne bougent dans tous les sens, puis se met au travail. Elle donne de puissants coups de pioche contre la paroi en pierre.

Après plusieurs minutes d'effort, un passage assez grand est ouvert dans la roche, par lequel s'échappe un puissant faisceau de lumière saharienne. « À moi la liberté ! », pense la Cowgster avant de filer à l'arabe (ou l'anglaise, comme vous voulez).

La chaleur est étouffante. Julietta s'arrête un instant pour reprendre son souffle. Elle tend l'oreille. Il lui semble entendre un bruit de moteur. Pensant que c'est encore les flics, la vache se met au galop avant d'entendre une voix familière :

- Julietta ! C'est moi !

 La fugitive se tourne, et découvre avec surprise une vache aux cheveux d'un blond vulgaire, du verni à sabot rose bonbon, un nœud papillon à pois sur la queue et du rouge à lèvre grossièrement étalé sur la bouche. C'est sa sœur. Au volant d'un tout-terrain fuchsia flambant neuf. « Encore un...», soupire Julietta en songeant que les dépenses de son écervelée de sœur causerait sa faillite.

- Brigitte ! dit-t-elle en trottant jusqu'à la blondasse, tu es venue !

Sa sœur descend de la voiture pour venir l'embrasser.

- Évidemment que je suis venue, beugle-t-elle, j'allais te faire évader, mais visiblement, tu n'as pas eu besoin de mon aide...

Julietta rit.

- La prochaine fois peut-être.

Brigitte fronce les sourcils.

- J'espère qu'il n'y en aura pas. C'est déjà suffisamment la merde comme ça ! Je ne sais pas si tu es au courant, mais après ton arrestation, les flics ont réussi à démanteler ce qui reste du réseau des Cowgsters ! D'ailleurs, les humains ne parlent que de ça !

Elle lui tend un article de journal, dont le gros titre indique : « Les Cowgsters, punies pour leurs délits. »


Cowgster - Les vaches mafieusesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant