The Sliders, Tome 1 [TERMINÉE]

Chapitre 31 - La descente

Amélia

— Je suis désolée, reniflé-je les joues inondées de larmes. Désolée d'être encore en vie et d'avoir cru que je pouvais avoir un après. Je suis désolée d'avoir pensé devoir remplir une mission de vengeance pour, au final... avoir les mains aussi sales que lui.

Un hoquet me coupe et je dois prendre une inspiration saccadée pour reprendre.

— Dans tous les cas, il a gagné, je murmure. Et j'ai... j'ai tout perdu.

En prenant une profonde respiration, je laisse ma tête basculer en arrière, levant les yeux vers le ciel où le vent me caresse le visage. Les nuages s'étirent en arrière-plan, menaçant d'une tempête imminente. Les rafales hésitantes emportent les feuilles mortes sous le soleil levant, qui viennent recouvrir les milliers de tombes parsemées dans le cimetière.

Le cœur devenant plus lourd au fil des secondes, j'essuie mes joues de mon avant bras, et c'est les épaules écrasées par le poids de mes actes, que je décide d'aller m'assoir sur le banc à proximité.

J'ai d'abord voulu aller voir Laïa, mais je suis tombée sur une porte close sans moyen de la joindre. Heureusement qu'elle laisse toujours une clef de secours dans une cachette du bâtiment. J'ai pu prendre une douche et changer mes vêtements, mais le lourd silence de l'appartement accablait encore plus mes pensées. Je suis donc partie marcher. Et, inconsciemment, je me suis retrouvée ici.

Je pensais que parler avec Hugo et Angèle pourrait apaiser mes tourments, mais au fur et à mesure que les mots s'échappaient de mes lèvres sans que je puisse les retenir, le poids de leur absence s'est ajouté à mes tourments.

Ils me manquent tellement...

Que vais-je faire désormais ? J'ai été tellement butée sur mon objectif, sur ma vengeance, que je me retrouve complètement seule et sans domicile, l'âme meurtrie.

— Salut ma petite...

Je n'ai pas fait attention qu'une personne s'était assise à côté de moi, mais je reconnais immédiatement l'odeur caractéristique du cuir ainsi que cette voix rauque. Mon dos s'abat d'épuisement alors que je plonge mon visage entre mes mains. Ma sentence va tomber et je n'ai absolument plus de force pour lutter. La seule chose dont je suis reconnaissante est que le cimetière est vide à cette heure précoce de la matinée.

Qu'ils fassent ce qu'ils veulent de moi, c'est certainement ma destinée finalement.

J'entends Will prendre une profonde inspiration.

— Tu n'avais pas le choix, j'espère que tu le sais.

Dans tous les cas, je suis devenue comme lui...

— En réalité, tout ce qui s'est passé est de ma faute... Et merde ! peste-t-il avant de continuer une octave plus basse. Tu n'as pas fait ce que tu as fait par plaisir, petite. Tu n'es pas comme lui.

— Bien sûr que si ! je le coupe en me redressant vivement. J'avais l'intention de le tuer !

Ses yeux noirs ancrés dans les miens, Will me dévisage avec un froncement de sourcil.

— En es-tu sûre ? me demande t-il en penchant la tête sur le côté. Est-ce qu'au plus profond de toi, tu avais envie de le tuer ?

...

Dans tous les cas, je voulais le faire souffrir comme il nous a fait souffrir.

— C'était une ordure, même si c'était mon neveu, souffle-t-il alors que je réfléchis toujours à une réponse qui traduirait mes pensées embrouillées. J'ai essayé de faire de mon mieux avec lui. Je lui ai donné tout ce dont il avait besoin, je lui ai appris tout ce que je savais et j'me suis fait entuber. Je suis désolé, Amélia.