The Sliders, Tome 1 [TERMINÉE]

Chapitre 14 - Un mauvais pressentiment

Fear

Je m'éveille lentement et ma première vision est somptueuse.

Amélia.

J'aimerais me réveiller tous les matins avec cette beauté dans mon lit. Durant la nuit, j'ai repensé à l'attitude qu'elle a eue hier soir. Son comportement quand Speeder a voulu se présenter était vraiment inhabituel. J'ai eu beau retourner le problème dans tous les sens, je n'ai trouvé aucune explication plausible.

Je me lève en enfilant mes habits le plus silencieusement possible et me rends à la fenêtre pour observer le temps d'aujourd'hui. La brume matinale reflète mon pressentiment dominant.

Quelque chose cloche.

En réalité, je ne sens pas du tout ce voyage. D'ordinaire, les runs sont un moyen de m'évader et d'extérioriser mon côté sombre. Pourtant, cette fois, je n'ai aucune envie de partir, c'est une première. Je souffle et me tourne vers ma brune qui dort pleinement.

Les traits détendus, ses cheveux étalés sur les oreillers... j'aime la voir ainsi. Plus concrètement, j'aime la voir si à l'aise dans mon lit.

Je m'approche à pas lent et m'assieds près d'elle. Une odeur d'agrume me parvient et j'espère qu'elle restera imprégnée sur la literie jusqu'à mon retour. Instantanément, Amélia se recroqueville contre moi, et j'en profite pour dégager quelques mèches de cheveux de son visage. Je l'entends soupirer de bien-être, me tirant un sourire en coin.

La voir si paisible me ravis. Je ne supporterais pas de voir, à nouveau, du chagrin et de la peur dans ses yeux. Malgré moi, des pensées sombres font irruption dans ma tête.

S'il lui arrive quoi que ce soit, je mets la ville à sang.

J'inspire profondément, essayant d'enlever ce poids qui me comprime la cage thoracique, sans y parvenir. Précautionneux, je la repositionne délicatement sur les oreillers et la contemple une dernière fois.

— Fais attention à toi aussi, je lui murmure dans un souffle.

Un besoin viscéral me pousse à déposer un délicat baiser à la commissure de ses lèvres. Quand je me redresse, j'apprécie le fait qu'elle dort toujours et que je ne l'ai pas réveillée avec mes manières de rustre.

En refermant la porte derrière moi, je me dis que peut-être cette séparation nous sera bénéfique. Du moins, j'essaie de m'en convaincre.

*****

Mon humeur est toujours aussi médiocre quand mon marteau cogne contre le bois, annonçant la fin de la réunion. Nous avons revu point par point le trajet qui est assez complexe, ainsi que tout le déroulement du voyage.

Chaque frère sort de la salle pour aller se préparer au départ, mais mon attention est fixée sur Speeder qui discute joyeusement avec un de ses frères du Kansas. Le souvenir d'Amélia apeurée, partiellement cachée derrière moi à cause de lui, ne me quitte pas et je préfère régler ça dès maintenant, plutôt que de partir en run la tête à l'envers.

Sans qu'il ne me voie venir, je me place près de la porte alors qu'il s'y dirige. Lorsqu'il passe devant moi, je l'attrape brutalement et l'envoie cogner le mur derrière moi, en le maintenant avec mon avant-bras sur sa gorge. Pris au dépourvu, ses yeux s'écarquillent d'incompréhension alors qu'il tente de retrouver de l'air.

— Ça sera ton seul avertissement, Speeder, je l'avertis, on va parler, et je te préviens, tu as intérêt à me dire la vérité, sinon c'est mon pied qui remplacera mon bras. Cligne des yeux si tu as compris.