— Fear, je te jure que si tu n'arrêtes pas cette moto, je te tue !
Il explose de rire, ce qui me donne envie de l'étrangler encore plus. Je le ferais si je n'avais pas peur de lâcher sa taille et de me retrouver propulsé dans les airs.
— Depuis quand tu m'appelles Fear ? résonne sa voix dans mon casque.
— Depuis que tu te comportes comme tel ! braillé-je. Tu veux nous tuer !
Il rit toujours quand on se gare enfin et, sans attendre, je descends en vitesse de son engin de la mort.
— Je te déteste, déclaré-je en lui lançant un regard noir tout en retirant mon casque.
— Ah bon ? ricane t-il. Pourtant, je me souviens d'un soir derrière le bar... T'avais dit quoi déjà ?
Arh, l'enflure !Il me le rappelle à chaque fois.
— Je retire ! glapie-je d'indignation en me jetant sur lui pour le frapper, alors qu'il explose de rire.
Ma bataille ne dure pas très longtemps, car Liam m'immobilise rapidement avant de m'embrasser, une main me tenant les cheveux. Par pure vengeance, je lui mords la lèvre. Il sursaute et recule la tête pour me dévisager.
— Tu m'as mordu ? me demande-t-il stupéfait.
— Tu m'as embrassé alors que je suis en colère contre toi, réponds-je avec un sourire mutin.
Ses paupières se plissent comme pour me réprimander, mais il n'arrive pas à cacher le début de rictus qui s'appose sur la commissure de ses lèvres.
— C'est bon, ma brune, tu n'allais pas tomber de toute façon, dit-il en me serrant contre lui.
— Et qu'est-ce que tu en sais, hein ? rétorqué-je toujours dans la taquinerie. Tu crois que... Attends, tu fais quoi là ?
Alors que je lui parlais — ou plutôt, l'engueulais —, Liam m'a tourné le dos et m'a recouvert les yeux d'un bandeau. Maintenant privée de la vue, je réalise que je n'ai même pas fait attention à où nous sommes.
Ça m'apprendra à crier pour rien.
— J'ai une surprise pour toi, me souffle t-il à voix basse, alors accroche toi à moi et fais-moi confiance.
Prise de court, ma bouche s'ouvre et se referme.
— Toujours, arrivé-je seulement à répondre.
— Ah bon ? Il y a quelques secondes, je commençais à en douter pourtant, pouffe-t-il.
Même sans ne rien voir, j'arrive à lui assener une tape sur le bras, ce qui me fait sourire.
— Aloooors, c'est quoi ma surprise ? lui demande-je avec euphorie.
— T'étais pas en colère, toi ?
Je lève les yeux au ciel sous le bandeau et le laisse me tirer tout en continuant de nous chamailler.
Cela fait déjà un mois que je suis retournée près de l'homme que j'aime et des gens que je considère comme ma famille. Ce qui est formidable avec Liam, c'est que nous avons renoué avec notre complicité malgré mes difficultés à accepter ce qui s'est passé avec Ghost. Nous consacrons tout notre temps libre à nous redécouvrir et à nous aimer, tout simplement.
Nous marchons quelques minutes avant de tourner à droite puis à gauche. Brusquement, le sol change, ce qui m'interpelle. Des gravillons crissent sous mes chaussures et une odeur d'herbe fraîche me parvient au nez. Mon ouïe, elle ne capte que les bruits environnants, m'informant que nous sommes dans un endroit calme, éloigné de la circulation.
— Où sommes-nous ?
Liam me répond d'un simple baiser appuyé dans les cheveux. Intriguée, je le laisse me guider sans poser plus de question. Un changement s'est opéré entre nous, le temps des taquineries est terminé, ce qui commence à me stresser légèrement. Et d'autant plus quand la chaleur de son corps disparaît.
— Liam ?
Ses mains fraîches encadrent mon visage et ses lèvres se posent délicatement sur les miennes. Je m'accroche à son blouson pour intensifier le baiser, mais il me repousse gentiment avant de défaire le bandeau. Ma respiration se coupe devant la surprise qu'il me prépare.
— Mon Dieu, soufflé-je d'une voix tremblante, Liam, c'est...
Les mots me manquent alors que je suis sur le point de fondre en larmes. La stèle de Hugo et de ma fille a complètement changé et a été refaite à neuf. Maintenant, une photo de Hugo tenant l'échographie du troisième mois apparaît en haut de la stèle. En italique, en dessous de leurs dates, est inscrit : « Pour des êtres braves qui ont été aimés de toute une âme ».
Que j'aime cet homme.
Liam est vraiment un homme appart. Là où certains seraient jaloux du passé de celle qu'ils aiment, lui y voit une force. Il l'accepte et le respecte honnêtement, sans faux semblant.
— J'avais cette idée en tête depuis un moment déjà, mais j'attendais le bon moment, me dit-il en se positionnant à côté de moi en face des stèles, et ce jour est arrivé. Tu es prête, Amélia. Tu t'es ouverte à moi, ce qui fait que ton passé est aussi le mien maintenant. Certes, je ne connaissais pas Hugo, mais pour t'avoir protégé jusqu'à la fin de sa vie et s'être battu pour toi, j'avais le devoir de le remercier. Je voulais leur offrir un bel hommage comme à toi aussi, donc, si tu le veux bien, nous entretiendrons désormais cette pierre ensemble ?
Je n'ai pas les mots pour exprimer combien mon homme est formidable. Les larmes coulent d'elles-mêmes, mais cette fois-ci, ce sont des larmes de bonheur. L'hommage qui leur offre est sublime. Au-delà de l'aspect physique, le geste surpasse mes attentes et tout ce que j'aurais pu imaginer, et je ne sais comment le remercier pour ce si beau cadeau.
— Tu es irréel, Liam, m'exprimé-je avec émotion.
Emue et reconnaissante, je le regarde droit dans les yeux et la lumière qui brille dans les siens, m'indique la marche à suivre.
— Je te présente ? lui demandé-je en lui tendant la main.
Il hoche solennellement la tête et c'est comme ça que pendant une bonne heure, je fusionne mon passé, mon présent et mon futur.
Hugo a été l'homme qui m'a fait connaitre l'amour.
Liam est celui qui fera perdurer cet amour jusqu'à la fin de ma vie.
FIN
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The Sliders, Tome 1 [TERMINÉE]
RomanceAmélia s'enfonce dans sa peine depuis ce qu'elle a vécu. À la recherche de sécurité, elle rejoint son frère, membre influent du club de motards « The Sliders ». Ce qu'elle n'imaginait pas, c'est que son désir de vengeance serait troublé par de nouve...