Chapitre 3 - La Solitude

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Amélia - 2 mois plus tard.

J'ouvre les yeux, il fait noir. Je ne vois rien... Où est mon mari ?

Des bruits de pas résonnent dans le silence lourd de la maison.

Je panique. Je n'arrive pas à bouger ni à crier.

Qu'est-ce qu'il m'arrive ?

Le bruit se rapproche. J'essaye de nouveau de bouger, mais rien n'y fait.

Trop tard, la porte grince. Je crie, crie... Mais rien ne sort. Je sens mes larmes sur mon visage.

Il va me faire du mal...

Je me réveille en sursaut, et me redresse rapidement dans mon lit en état d'alerte. Il me faut un moment pour reprendre pied dans la réalité et comprendre que je ne suis plus là-bas.

La respiration encore anarchique, je prends une inspiration qui me brûle la gorge en dégageant les cheveux moites de sueur de mon visage. En jetant un œil au réveil, je comprends qu'encore une fois, je me réveille avant l'aube. Je pensais qu'en quittant mon ancienne ville, les cauchemars resteraient dans les ombres d'Alexandria, mais visiblement, ils me poursuivent inlassablement. Cela fait maintenant deux mois que j'ai emménagé au club, et je n'arrive toujours pas à dormir une nuit complète.

Les jambes encore tremblantes, je me dégage de la couette et me rends dans la salle de bain. J'évite le miroir, préférant ne pas m'attarder sur les lourdes cernes qui doivent se creuser sous mes yeux, et me débarrasse de mon pyjama humide pour me glisser sous la douche.

Le jet d'eau chaude détend instantanément mes muscles crispés alors que je ferme les yeux de soulagement.

« Non ! Arrêtez ! Non... »

Je me crispe quand mon cri retentit dans ma tête. D'une impulsion brève, j'attrape le gel douche et me mets à frotter mon corps... jusqu'à ce que le cri s'éteigne enfin.

Plusieurs minutes plus tard, je m'habille avec toujours ce poids dans mon ventre. Les dents serrées, j'ouvre ma fenêtre et saute sur l'escalier de secours pour aspirer ma première fumée de détente de la journée. La flamme du briquet m'illumine d'une douce chaleur alors que j'allume ma cigarette, inspire et rejette ma tête en arrière pour recracher la fumée dans les premières lueurs de l'aube.

Je pense que le plus dur est de ne pas avoir ma meilleure amie près de moi, Laïa. Je sais qu'elle aurait été à mes côtés pour m'aider et me soutenir dans mes recherches, mais je n'ai pas eu la force ni le courage de l'affronter, malgré notre lien solide. Quand j'observe les garçons ensemble, tous nos fous rires et nos moments de complicité me reviennent en mémoire. Je sais très bien que si je lui envoyais un message, elle ne me rejetterait pas. Bien au contraire, elle serait là pour moi et même plus, mais je n'ai aucune envie que Laïa partage mes tourments.

Je soupire de culpabilité, et d'une main hésitante, j'ouvre son dernier message.

« Si tu t'oublies, je serai là pour te rappeler qui tu es. N'oublie pas qu'à deux, nous sommes plus fortes. »

Je suis vraiment une amie de merde.

En ravalant un grognement, je rentre à l'intérieur. La chambre est assez simple, mais amplement suffisante. Un grand lit double occupe les trois quarts de la pièce avec une table de nuit de chaque côté, ainsi qu'une armoire double dans le coin gauche. Le plus pratique pour moi est la salle de bain attenante avec douche à l'italienne. Parfaite pour les réveils nocturnes.

N'ayant aucun espoir de pouvoir me rendormir, je décide de sortir pour rejoindre la cuisine, car j'ai vraiment besoin d'un café. Le bâtiment (ou clubhouse comme ils l'appellent aussi) est immense. Une fois les escaliers descendus, nous arrivons sur un long couloir composé de plusieurs portes et débouchant sur la pièce principale. La porte de droite reste encore un mystère pour moi, mais en face de celle-ci, je sais que se trouve une réserve, et un peu plus loin sur la gauche, une double porte mène à la cuisine.

The Sliders, Tome 1 [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant