Amélia
Une douleur affreuse envahissant mon crâne me fait reprendre mes esprits. Et cette odeur... Même avec les mois écoulés, je la reconnais de suite.
Quel connard !
J'entrouvre mes yeux et j'ai besoin de ciller des paupières pour stabiliser ma vision. La pénombre m'accueille, donnant une ambiance d'autant plus sinistre à ma situation. Malgré cela, j'arrive à distinguer une masse ressemblant à une silhouette allongée en face de moi. Peu à peu, ma vue me revient correctement et ma respiration se coupe sous l'abomination de l'image qui m'attendait.
Je glapie et bat frénétiquement des pieds qui glissent sur le parquet dans mon empressement pour m'éloigner du corps gisant sans vie. Mon dos bute contre une surface dure alors que je fixe avec horreur les yeux de Kelly vides de vie, qui gît dans son sang, un trou au niveau du front. Ma respiration est laborieuse et mon corps entier tremble.
— Enfin réveillée, Princesse ?
Je sursaute vivement en reconnaissant sa voix et tourne immédiatement mon regard dans sa direction. La peur me tord les entrailles alors qu'il avance lentement, s'immobilisant finalement dans un faisceau de lumière lunaire traversant les fenêtres. Ainsi, je peux enfin visualiser parfaitement le visage de mon tortionnaire. Un visage rond doté d'une peau grasse et toujours ses éternels cheveux longs filasses. Ses yeux aussi noirs que le néant me fixent d'une intensité perverse qui me rebute et me replonge plusieurs mois en arrière.
— Toujours aussi belle, me dit-il en dévoilant un sourire salace. Sais-tu ce que j'ai dû faire pour te retrouver après tout ce temps ? Tu m'as vraiment donné du fil à retordre, mais c'est comme ça que je t'aime.
Mes lèvres s'entrouvrent sans qu'aucun son n'en filtre. Je ne comprends rien à ce qui se passe. J'ai comme la sensation que mon cerveau est dans une sorte de torpeur, me figeant sur le sol, mes yeux alternant entre lui et Kelly.
— Elle m'a vraiment bien aidé, cette petite conne, reprend-il en s'approchant du corps. Je devrais postuler aux Oscars, d'ailleurs ! Elle pensait réellement que j'étais attaché à elle, cette salope.
Alors que son pas, pourtant lent, résonne à mon oreille, j'essaie de reculer à nouveau, mais je suis toujours bloquée par quelque chose dans mon dos. Je retiens mon souffle alors qu'il s'accroupit à ses côtés et porte son index au niveau de son front.
— Pan ! crie-t-il avant d'éclater de rire.
Mon cœur s'arrête temporairement avant de repartir de plus belle, et un gémissement, ,indépendant de ma volonté, file entre mes lèvres quand ses yeux se tournent vers moi.
— Une seule balle en un seul tir, m'explique t-il en souriant. J'ai quand même bien ri.
Toujours à court de mots, je suis complètement abasourdi par son attitude détachée face à la gravité de ses actes. Je crains d'avoir surestimé mes capacités face à ce... à ce monstre.
En s'appuyant d'une main sur le tapis, il se relève en ricanant toujours. Je prends une profonde inspiration pour tenter de soulager le poids qui m'écrase la poitrine et en profite pour faire un point sur la situation. D'un discret coup d'œil, j'explore du regard ce qui m'entoure et un froid polaire recouvre mon épiderme. Je connais cette maison, car j'en ai choisi chaque meuble à l'époque. Ma vision devient trouble, les larmes envahissent mes yeux tandis que je reconnais parfaitement la décoration victorienne que nous avions façonnée au fil des années avec Hugo.
— Eh oui, comme tu peux le voir, nous sommes de retour chez nous, se réjouit mon bourreau en écartant les bras. Je suis ton acheteur. J'espère que tu es heureuse ? Nous allons enfin pouvoir vivre ensemble comme cela était prévu. Et plus personne ne se mettra sur notre chemin.
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The Sliders, Tome 1 [TERMINÉE]
RomanceAmélia s'enfonce dans sa peine depuis ce qu'elle a vécu. À la recherche de sécurité, elle rejoint son frère, membre influent du club de motards « The Sliders ». Ce qu'elle n'imaginait pas, c'est que son désir de vengeance serait troublé par de nouve...