Chapitre 3

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Deux ans plus tôt...


Le club de la Città di Vacche, en Sicile, était bondé. Julietta tenta de se frayer un passage parmi la foule pour rejoindre ses amies. Elle avait fait un effort pour soigner sa tenue aujourd'hui. Elle s'était brossée la queue, décrottée les sabots et avait même mis du rouge à lèvre, emprunté à sa sœur.

- Salut les filles ! dit-elle en prenant place à leur table.

Ses amies émirent des sifflements admiratifs.

- T'es canon ! s'écria Mimi, la vache brune.

- Tu veux nous faire passer pour des laiderons ? renchérit Bianca, la vache rousse.

- Arrêtez, vous allez me faire rougir, dit Julietta.

Elles commandèrent à boire, puis papotèrent en sirotant leur verre.

- Des nouvelles de Brigitte ? s'enquit Camilla.

Julietta soupira.

- Voilà des jours qu'elle reste enfermé chez nous, à parler sur Skype avec un...kangourou.

Les filles se mettent à glousser.

- Un kangourou ? dit Mimi. Elle a perdu la tête ?

- Va savoir, grogne Julietta.

Les rires fusèrent. Julietta, quant à elle, était de plus en plus exaspérée par l'attitude de sa sœur. Après être passée par tous les taureaux de la Città di Vacche, voilà qu'elle décidait de s'attaquer à des animaux plus... exotiques. Et pourquoi pas des humains tant qu'elle y était ? Ils n'étaient pas si inaccessibles que ça, et ils étaient toujours en train de tripoter leurs pis...

Città di Vacche était en réalité une gigantesque ferme dirigée par des humains, délimité par des barrières électrifiées. Pour que les vaches se détendent le soir, ils avaient bâti dans le pré un club-boîte de nuit et pour chaque famille de vache, une petite grange équipée d'un matériel électronique et informatique de haute technologie. La ferme ressemblait donc à une petite ville, d'où le nom de Città di Vacche. Les humains, quant à eux, habitaient dans leur ville à eux, située de l'autre côté des barrières électriques. Là où les vaches ne pouvaient se rendre sous peine de finir en steak haché...

La musique dans le club changea et devint soudain plus entraînante. À ce moment, Antonio le taureau le plus chaud et le plus viril d'Italie fit son entrée. Julietta, qui s'était fait belle spécialement pour lui, tenta de cacher son excitation et commanda un nouveau verre.

- Eh ! s'exclama Mimi. Matez un peu qui vient par là !

- Beau mâle en approche les filles ! dit Bianca.

Camilla se mit à glousser et se repoudra le museau. Julietta, elle, avala difficilement sa salive. Antonio les rejoignit après avoir salué ses amis taureaux.

- Bonsoir mesdemoiselles, dit-il d'une voix grave qui fit vibrer les os de Julietta.

- Salut ! répondirent d'une voix mielleuse Bianca, Mimi et Camilla.

- Je peux vous emprunter Jul une minute ?

Les trois vaches regardèrent Julietta d'un air incrédule et se poussèrent du coude. Le visage empourpré, l'intéressée se leva maladroitement et suivit Antonio dans un coin du club.

- C'est à propos d'hier soir... dit-il.

Julietta se sentit fondre rien qu'en y repensant. Hier, Antonio l'avait raccompagnée jusque chez elle, après qu'ils aient passé la soirée en tête à tête, et l'avait embrassée.

- Oui, je..je vois, bafouilla-t-elle, tu n'étais sans doute pas sérieux, tu..t'amusais c'est tout. C'est compréhensible. Tu es le taureau le plus convoité de la ville et moi...

- La plus merveilleuse vache de la ville.

Julietta devint aussi rouge qu'un piment. Il était sérieux, ne cessait-elle de se dire. Elle tenta de bredouiller :

- Je...

Mais Antonio ne laissa pas le temps à ses lèvres de finir leur phrase... C'était leur deuxième baiser. En deux jours. Julietta n'avait jamais été aussi heureuse.






Cowgster - Les vaches mafieusesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant